Malgré la crise économique liée à la crise sanitaire du coronavirus, le nombre de dossiers de surendettement a baissé de 17 % en Corse en 2020. Si cet indicateur paraît rassurant, rien ne préserve l'île d'effets différés en 2021.
Le préfet de Corse, Pascal Lelarge, le concède lui-même, 2020 est une "année atypique". Et le taux de surendettement peut tout particulièrement l'illustrer.
Ainsi, malgré la crise économique induite par la crise sanitaire du coronavirus, l'île a enregistré une baisse de dépôt des dossiers de surendettement de 17 %. Cette dernière s'établit à 24 % au niveau national.
En tout, 427 dossiers ont été déposés en 2020 dans l'île. "Le nombre de dossiers déposés en Corse est un des plus bas de France. Le dispositif, couplé aux évolutions législatives, a trouvé son équilibre. Cette année, la commission de surendettement a permis l'effacement de 8 millions d'euros de dettes", se félicite Pascal Lelarge.
Une baisse qui s'affiche aussi sur les réitérations de demandes, -36 %. "Certains dossiers revenaient parce qu'on ne proposait que des solutions temporaires, actuellement dans 80 % des cas des solutions pérennes sont trouvées", précise Jean-Charles Sananes, directeur régional de la Banque de France.
Une baisse en trompe-l'œil ?
Ces chiffres peuvent, selon le préfet de Corse et le directeur régional de la Banque de France, s'expliquer par deux facteurs.
Pour faire face, au mieux, à la crise économique que traverse actuellement le pays, l'État a déployé un important dispositif d'aides à destination des entreprises et des salariés comme le chômage partiel. "Cela a évité beaucoup de situations qui auraient pu se traduire par du surendettement du fait de la perte de l'emploi. En plus, il y a eu beaucoup moins de consommation durant les périodes de confinement, donc par la force des choses les gens ont épargné et n'ont pas consommé. Par conséquent, il y a eu moins de dégradation de situation de surendettement", assure Jean-Charles Sananes.
En Corse, s'ajoute également une composante sociologique. "C'est plus difficile de se déclarer devant une commission de surendettement et d'essayer de se débrouiller avec les personnes autour de soi. Donc il peut y avoir ce retard à venir chercher l'aide de la commission, ce qui est dommage", analyse le directeur régional de la Banque de France. "Rapporté à la population, la Corse dépose aussi moins de dossiers. Ça tient beaucoup à des aspects culturels. Il y a certainement une question de représentation sociale et comportementale et puis les solidarités", complète Pascal Lelarge.
Une dégradation de la situation en 2021 ?
Malgré une baisse constante du nombre de ménages surendettés ces cinq dernières années, rien ne préserve l'île d'une augmentation en 2021.
La crise du coronavirus pourrait, par exemple avoir des effets différés notamment liés à "l'arrêt progressif des aides et un retour à des situations compliquées", estime Jean-Charles Sananes.
En 2020, en France, moins de 109.000 dossiers de surendettement ont été déposés cette année. Moins de 60.000 d'entre eux concernaient une première demande, soit le niveau le plus faible depuis le milieu des années 1990.