Lors de sa venue en Corse, Emmanuel Macron a annoncé vouloir mieux adapter les lois montagne et littorale pour simplifier les réglementations en matière d’urbanisme. L’association environnementale U Levante, s’y oppose fermement.
La montagne dans la mer, un avantage au niveau esthétique, mais parfois une contrainte au niveau urbanistique. 69 communes de Corse sont soumises à la fois à la loi littoral et à la loi montagne. Lors de son discours à Bastia mercredi 7 février Emmanuel Macron a dit vouloir mettre fin à des « situations ubuesques ». Le chef de l’Etat a ainsi promis « la possibilité d’adapter ces réglementations pour qu’elles soient plus intelligentes » et faciliter la construction.
Vendredi, il justifiait cette annonce via Facebook, publiant son entretien avec la maire de Piana, Pascaline Castellani:
La maire de Piana expliquait, en novembre dernier, à Emmanuel Macron, les difficultés qu'elle rencontrait en matière de construction et d'urbanisme. Sa commune étant soumise aux deux lois littoral et montagne, Pascaline Castellani doit appliquer la loi littoral -plus restrictive-, même en zone montagneuse.
Aujourd'hui, l'élue se réjouit d'avoir été entendue par le président : « [M . Macron] a dit qu’il il fallait que la loi littoral permette de la constructibilité et c’est ce que l’on demande, sans pour autant qu’on puisse construire dans les sites remarquables », précise Pascaline Castellani.
Vers un enchevêtrement des réglementations ?
En réaction, U Levante a publié une lettre ouverte au président, lui demandant de laisser la réglementation en l’état. L’association environnementale craint que l’adaptation de ces réglementations s’oriente vers une urbanisation folle, au détriment des terres agricoles et des espaces remarquables. Pour l'avocat d'U Levante, Benoist Busson, il s'agirait d'abord d'appliquer pleinement ces deux lois.
Quelle mouche a piqué Macron de parler de Piana au sujet de la loi littoral? Le problème n° 1 est la non application de la loi en Corse, par le chevauchement loi montagne / loi littoral !#MacronEnCorse
— Benoist_BUSSON (@BenoistBUSSON) 7 février 2018
Autre inquiétude du côté de l’agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse (AUE): en plus des loi littoral et montagne, les communes sont soumises au PADDUC, le plan d’aménagement et de développement durable de la Corse. Reste à savoir si le PADDUC restera compatible ou non avec les lois littoral et montagne si ces dernières sont modifiées. « S’il s’agit de remettre en cause tout le dispositif, à ce moment-là nous y serions fondamentalement opposés » assure Jean Biancucci, président de l’AUE.
Une fois la modification des réglementations actées par le gouvernement, l’assemblée de Corse devra donner son avis par une délibération, mais celle-ci sera simplement consultative.