Enseignement des langues régionales : le Sénat retoque Blanquer

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Le Sénat est pour généralisation de l'"exception corse" à toute la France, comme le demande le projet de loi sur la protection et la promotion des langues régionales. Une mesure contestée par le ministre de l'Education nationale. Le sénateur Paulu Santu Parigi a fustigé "la férule jacobine". 

La proposition de loi du député Paul Molac, du groupe Libertés et territoires, avait été contestée sur plusieurs points par Jean-Michel Blanquer lors de son passage devant l'Assemblée nationale. Elle a été adoptée par le Sénat.

L'"exception corse" généralisée ?

Le ministre de l'Education nationale, qui affirme régulièrement être "en faveur des langues régionales" avait remis en question deux points de la proposition de loi :

  • la généralisation à l'ensemble du pays de l'"exception corse", à savoir l'enseignement de la langue régionale sur le quota des horaires normaux d'une classe. 
  • l'obligation pour une commune qui ne dispose pas d'une école bilingue d'aider financièrement la commune qui reçoit les élèves qui souhaitent en bénéficier. 

Les sénateurs, lors de l'examen de la proposition de loi, le jeudi 10 décembre, ont rétabli les deux mesurées contestées au palais Bourbon.

Paulu Santu Parigi, élu sénateur de Haute-Corse en septembre dernier, a pris la parole à cette occasion, pour vanter cette proposition de loi, "vidée de sa substance par la majorité à l’Assemblée nationale, confortée par un Gouvernement encore hanté par le fantôme de l’idéologie monolinguiste, par un Etat qui ânonne l’importance de soutenir les langues régionales tout en réduisant les moyens en leur faveur."

5 millions de locuteurs

A en croire le ministère de l'Education nationale, à la tête duquel se trouve Jean-Michel Blanquer, il existe en France cinq millions de locuteurs qui parlent alsacien, corse, occitan, basque, créole...

Mais leur pratique va en s'amenuisant dans les rues, et elles nécessitent un enseignement scolaire pour continuer de vivre. Ce que le ministère promet de soutenir, même si la dernière mesure prise par Jean-Michel Blanquer a été de baisser les coefficients des langues régionales lors de la réforme du bac, diminuant d'autant leur attractivité. 

Au micro, Paulu Santu Parigi a interpellé le ministre : "vous ne duperez personne, les déclarations et les vœux pieux ne feront pas revivre nos langues reconnues si tardivement par la République française. L’urgence à agir pour leur enseignement et leur promotion doit répondre au talent que l’on a pris, en France, à les éradiquer."

Le sénateur a conclu, avec une certaine virulence : "sur les bancs de cette Assemblée, c’est notre patrimoine vivant qui s’exprime aujourd’hui, le passé et l’avenir de nos langues que nous ne laisserons pas mourir sous la férule jacobine. "

Reste désormais à attendre de savoir ce qu'il restera du texte, remanié, une fois qu'il sera passé au crible, de nouveau, par les députés, selon le processus habituel d'examen d'une proposition de loi...

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