Faut-il laisser tourner la climatisation en permanence ou l'allumer et l'éteindre ? À quel degré vaut-il mieux la régler ? Combien coûte son utilisation ?

En Corse, près d'un ménage sur deux est équipé d'un système de climatisation. Des climatiseurs bien pratiques par temps de forte chaleur, mais qui peuvent faire gonfler considérablement la facture d'électricité. Plusieurs recommandations permettent néanmoins de limiter les coûts.

Les journées généreusement ensoleillées, les glaces à la plage, les apéritifs en terrasse... Et la chaleur. Si la saison estivale apporte bien des avantages, les fortes températures qui l'accompagnent peuvent être parfois difficiles à supporter.

Pour rester au frais chez elle, Julia a sa solution : la climatisation. "J'ai deux climatiseurs : un dans mon salon, et un autre dans ma chambre. Je les ai tous les deux mis à 22 degrés dès qu'il a commencé à faire un peu trop chaud, et depuis, je n'y touche plus", indique cette Bastiaise.

Efficaces - voire quasi salutaires par épisodes caniculaires -, les climatiseurs séduisent depuis de plus en plus de Français. En 2021, ils étaient selon une enquête Coda Stratégie, 26 % à en être équipés contre 14 % en 2016. En 2020, ce sont même plus de 800.000 unités qui ont été vendues, relève l'Agence de la transition écologique (Ademe), quand ce chiffre se stabilisait auparavant à autour de 350.000 par an.

Avec néanmoins des disparités territoriales et socioprofessionnelles : sans surprise, les climatiseurs sont particulièrement plébiscités par les personnes aisées, et celles qui vivent dans les régions les plus chaudes. En Corse et dans le Sud-Est, c'est presque un ménage sur deux qui en est équipé (47 %), contre 11 % en Bretagne.

Toujours selon l'agence de la transition écologique, un climatiseur consomme en moyenne 304 kWh d'électricité par an. Dans le Sud-Est de la France, cette consommation est plutôt estimée à 482 kWh par an, soit 182 kWh supplémentaires.

Mieux vaut éteindre et rallumer que laisser tourner

Reste que la climatisation, aussi pratique soit-elle, pèse lourd sur les factures d'électricité. Et encore plus si, comme Julia, on choisit de la laisser tourner en continu, même lorsqu'on en est absent. "C'est ce qu'on m'a toujours dit de faire, se défend la jeune femme. Qu'il vaut mieux ça plutôt que l'éteindre et la rallumer, ce qui dépense au final plus d'énergie."

Une mauvaise information, selon Mario Capai, responsable communication au sein d'EDF SEI Corse. "À moins de parler d'un système de climatisation centralisé, comme dans un immeuble, qui concerne tous les appartements et donc beaucoup d'appareils différents, le fait de rallumer son climatiseur tous les jours ne dépense pas plus d'énergie que le laisser tourner toute la journée. Au contraire."

"C'est encore plus vrai dans le cas des passoires thermiques, c’est-à-dire les appartements mal isolés, continue-t-il, pour lesquels on va avoir une clim encore plus énergivore pour un rendu finalement peu efficace. Si on souhaite trouver son appartement ou sa maison à température fraîche en rentrant chez soi, on peut programmer son climatiseur pour qu'il se déclenche une demi-heure ou un quart d'heure avant notre arrivée, et qu'il ait donc eu le temps de rafraîchir la pièce, mais pas plus longtemps."

Comment expliquer, alors, que cette idée soit si répandue ? La raison se trouve peut-être dans les appareils plus anciens, dont "le système de transformation du chaud vers le froid était beaucoup plus lent et donc dépensait beaucoup plus à la mise en marche, ce qui pouvait inciter à le laisser tourner à plus petit volume en son absence puis plus fortement quand on était présent", analyse Mario Capai.

Mais cette problématique n'a plus lieu d'être aujourd'hui, reprend-il, avec des équipements modernes plus performants et qui agissent "quasi instantanément" et donc bien moins énergivores au démarrage.

63 centimes l'heure de climatisation

Combien peut-on s'attendre à payer quand on allume son climatiseur ? Sur son site internet, EDF détaille le calcul du prix d'une heure d'utilisation, basé sur une formule : puissance en watts x une heure par jour x un jour/1000.

Pour un appareil d'une puissance de 2500 watts, une heure représente donc 2,5 kWh. Considérant qu'en juillet 2024, au tarif réglementé de l'électricité et en option base, le prix du kWh est de 0,2516 euro, une heure de climatisation avec un appareil de 2500 watts coûte en moyenne 63 centimes.

À raison de 3h par jour pendant 50 jours - soit le temps d'un été -, ce même système de climatisation consomme environ 375 kWh, ce qui représente 94,35 euros.

Des données qui ne doivent néanmoins être considérées qu'en tant qu'exemple, quand la facture finale du consommateur dépend en réalité de nombreux facteurs. Pour que le calcul de consommation et donc de la dépense soit le plus cohérent possible, il est d'abord important de déterminer le modèle du système de climatisation.

La consommation ne sera pas la même selon qu'il s'agisse d'un climatiseur monobloc (conçu pour une seule pièce), multisplit (qui fonctionne avec une unité en extérieur et plusieurs en intérieur), réversible (qui permet un système de chauffage et de refroidissement selon les saisons), ou encore mobile (déplaçables de pièces en pièces, et généralement très énergivores). À titre indicatif, un climatiseur mobile consomme ainsi en moyenne 2,5 fois plus qu'un climatiseur split.

Autre question, celle de la puissance du climatiseur. Plus elle est importante, plus les coûts seront conséquents. En moyenne, selon EDF, il faut compter 1000 watts de puissance par tranche de 10 m2. 

Rentre également en compte l'isolation du logement : une habitation mal isolée conserve moins bien le frais - ou le chauffage en hiver -, et demande de fait une plus grande consommation d'énergie pour maintenir la température souhaitée.

"Avant même de se doter d'un climatiseur ou de regarder comment l'utiliser, les premiers travaux les plus importants à accomplir concernent l'isolation", insiste Mario Capai, responsable de communication au sein d'EDF SEI Corse. "C'est le meilleur moyen de faire des économies."

4 % d'économie par degré supplémentaire

Dernier point et pas des moindres : la température sélectionnée. Plus l'écart est important avec le climat extérieur, plus la facture sera salée. "Passer d'une température de consigne de 22 à 27 degrés permet de diviser par deux la consommation d'énergie des appareils, tout comme mettre en route la climatisation à partir de 30 degrés en extérieur au lieu de 27 degrés, divisant par 3 la consommation d'énergie", détaille l'Ademe.

De façon générale, "chaque degré en plus sur la consigne représente 4 % de consommation en moins, et donc 4 % en moins sur la facture", glisse Mario Capai. Des petites économies qui, mises bout à bout jour après jour, représentent une somme conséquente.

D'autant plus, souligne le responsable communication pour EDF Corse, que "mettre la climatisation à 21 degrés chez soi quand il fait 35 dehors, ça va juste vous donner froid et faire un choc pour l'organisme. 25 degrés suffisent largement." En suivant les préconisations nationales, c'est un écart encore moindre qui est envisagé : 6 degrés de différence entre l'intérieur et l'extérieur, pas plus. "Donc s'il fait 32 dehors, on ne met pas en dessous de 26 degrés dedans."

Une façon, donc, de s'assurer des économies substantielles... Et d'adopter une conduite aussi plus écologique, quand la climatisation est aujourd'hui responsable de près de 5% des émissions d'équivalent CO2 du secteur bâtiment.

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