"Mon ressenti est de 120 degrés, je cuis sur place", la Corse à l'épreuve de la chaleur

30, 31, 35 ou même 38 degrés dans le Cortenais : la vague de chaleur qui sévit actuellement en Corse n'épargne personne et contraint chacun à s'adapter, qu'il s'agisse des plagistes, des sportifs ou encore des travailleurs.

"Honnêtement, je savais qu'on allait avoir chaud, mais je ne pensais pas que ce serait aussi brutal." Assise en tailleur sur sa serviette, un livre à la main et une casquette sur la tête, Elisa admet regretter "un peu" sa décision d'accompagner son compagnon et leurs deux enfants à la plage de l'Arinella de Bastia, ce dimanche 28 juillet.

Pour Elisa, l'épisode caniculaire qui frappe la Corse - et du fait duquel la Haute-Corse est placée en vigilance "orange" depuis ce matin, et la Corse-du-Sud à partir de demain - s'apparenterait presque à de la torture.

Elle qui supporte de façon générale mal la chaleur se sent aujourd'hui carrément "oppressée". "La météo annonçait 31, 32 degrés maximum, alors je me disais que ça restait jouable. C'est une erreur de débutant, reconnaît-elle. Là, en plein cagnard, mon ressenti est de 120 degrés. Je cuis sur place. J'essaie de me refroidir en allant me baigner, mais je n'aime pas rester trop longtemps dans l'eau, et le temps que je ressorte, j'ai déjà à nouveau trop chaud."

La jeune maman soupire. "Je ne sais pas comment font mes enfants. Au moins eux en profitent... Moi, je rêve juste de pouvoir rentrer pour m'allonger sous le climatiseur."

Installées un peu plus loin, et en plein remballage de leurs affaires, Helena et Alexandrina ont elles aussi hâte de retrouver leur climatiseur. "C'est ce qui nous sauve à la maison. On laisse la clim tourner en permanence quand on s'y trouve."

Venues se baigner en famille pour se rafraîchir, les deux femmes attendent désormais impatiemment leur départ prochain en vacances pour le Portugal. "On retrouve la chaleur là-bas aussi, mais au moins, le soir, il fait frais, explique Helena. Ce qui n'est pas le cas ici, où on continue d'avoir chaud à toute heure."

Des ventilateurs à foison

Se rapatrier chez soi plutôt que d'affronter le soleil extérieur, c'est le choix que privilégiait jusqu'à peu Julien, la quarantaine. Problème : son système de climatisation est tombé en panne en début de semaine, et depuis, "c'est l'enfer", souffle-t-il. "On aère en ouvrant toutes les fenêtres tôt le matin, on fait bien attention à tout fermer ensuite pour bien conserver l'air frais à l'intérieur, mais on étouffe quand même une bonne partie de la journée."

Le réparateur n'étant pas disponible avant quelques jours encore, Julien alterne entre chercher le frais dans les cafés, les magasins et au cinéma... et l'installation de ventilateurs de plus en plus nombreux dans son logement.

C'est d'ailleurs l'objet de sa venue dans ce supermarché de Furiani, ce dimanche matin : "Ce sera mon cinquième ventilo, indique-t-il en pointant le carton dans son chariot. J'en mets un par pièce, pour ne pas avoir à en trimballer un seul partout chez moi. Celui-là est pour la salle de bain."

Des travailleurs accablés par la chaleur

Il y a les plagistes, ceux qui se réfugient chez eux... Et puis il y a ceux qui, malgré la chaleur, sont contraints de continuer à travailler.

Cette gérante d'un bar bastiais reconnaît des journées de boulot parfois "très compliquées" depuis le début de l'été et les premières chaleurs. "Le pire, c'est quand je suis derrière le comptoir, indique-t-elle. J'ai tous les frigos à boisson derrière qui chauffent, la machine à laver pour les verres aussi, c'est presque un sauna."

Si son établissement dispose bien d'un climatiseur, elle s'empêche de l'utiliser. "Je suis obligée de garder les portes grandes ouvertes quand on sert, sinon les gens pensent que nous sommes fermés. Et vous imaginez, lancer la clim quand tout est ouvert ? Non seulement ça n'a pas de sens, mais je ne veux même pas imaginer le coût."

On transpire et on est obligés de boire beaucoup d'eau pour tenir le coup.

Pour Pasquà, la question ne se pose même pas : propriétaire d'un camion rôtisserie, lui ne dispose ni de climatisation ni de ventilateur, et ne peut donc compter que sur l'ombre apportée par son installation.

De quoi se soulager un peu des rayons du soleil... Mais pas vraiment de la chaleur, amplifiée par sa rôtisserie allumée en quasi continu, et installée juste dans son dos. "On a 300 degrés derrière et 40 degrés dehors, alors oui, on a vraiment très chaud, plaisante-t-il. On transpire et on est obligés de boire beaucoup d'eau pour tenir le coup, pas le choix." Un bon point à souligner : "À force, on s'y habitue."

Sportifs sous toute météo

Dernière catégorie par temps de canicule et pas des moindres : les sportifs. S'il est recommandé par vague de chaleur de limiter ses activités physiques, pour certains, la température n'est pas une excuse pour tirer une croix passagère sur leur programme sportif.

Comme ce coureur, qui remonte courageusement à 14h, heure de pic de chaleur, le front de mer de Bastia. Parti de Toga, il s'est fixé l'objectif d'une boucle de 12km jusqu'à l'Arinella. "Je fais beaucoup de course en été depuis des années, donc j'ai l'habitude", explique-t-il.

Ce sportif s'impose pour autant un certain nombre de règles pour la période estivale : "Aujourd'hui, c'est un mauvais exemple, mais j'essaie généralement d'éviter les heures les plus chaudes pour courir. Je prends le double d'eau avec moi, j'adapte ma tenue, et je fais en sorte de réduire les distances de mes sorties et de les espacer un peu plus. Après, sourit-il, c'est surtout une question de mental."

Attention, néanmoins, à ce qu'un mental d'acier ne se transforme pas en une insolation.

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