Le retour de la fièvre catarrhale continue de faire trembler les éleveurs, la réunion de crise qui a eu lieu ce jeudi à Ajaccio n'a pas suffi à les rassurer. Ils ont obtenu la prise en charge de la vaccination à hauteur de 50 %, mais la vaccination ne fait pas l'unanimité. Par ailleurs, la filière ovine réclame une prise en charge des pertes en lait et en animaux. Plusieurs centaines de bêtes ont déjà péri.
Des pruniers en fleur mi-novembre, les premiers froids se font attendre. Des nuées de moucherons persistent, ils transmettent le nouveau virus de la fièvre catarrhale.
Lors de la première apparition de cette maladie, en 2001, Jean-Dominique Musso était en tête du combat. Habitué désormais à ces épisodes, il s'étonne juste de l'absence de lutte. « Ce qui peut être étonnant, c’est qu’aujourd’hui il n’y a plus de vaccination obligatoire. Il n’y a plus de suivi de la fièvre catarrhale parce qu’il semblerait que les services l’État ait déclaré la Corse zone indemne. Quand on voit ce qui se passe, on peut s’en étonner. Je pense qu’il faudrait qu’il y ait encore pendant quelques années une vaccination annuelle et indemnisée », estime-t-il.
Contrairement aux toutes premières campagnes, c'est un virus inactivé qui est injecté, cela limiterait les effets sur la lactation. C’est ce que répètent les autorités sanitaires. Mais il y a bien des réticences chez les éleveurs, en ce début de lactation. « L’Odarc [Office Développement Agricole Rural Corse ndlr.] a prévu de soutenir les éleveurs en finançant le vaccin à hauteur de 50 %. On est là pour les convaincre de vacciner. J’ai été touché par la fièvre catarrhale, j’ai vacciné, trois jours après, je n’ai plus eu de mortalité », indique Dominique Livrelli, président de l’Odarc.
« Avec la vaccination, en principe, le troupeau est immunisé »
Le ministère de l'Agriculture, en charge de la compétence sanitaire, n'a pas encore précisé s’il indemnisera les pertes d'animaux et de lactation. Les agriculteurs espèrent une réponse dans la semaine.
Certains préfèrent ne pas déclarer leurs pertes, car un arrêté du Draaf [Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt ndlr.] empêche la circulation des agnelles pour 40 jours. « Pour le moment, il n’y en a eu qu’un, mais on verra. La seule chose où nous sommes un peu bloqués, c’est qu’on m’avait mis en quarantaine et je n’avais pas le droit de sortir les agnelles. Là, c’est réglé, car à partir du moment où on a vacciné, en principe, le troupeau est immunisé », livre Jean-François Brunelli, éleveur ovin.
Une quarantaine à un mois et demi de Noël presque aussi redoutée que la maladie... La fièvre va-t-elle empêcher l'échange commercial vers la France continentale et l’Italie ? Avant Noël, 3.000 agneaux en provenance de Corse sont abattus chaque semaine en Sardaigne, d'où la réticence des éleveurs ovins à déclarer la maladie. Pour rappel, ce virus n’est pas contagieux à l’homme.