Ghjurnata Internaziunale : un format et une situation inhabituels pour Corsica Libera

Ce samedi, à Corte, Corsica Libera organise sa Ghjurnata Internaziunale à l’Université de Corse. Une manifestation qui s’inscrit dans un contexte sanitaire et politique particulier, trois mois après l’échec du parti indépendantiste à l'élection territoriale.

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Annulées l’an passé en raison de la pandémie, les Ghjurnate Internaziunale di Corti font leur retour ce samedi 18 septembre. Une édition 2021 particulière, où il s'agira cette fois d'une "Ghjurnata", au singulier.

Crise sanitaire oblige, Corsica Libera a en effet décidé de planifier son rendez-vous phare sur un seul jour. "Ce n’est pas le format habituel mais on aura au moins une journée politique, explique Éric Simoni, porte-parole du parti indépendantiste. On aura en visio-conférence les débats qu’on a toujours eus sur la scène internationale, avec les soutiens de toujours avec lesquels nous continuons d’avoir des contacts fructueux. Aujourd’hui, l’idée d’indépendance est une idée qui avance un peu partout, on le voit notamment avec le prochain référendum en Nouvelle-Calédonie." Voilà pour la dimension internationale.

Un contexte politique particulier

Sur un plan plus local, cette journée qui se déroulera sur le Campus Mariani de l'université sera aussi l’occasion pour le mouvement de faire sa rentrée politique, lui dont le groupe ne figure plus dans la nouvelle Assemblée de Corse. Seule Josepha Giacometti-Piredda portera la voix de Corsica Libera dans l’hémicycle pour les sept prochaines années. En août 2019, lors des dernières "Ghjurnate", le parti comptait alors treize conseillers territoriaux.

Pour rappel, lors des récentes Territoriales de juin, la liste "Fà nazione" conduite par Jean-Guy Talamoni n'avait pas franchi le premier tour, échouant de quelque 130 voix. Un revers qui avait entraîné une fusion avec la démarche "Avanzemu", menée par Jean-Christophe Angelini. Une liste commune pour le second tour où ne figurait plus le président sortant de l’Assemblée de Corse, leader du parti indépendantiste depuis deux décennies.

En coulisses, on évoquait des divisions en interne. Dans le même temps, les autres indépendantistes de Core in Fronte confirmaient quant à eux leur montée en puissance en faisant leur entrée sur les bancs de l'hémicycle.

Autant de raisons pour lesquelles cette "Ghjurnata" s’inscrit dans un contexte politique particulier pour Corsica Libera. "Ce type d’événement est d’autant plus important à organiser après une défaite électorale, où on a besoin de se remobiliser et de se relancer, souligne le politologue André Fazi. Certains thèmes sont consensuels dans la mouvance. Il y a ceux relatifs à l’international mais pas seulement. Ce genre de réunion peut contribuer à atteindre ces objectifs-là."

Parmi ceux-ci, il y a la volonté chez Corsica Libera de réaffirmer son positionnement et de clarifier les enjeux en ces temps de rentrée politique. "Pour nous, expose Éric Simoni, il y a un cap qu’il faut maintenir et nous pensons que la Corse doit se donner tous les outils pour le maintenir. D’autant plus qu’il a été validé à plusieurs reprises même si, pour nous, il y a des démarches qui s’en détournent. C’est dommageable mais chacun est libre de ces positionnements. Notre but est de réaffirmer les nôtres en disant ce qu’on pense être indispensable pour l’avenir de cette lutte et pour avancer concrètement sur certains dossiers."

Le CHU, un dossier "consensus"

L’un d’eux concerne la création d’un centre hospitalier universitaire dans l’île. Un sujet que le parti abordera ce samedi à l’occasion d’un débat organisé par le "Collectif pour la création d’un CHU".  "Avec François Benedetti, le président du collectif (conseiller territorial sortant de Corsica Libera, ndlr), nous avons posé cette revendication sur la table depuis un moment, souligne Éric Simoni. Ça fait partie de ce qu’on avait développé dans "Corsica 21", dans le chapitre sur l’organisation de la santé pour la Corse. On voudrait entendre des gens qui sont compétents dans ce domaine et des acteurs de la santé pour montrer que tout ça n’est pas purement idéologique. On voit de plus en plus de choses consensuelles à ce niveau-là. Ce débat sur le CHU sera plus sociétal mais, forcément, pour nous, il s’intègre dans une vision globale qui a forcément des attendues et des conséquences politiques."

C’est une approche intelligente de dépasser le cadre strict des thèmes classiques nationalistes comme la langue ou le soutien aux prisonniers politiques.

André Fazi, politologue

"Je pense que c’est une approche intelligente de dépasser le cadre strict des thèmes classiques nationalistes comme la langue ou le soutien aux prisonniers politiques, analyse André Fazi. C’est intéressant de choisir un sujet qui peut toucher la majorité des habitants de l’île, y compris ceux qui sont arrivés récemment. C’est une revendication qui peut être consensuelle. Malgré tout, la complexité de la concrétisation ne peut pas être écartée non plus.  Si ça se fait, ça se fera sur plusieurs années. Il est logique que les mouvements politiques s’emparent de ces sujets aujourd’hui en pleine crise sanitaire. Crise qui a mis en évidence les limites de notre organisation régionale."

En attendant l'assemblée générale...

Cette Ghjurnata Internaziunale intervient également un peu plus de deux semaines après la publication d'un communiqué authentifié du FLNC. Dans celui-ci, rédigé conjointement par la structure du "22 octobre" et celle de "l’Union des combattants", les clandestins pointaient l’échec de la voie de la paix avec Paris et menaçaient de reprendre la lutte armée. En réaction, Corsica Libera avait rappelé que si la solution pacifique est celle soutenue par le parti, les militants resteront solidaires "des gens qui prendront des décisions pour défendre leur pays [la Corse], quels qu'en soient les moyens".

Autre élément de contexte non négligeable, cette "Ghjurnata" se déroule trois mois après l’annonce du "passage de relais" de Jean-Guy Talamoni. Fin juin,  dans l'entre-deux-tours de Territoriales, l’ex-président de l’Assemblée de Corse - qui siégeait dans l’hémicycle sans discontinuer depuis 1992 - avait indiqué que "son engagement pour la Corse prendrait d'autres formes". Son avenir au sein du parti reste encore flou. "Il sera là ce samedi", affirme-t-on du côté de Corsica Libera qui prépare aussi son organisation future.

En effet, une assemblée générale devrait se tenir dans les prochaines semaines. "On avait acté dans un récent communiqué cette restructuration, rappelle Éric Simoni. C’est un élan nouveau qui est vital et dans lequel toutes les forces d’une jeunesse responsable et déterminée seront mises en avant. Il faut que l’on montre que nous sommes les héritiers d’une légitimité historique qui permet de garder un cap dont nous ne dévierons jamais."

Sur cette recomposition à venir, très peu d’informations ont filtré jusqu'à présent. "Il est difficile de dire aujourd’hui comment les instances vont être recomposées, estime Andrié Fazi. Difficile aussi de dire si Jean-Guy Talamoni va immédiatement passer le témoin et se retirer, sachant qu’une fonction d’accompagnement de sa part paraît tout de même plus probable. Ce qui est certain, c’est que Corsica Libera compte des cadres de bon niveau. Il y a des gens qui peuvent aspirer à prendre sa suite même si ça sera difficile. Il ne pourra pas être facilement remplacé."

Peut-être que les débats de ce samedi à Corte permettront d’en savoir un peu plus sur la future composition du mouvement. Et sur les choix stratégiques qu’il souhaite entreprendre pour continuer de peser dans le débat politique insulaire.

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