Jeudi 30 janvier, Gilles Simeoni a confirmé le remaniement de son conseil exécutif en annonçant, lors de la session de l'Assemblée de Corse, le départ de trois conseillers. L'opposition a réagi, notamment le groupe Avanzemu. Dans un communiqué, la formation nationaliste indique que "ces changements entérinent et valident le cuisant échec de la mandature engagée".
L’annonce était attendue depuis plusieurs jours. Jeudi 30 janvier, lors de la reprise des débats de l’Assemblée de Corse en début d’après-midi, Gilles Simeoni a confirmé le remaniement de son conseil exécutif.
Un renouvellement vu par ce dernier comme “la mise en œuvre d’un engagement de campagne, un engagement pris devant les Corses, et une expression d’un besoin impérieux de réussir pour la Corse et pour le peuple corse.”
Ainsi, le départ de trois conseillers a été acté : Flora Mattei, présidente de l’Office des transports, Antonia Luciani, conseillère exécutive en charge notamment de la culture, et Alex Vinciguerra, président de l’agence de développement économique de Corse (Adec).
Les trois conseillers exécutifs entrants
Ces trois conseillers seront remplacés par Vannina Chiarelli-Luzi, Anne Laure-Santucci et Jean-Félix Acquaviva, dont les portefeuilles ne sont pas définitivement entérinés. Ces trois élus font tous partie de la majorité territoriale.
Des choix que Gilles Simeoni justifie ainsi : "D'un point de vue de la logique politique, il y a eu depuis la création de Fà Populu Inseme un certain nombre d'axes qui sont des axes essentiels. Notamment le fait de vouloir intégrer dans notre démarche des femmes et d'hommes qui ne sont pas des professionnels de la politique et qui ont pour vocation à apporter dans notre démarche leur regard, leur vision, leur expérience."
Les réactions de l'opposition
Interrogé sur ce remaniement sur le plateau de notre émission Pulitica, Paul-Félix Benedetti y voit davantage "la majorité territoriale qui se réorganise". "Je pense qu'il y a des grincements de dents, ajoute le chef de file de Core in Fronte. On n'est pas dans l'harmonie, on n'est pas dans la symphonie. C'est une nouvelle musique mais j'ai l'impression qu'elle est dans les aigus."
S'il avait été approché pour faire partie de l'exécutif, il "n'y serait pas allé", a-t-il précisé.
"Je ne partage pas l'axe stratégique de la gouvernance stratégique de ces trois années. On ne rentre pas dans un bateau à mi-parcours. On embarque sur un quai, on va à destination d'un autre quai et, aujourd'hui, je crois qu'il y a beaucoup de choses à revoir. Il appartient à ceux qui gouvernent d'oublier qu'ils sont 32 tous seuls. Il y a un héritage historique du patriotisme corse, il est collectif. Aujourd'hui, il faut le sacraliser, le pérenniser et ne pas chercher à faire coexister qu'un seul courant au prétexte qu'il a gagné 40% et que la prime majoritaire lui a permis d'être ultra majoritaire à la Colecitivté territoriale."
Dans un communiqué, le groupe Avanzemu a qualifié ce remaniement de l'exécutif de "vraies-fausses propositions du président Simeoni".
"Il est pour nous inconcevable, quatre années seulement après le sabordage de Pè a Corsica, initialement présentée pour une décennie et plébiscitée par une majorité de Corses, que nous puissions rejoindre les inspirateurs de la démolition d’un acquis historique du mouvement National", peut-on lire dans le texte du groupe d'opposition nationaliste présidé par Jean-Christophe Angelini.
#Cumunicatu 📣 𝗠𝗶𝘀𝗲 𝗮𝘂 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝘀𝘂𝗶𝘁𝗲 𝗮𝘂 𝗿𝗲𝗺𝗮𝗻𝗶𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁
— Partitu di a Nazione Corsa (@PNazioneCorsa) February 2, 2025
Lors de la dernière session ordinaire, le groupe Avanzemu à l’Assemblée de Corse a répondu aux vraies-fausses propositions du président Simeoni concernant le remaniement du conseil exécutif.
Il est… pic.twitter.com/bOgR3p4f8g
Pour les élus d'Avanzemu, "ces "changements" entérinent et valident le cuisant échec de la mandature engagée". Et d'ajouter : "Alors que la situation de l’île ne cesse de se détériorer, que les finances de la Collectivité de Corse sont exsangues et l’absence de dynamique, patente, nous jugeons décalé, au plan politique, et particulièrement cruel, au plan humain, de démettre ainsi des élus qui, de leur aveu même et en dépit de nos désaccords, souhaitaient poursuivre leur action au bénéfice de la Corse."
On ne comprend pas pourquoi et dans quel objectif le président a souhaité remanier.
Jean-Martin MondoloniPrésident du groupe "Un soffiu novu"
Pour Jean-Martin Mondoloni et la droite, ce remaniement est également un moyen de replacer l'ex-député Jean-Félix Acquaviva.
"L'occulter, c'est se mentir, a indiqué le chef de file du groupe "Un soffiu novu" à notre micro. Ce n'est d'ailleurs pas à charge contre le président (Simeoni) de vouloir replacer ses amis. Ce que les Corses ne comprennent pas aujourd’hui, c'est pourquoi. Les personnes qui partent de l'exécutif n'ont pas démérité. Ça rajoute à la confusion des esprits. On ne comprend pas de quoi il s'agit ni pourquoi et dans quel objectif le président a souhaité remanier. On a parlé de nouveau souffle. Ce n'est pas d'un nouveau souffle dont a besoin aujourd'hui la Corse, mais d'une bascule stratégique. En tout cas d'une nouvelle stratégie au service des Corses, et notamment de ce que la Collectivité de Corse se doit de produire. On a besoin qu'il y ait une vision stratégique, qu'on nous dise les moyens qu'on va y mettre ou pas et les moyens de contrôle de ce qui va être mis en œuvre. Le reste, c'est de la littérature."
Le nouveau conseil exécutif sera élu lors de la session extraordinaire de l’Assemblée de Corse qui se déroulera le 13 février prochain.