Après avoir rencontré les représentants du gouvernement lundi, puis le président du Sénat ce mardi après-midi, les représentants de la collectivité unique se sont dits excédés par l'attitude de l'État. Ils appellent à manifester dans les prochains jours en Corse.
Dans le jardin du Luxembourg, à Paris, la déception se lit sur les visages. L’entrevue avec le président du Sénat est un fiasco pour Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni. Face au refus de modifier la Constitution dans le sens souhaité, les élus subodorent un accord entre l’Élysée, Matignon et le Sénat.
« Il y a eu un accord explicite ou implicite qui a été pris et cet accord n’intègre absolument pas la prise en compte de la dimension politique de la question corse », indique Gilles Simeoni. La modification de la Constitution se ferait uniquement dans le cadre de l’article 72.
C’est-à-dire sur le modèle de ce qui sera proposé à l’échelle de toute la France. « C’est autour de l’article 72 et unique autour de l’article 72 que il peut y avoir un débat, un dialogue comme avec d’autres collectivités à statut particulier, qu’elles soient ultramarines ou en métropole », précise Gérard Larcher, président du Sénat.
Une part d’espoir
Lundi, les représentants de la collectivité de Corse ont rencontré trois membres du gouvernement dont le Premier ministre Édouard Philippe. Si la discussion est restée technique, à l’issue, les participants conservaient une part d’espoir.
La réunion a été interprétée comme une préparation à la venue dans l’île d’Emmanuel Macron. « Manifestement la volonté du Premier ministre n’était pas d’aller plus loin dans les engagement pris par le gouvernement. Et de ce côté-là nous pensons qu’il faut attendre que le Président de la République donne le ton et donne le la à l’occasion de sa visite en Corse », avait alors déclaré Gilles Simeoni.
Ce mardi, la matinée a été mise à profit pour continuer à faire du lobbying notamment aux vœux des régions de France. Jacqueline Gourault, la « Madame Corse », était présente.
Face à elle Hervé Morin a mis l’accent sur la nécessité d’écouter les insulaires. « J’ai dit au Premier ministre : ‘Vous avez tort de considérer que c’est une élection régionale comme les autres, que c’est la victoire d’une majorité sur une autre. C’est un fait politique majeur, c’est une volonté qui a été exprimée. C’est un chemin et ce chemin-là, vous devez l’entendre », précise Hervé Morin, président des régions de France .
Appel à la mobilisation
Mais le non à l’autonomie, au statut de résident, à la co-officialité, à la reconnaissance du peuple corse et à l’amnistie ont eu raison de la patience des élus l’appel à la mobilisation est lancé.
« Nous demandons aux Corses de défendre les intérêts qui sont les leurs en se mobilisant. Nous tiendrons évidemment toute notre place, mais aujourd’hui nous ne sommes pas en tant qu’institution de la Corse seuls en mesure de faire face à la situation. Nous avons besoin du soutien de l’ensemble des Corses pour défendre les intérêts de notre peuple », soutient Jean-Guy Talamoni.
Après nos entretiens d’hier et d’aujourd’hui, notre conviction est faite : l’Etat refuse de reconnaître et de prendre en compte la dimension politique de la question corse. Dans ces conditions, nous appelons dans les prochains jours à la tenue d’une grande manifestation populaire pic.twitter.com/8DZUzcpQ6e
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) 23 janvier 2018
Malgré la déception les rendez-vous qui ont été pris seront bien honorés. Mercredi, après l’assemblée générale des régions de France, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni rencontreront François de Rugy, président de l’Assemblée nationale.