Rescapé de l'attentat terroriste islamiste ayant visé la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, Simon Fieschi est décédé jeudi 17 octobre à Paris. Ancien webmaster du journal satirique, le quadragénaire originaire de Petreto-Bicchisano avait été le premier à être touché par les tirs des frères Kouachi.
Grièvement blessé dans l'attentat terroriste islamiste ayant visé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, Simon Fieschi est décédé.
L'information a été confirmée ce samedi 19 octobre à l'AFP par le parquet de Paris ainsi que par l'avocate de celui qui était l'ancien webmaster du journal satirique.
"Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte à la suite de la découverte du corps de Simon Fieschi le 17 octobre", a indiqué le parquet, qui a précisé qu'"aucune hypothèse" ne pouvait être privilégiée à ce stade.
"Une autopsie a été ordonnée, dont les conclusions n'ont pas permis de déterminer la cause du décès. Les investigations se poursuivent", ajoute cette même source.
"Causes encore ignorées"
Selon une autre source proche du dossier, son corps a été retrouvé jeudi dernier dans une chambre d'hôtel à Paris. Originaire notamment de Petreto-Bicchisano, Simon Fieschi était père de famille et âgé de 40 ans.
"Contrairement à ce qui a été annoncé par certains médias, il n'y a aucun élément en faveur d'un geste volontaire à ce stade des investigations et les causes de la mort sont encore actuellement ignorées", a souligné de son côté son avocate, Me Nathalie Senyk, appelant "chacun à être particulièrement vigilant avant le rendu définitif de l'enquête".
L'annonce de son décès a suscité de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux où de nombreuses personnes ont salué la mémoire de celui qui avait survécu à ce terrible attentat islamiste ayant coûté la vie à douze personnes, dont onze qui travaillaient pour l'hebdomadaire.
"Simon Fieschi luttait pour surmonter l'horreur dont il avait été l'une des victimes. Il y a des cicatrices que beaucoup ne voient plus mais qui ne se referment jamais", a réagi François Hollande, président de la République au moment de l'attentat contre Charlie Hebdo.
"Les Fieschi du chalet"
Du côté de son père (le cinéaste Jean-André Fieschi décédé en 2009), Simon Fieschi avait des origines dans le Taravu, une microrégion dans laquelle il venait rarement.
"Il y a beaucoup de Fieschi à Petreto-Bicchisano. Cette famille-là, on les appelle les "Fieschi du chalet", indique le maire de la commune, Jacques Nicolaï. Leur domicile est au-dessus du collège. Simon était venu pour un mariage il y a une dizaine d'années."
Sur X (anciennement Twitter), le journaliste corse de France Info Jean-Christophe Galeazzi a également posté un commentaire, se disant "très triste d'apprendre le départ de [son] compatriote". Et de conclure son message ainsi : "ch'ellu riposi in pace".
⚫️ Très triste d’apprendre le départ de mon compatriote Simon Fieschi. Grièvement blessé lors de l'attentat contre Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015, il était webmaster du journal depuis trois ans lorsque les frères Kouachi lui ont tiré dessus. Depuis. il tentait de surmonter… pic.twitter.com/LHdwI3cdVb
— jean-christophe galeazzi (@jcgaleazzi) October 19, 2024
Présenté comme un spécialiste de l'histoire de la Gendarmrie, il avait notamment écrit en 2012 le livre "Les Gendarmes en Corse : 1927-1934, de la création d'une compagnie autonome aux derniers bandits d'honneur" (Service historique de la Défense).
Sur X, la porte-parole de la Gendarmerie Nationale lui a rendu hommage.
#Hommage | Emotion à l’annonce de la disparition de Simon Fieschi, rescapé des attentats de @Charlie_Hebdo_ en 2015.
— Porte-parole de la Gendarmerie Nationale (@PorteparoleGN) October 19, 2024
Très attaché à la #Gendarmerie Nationale, il a consacré un livre remarqué sur les #gendarmes en Corse dans l'entre-deux-guerres.https://t.co/3AsaKsibYe
"Se réveiller dans un sarcophage"
Le 7 janvier 2015, Simon Fieschi avait été la première victime des frères Chérif et Saïd Kouachi quand ils étaient entrés dans les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo. Touché par une balle de kalachnikov tirée à bout portant par l'un des deux assaillants, il avait survécu, avec néanmoins de lourdes séquelles.
En octobre 2020, dans les colonnes de Charlie Hebdo, il avait raconté dans un article poignant intitulé "Se réveiller dans un sarcophage en janvier 2015" son lent retour à la vie après son réveil du coma, émaillé de douleurs insoutenables.
Il y a quelques semaines, fin septembre, il avait assisté au procès de Peter Cherif, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale de Paris. Le jihadiste était jugé notamment pour le rôle qu'il avait joué, alors qu'il faisait partie des rangs d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), auprès de Chérif Kouachi avant l'attentat.
Appelé à témoigner, Simon Fieschi, qui ne se déplaçait plus qu'avec une béquille, avait déclaré, à l'inverse des autres parties civiles au procès, qu'il avait eu "toutes les réponses" qu'il voulait, alors que Peter Cherif s'était refusé à répondre aux questions des magistrats et des avocats sur son rôle exact auprès de l'assaillant.
Avec AFP