Depuis le 1er janvier, les cigarettes coûtent plus cher : 50 centimes à un euro selon les marques. En Corse, à cette augmentation nationale s'ajoute celle de 50 centimes, au titre du rattrapage progressif des prix continentaux. De quoi inquiéter le président des buralistes de Corse José Oliva.
En tant que président des buralistes de Corse, vous dénoncez une triple peine. De quoi parlez-vous ?
Depuis le 1er janvier 2024, nous avons pris 1,50 euro par paquet. Aujourd'hui, c'est la triple peine : la hausse nationale, le rattrapage Corse et, en plus, notre baisse de commissions. C'est énorme. Surtout lorsqu’en Sardaigne, à 12 km de la Corse, le paquet est à 6 euros, quand il est à 11,30 euros ici.
Êtes-vous inquiets ?
Ce qui nous inquiète un petit peu, c'est la saison estivale qui arrive, on l'a bien vu déjà sur les deux années, 2022 et 2023, les chiffres sont catastrophiques. Nous subissons une perte de vente. Car c’est notamment grâce aux touristes français que nous faisions du chiffre pendant la saison estivale. Ils pouvaient repartir avec 4 cartouches par personne. Aujourd'hui, on ne verra plus ça. Moi qui suis buraliste depuis 33 ans, j'ai connu de belles années, mais désormais, je pense que ça va être difficile et je pense même qu'il va y avoir de la casse, malheureusement.
Il y a 215 buralistes en Corse. Pensez-vous que certains ne tiendront pas ?
Il y a plus de 50% des buralistes qui sont dans le rural, dans des communes de moins de 3500 habitants. Notre crainte est là. Or, vous savez bien que le buraliste, c'est le dernier lien social aujourd'hui.
Vous aviez négocié avec le gouvernement afin de retarder l'échéance, vous espériez notamment que la hausse n'arrive qu'en juin prochain. Quelles sont les perspectives désormais ?
Les accords qui avaient été négociés en 2018 avec à l'époque notre ministre de tutelle Gérald Darmanin n'ont pas été tenus. C'est pour cela que nous demandons un moratoire sur la fiscalité. J'ai eu des rencontres en fin d'année avec nos députés, nos chefs de groupe de l'Assemblée de Corse pour que cette demande entre dans le cadre des négociations entre Paris et la Corse et, pourquoi pas, que ces prix soient bloqués à partir de cet été.
De votre côté, qu'envisagez-vous, concrètement, comme action ?
Le gouvernement nous a demandé de nous diversifier, ce que nous avons fait. Le réseau corse a été le premier à se transformer. 86 débits l’ont fait. Nous faisons des encaissements d'impôts, de factures d'électricité, d'eau... Nous faisons relais colis aussi. Moi, je reçois à 130 à 150 colis. Nous développons le snacking, la librairie. Aujourd'hui, je ne vois pas comment on peut aller plus loin. Sans un moratoire de la fiscalité, je pense qu'on va à la catastrophe. 800 familles sont concernées.