La communauté de communes de Calvi-Balagne essaie depuis 2015 de diminuer ses bio-déchets. Les efforts ont permis de détourner de l'enfouissement 2122 tonnes d'ordures fermentescibles. À la clef, des économies de 160 000 euros par an sur la facture enfouissement.
Sous le soleil, Calvi déploie toute sa magie. Derrière cette image carte postale, un défi est en passe d'être gagné : celui de la collecte des bio-déchets. Une masse estimée à 2122 tonnes en 2015. Depuis l'été dernier, des ambassadeurs du tri font régulièrement le tour des restaurateurs pour faire le point.
"La fréquence [de la collecte, NDLR] est organisée en fonction de la saison et en plus de cela, il y a vraiment un travail personnalisé en fonction des quartiers, des établissements. C'est cela qui est vraiment intéressant", explique Anthony Albertini, restaurateur à Calvi.
Ce restaurateur a dû réorganiser sa cuisine pour installer des bacs spécifiques. La masse des déchets est tellement importante l'été, qu'une petite salle a été sacrifiée pour entreposer uniquement des poubelles de tri.
"Au début, je dois avouer que c'est une contrainte parce que l'on a les bonnes vieilles habitudes qui sont présentes. Mais une fois que l'on commence à trier, on se prend au jeu et on s'aperçoit de la nécessité du tri. On aime notre île, on en est fier et je crois que cela passe aussi par là", affirme-t-il.
Frapper le porte-monnaie
Depuis juin 2016, environ 400 tonnes de déchets fermentés ont été collectés. La politique menée par la communauté de communes de Calvi-Balagne a d'abord visé les professionnels au niveau de leur porte-monnaie.
"Nous avons instauré une redevance incitative pour les professionnels. Pour les vertueux : des sommes qui sont minorées au regard de ceux qui ne font pas le tri puisque ces derniers ont une majoration de leurs cotisations. Elle est de l'ordre de 100% de la cotisation, voire même plus puisque nous l'avons majoré dernièrement au conseil communautaire pour qu'il y ait un effet levier en disant vraiment : "cela me pénalise fortement si je ne fais pas le tri, d'un point de vue financier"", explique : François Marchetti, président de la communauté de communes de Calvi-Balagne.
Exemple : si la cotisation est de 300 euros, elle passe à 600. De quoi faire réfléchir. Pour les pionniers du tri à Calvi, comme Anthony Albertini, il s'agit presque d'un acte militant : "Franchement, c'est un engagement. Cela va plus loin qu'un tarif. Il faut payer ses déchets. Aujourd'hui, cela devient une réalité. On s'aperçoit tous qu'on aurait dû le faire il y a déjà bien longtemps".
Évidemment, il reste des récalcitrants. Sur les 200 commerces de Calvi, 10 ont été pénalisés financièrement.
Sophie Dallest, responsable service tri à la Communauté de communes de Calvi-Balagne, examine les poubelles : "Nous avons ici un cas typique où l'on retrouve des bouteilles et des emballages. On ne sait pas qui c'est donc on va essayer de voir un petit peu par rapport aux restaurateurs. C'est souvent toujours les mêmes. Par rapport aux fiches de collectes que va nous ramener l'agent, on va savoir qui c'est et on va essayer de rectifier".
De gros acteurs jouent le jeu
Sur le chemin qui même au tri des bio-déchets, les grandes structures ont montré l'exemple. La Légion étrangère en tête, le Club Méditerranée, l'hôpital et le collège de Calvi.
Au réfectoire de l'établissement scolaire, on sert 300 repas par jour. Les élèves ont reçu des consignes sur la manière de consommer et le contenu de leurs assiettes.
"Au niveau du gaspillage, on a fait quelques actions pour sensibiliser sur le pain. Mais aussi pour trop servir les enfants pour éviter que cela passe à la poubelle", raconte Dominique Navari, chef de cuisine au collège de Calvi.
Ces leçons citoyennes ont été totalement intégrées. Les collégiens trient eux-mêmes leurs déchets à la fin du repas.
Des économies à la clef
Avec cette nouvelle organisation, la communauté de communes de Calvi-Balagne réalise une économie de 160 000 euros sur la facture enfouissement.
Une économie qui stimule une autre communauté de communes voisines : Île-Rousse. L'un de ses grands projets est d'ailleurs de se doter de nouvelles structures.
"Nous ne voulons plus que nos camions fassent des centaines de kilomètres pour aller déverser à l'enfouissement. Il devra se faire en Balagne, sur un circuit court. Mais il devra se faire quand nous aurons réussi à sortir un maximum de fermentescibles, et que l'on ait réussi à trier. Dès que nous serons prêts là-dessus, nous avancerons et nous garderons l'enfouissement chez nous. Ce n'est pas aux autres régions de gérer l'enfouissement de la Balagne, c'est quelque chose que l'on peut entendre et comprendre", explique Lionel Mortini, président de la Communauté de communes d'Île-Rousse-Balagne.
Pour le moment, les bio-déchets sont pris en charge par une plate-forme de compostage en Plaine orientale. Ce concept pourrait voir le jour en Balagne dans 3 ans, à condition que les deux communautés de communes trouvent un terrain d'entente.