Finalement, le 3 juillet prochain, l'association familiale et culturelle d'Alagajola ne quittera pas les locaux qu'elle occupe depuis trois décennies, près de la gare de la commune. Le propriétaire du terrain a proposé de les laisser sur place, en échange d'une clarification juridique.
Jusqu'à ce mardi matin, les bénévoles de l'association pensaient qu'ils n'auraient d'autre choix que celui de partir, alors que le propriétaire des lieux, les Chemins de Fer de Corse, prévoit de mener des travaux pour améliorer le trafic ferroviaire en Balagne, et de faire construire un grand parking.
L'association, qui réunit plus de 130 familles de Balagne, mais également de Corte ou Moltifao n'avait aucune solution de repli, pour continuer de tenir ses ateliers, entreposer tous ses costumes et le matériel de son théâtre itinérant.
Hier, en début de soirée, elle occupait les locaux de la gare pour alerter l'opinion publique. Et défendre sa cause.
Ce matin, Hyacinthe Vanni, le président des CFC, s'est rendu sur place pour faire connaissance avec l'association, et discuter d'une possible alternative. Et très vite, un terrain d'entente a été trouvé.
Flou juridique
"Dans un premier temps, jusqu'à la fin de l'année, nous laisserons l'association occuper les lieux", promet Hyacinthe Vanni. "Et puis nous trouverons une solution, bien sûr. Il n'est pas question de chasser une association familiale et culturelle qui est là depuis des années".
Ce n'est pas un brusque revirement de situation de la part du propriétaire du terrain. "Nous ignorions jusqu'à l'existence de cette association", souligne Hyacinthe Vanni. "Et c'est bien là tout le problème. Les choses, jusque-là, n'ont pas été faites dans les règles. C'est le moins qu'on puisse dire. L'association occupe un local qui n'existe même pas sur le cadastre de la commune !"
Il semblerait que l'association, animée par des bénévoles, ne soit pas vraiment experte en paperasse administrative. Ainsi, les occupants des lieux et le propriétaire du terrain, en plusieurs décennies, n'ont jamais eu affaire l'un à l'autre. Tout passait par un intermédiaire, dans un flou sur lequel Hyacinthe Vanni préfère ne pas s'étendre...
Marie-Elise Luiggi, la présidente de l'association, le reconnaît sans peine, et le déplore. "C'est un proche qui nous louait le local, et qui est aujorud'hui très âgé...Tout se faisait en discutant, on n'avait aucun papier..."
Autorisation d'occupation temporaire
Pour les CFC, l'affaire de l'expropriation a avant tout permis de pointer une situation qui nécessitait une mise au clair urgente. "S'il y avait eu un problème, un jour, c'est nous qui aurions été tenus pour responsables, alors même qu'on ne savait rien de ce qui se passait sur le terrain...", estime Hyacinthe Vanni.
C'est beaucoup plus sécurisant pour tout le monde.
Marie-Elise Luiggi
Mais le président des Chemins de Fer de Corse l'assure, le plus important, c'est de repartir sur de bonnes bases, dans "un vrai cadre juridique, clair et précis".
Marie-Elise Luiggi, de son côté, se dit soulagée. "On va signer une convention, une AOT, ou autorisation d'occupation temporaire, et on pourra continuer d'occuper la salle. On est vraiment contents. Et puis on est rassurés. C'est beaucoup plus sécurisant pour tout le monde".