Le terrain, qui appartient aux Chemins de Fer de la Corse, doit être disponible en juillet prochain, pour permettre d'importants travaux. Mais l'association n'a pas de solution de repli.
Il y a quelques temps, on a vu arriver les engins de chantier sur le terrain. C'est comme cela qu'on a appris la nouvelle...", soupire Marie-Elise Luiggi.
Depuis plus de trente ans, l'association familiale et culturelle d'Algajola occupe les mêmes locaux, sur un terrain qui appartient aux Chemins de Fer de la Corse, un terrain où se trouvait l'ancienne gare de marchandises.
Et sur ce terrain, bientôt, apparaîtra un grand parking payant.
Le propriétaire des locaux, un proche de Marie-Elise Luiggi, la présidente de l'association, lui avait d'abord assuré que rien ne se ferait cette année. Mais apparemment, les plans ont changé, au cours des derniers mois. Et le 3 juillet prochain, l'association devra quitter les lieux. "On ne sait pas où aller, et où stocker tout le matériel, les costumes, les tables, les chaises, qu'on a accumulé avec les années. Il nous faudrait un peu plus de temps pour nous retourner"...
Rôle culturel important
Au cours des trois dernières décennies, l'association familiale et culturelle d'Algajola a régulièrement démontré son importance dans le paysage culturel balanin, à travers les ateliers variés qu'elle organise de la sanse country au yoga en passant par la vannerie et le théâtre, à travers la compagnie I Lumelli. Depuis huit ans, elle est également derrière le festival Stret'In Arte en Octobre.
132 familles, venues de Balagne mais également de Corte ou de Moltifao, sont adhérentes.
Marie-Elise Luiggi s'inquiète de l'avenir de cette association balanine. Et veut tout faire pour la sauvegarder, malgré le coup dur auquel elle doit faire face.
La présidente déplore que de tels travaux soient faits pour construire "un parking payant, sur le modèle de celui de Lumio, qui ne servira que deux ou trois mois par an". Mais elle sait bien qu'il n'est pas question de s'y opposer. Alors elle espère trouver des solutions alternatives. En prenant langue avec les CFC, alors que jusque-là, tout s'est passé par l'intermédiaire du propriétaire des locaux. "Ils ne nous connaissent pas, et on aimerait se présenter, pour voir si on ne pourrait pas parvenir à cohabiter, d'une manière ou d'une autre..."
Nécessité
Jean-Baptiste Bartoli, le directeur des CFC, assure comprendre les inquéitudes de l'association, et se dit prêt à rencontrer ses membres, rappelant qu'il a déjà eu leur présidente au téléphone, et qu'il a accepté de laisser le terrain quelques jours de plus pour permettre qu'un spectacle puisse se tenir.
Mais pour autant, il semble bien campé sur ses positions : "Depuis six mois, nous travaillons avec le propriétaire du local, qui sera rendu disponible fin juin, début juillet. C'est prévu comme cela depuis longtemps, et nous n'avons de toute manière guère le choix. En plus du parking, nous avons besoin du terrain pour y loger la brigade qui s'occupe de l'entretien des voies du tronçon Balagne. Et de surcroît, une nouvelle voie va bientôt y passer, pour répondre à la demande du trafic dans la région..."
Le message semble clair. S'il existe une solution pour reloger l'association familiale et culturelle d'Algajola, elle ne pourra pas venir des Chemins de Fer de la Corse...
Attentiste
Difficile également de croire qu'elle viendra de la commune d'Algajola. La mairie aurait déjà fait savoir à l'association qu'elle n'avait pas de local libre pour les recevoir.
François Rossi, le premier édile, assure qu'il faut trouver une solution, mais n'en a pas. "J'attends qu'on me contacte, du côté de l'Assemblée de Corse ou des CFC, et je n'ai eu aucune nouvelle d'eux..." confie l'élu. On ne voit pas, en l'état actuel des choses, pourquoi l'un ou l'autre le ferait, alors que la commune n'est pas partie prenante dans le dossier.
On voudrait que l'association continue, mais un parking comme cela, à Algajola, cela ne se refuse pas
François Rossi
Quoi qu'il en soit, il semblerait que la municipalité en place préfère conserver une posture attentiste. Avant de raccrocher, François Rossi conclut : "bien sûr qu'on voudrait qu'elle continue, l'association. Mais un parking comme cela, à Algajola, cela ne se refuse pas..."
La tâche ne semble guère aisée pour l'association. Mais elle ne s'avoue pas pour autant battue. Elle organise ce soir une assemblée générale extraordinaire dans ses locaux, à Algajola, pour exposer sa situation. Elle a également lancé une pétition pour mobiliser le plus grand nombre.