Après les intempéries d'hier soir, le film Les Misérables, prix du jury à Cannes, a été reprogrammé ce soir à 23 heures, toujours en présence de l'équipe du film. Une fille facile, en revanche, reste programmé à 21h30.

Les temps sont durs pour les festivals, et ils sont peu, en Corse, à être contraints de refuser du monde, et à afficher salle comble...
Lama est l'un d'eux. 

Pourtant, à Lama, les salles, ils ne connaissent pas. 
Certes, c'est un festival de cinéma, mais les projections, elles se font sous les étoiles.

Les trois sites dédiés le temps d'une semaine au septième art se trouvent au coeur du village de 150 habitants, perché à flanc de colline entre le Nebbiu et la Balagne:
 
Une petite place, face au mur d'une vieille maison devenu toile d'un soir, c'est l'Umbria, dédié au cinéma d'auteur et aux courts-métrages. 
Les escaliers d'une ruelle étroite, où des coussins et des oreillers attendent le jeune public, c'est Le Mercatu
Et puis il y La Piscine, nichée dans le maquis, en contrebas du village.


 


Une renommée nationale


A Lama les salles ils ne connaissent pas, mais les guichets fermés, ils ont l'habitude. 
Quiconque a eu la chance d'assister, l'été dernier, à la projection du Grand Bain, de Gilles Lellouche, peut en témoigner. 

Quelques minutes avant le début du film, près d'un millier de spectateurs avait pris place à La Piscine, qui affichait complet.

Et sur le petit chemin plongé dans la pénombre qui menait à la projection, ils étaient nombreux à piaffer d'impatience, ou de déception. 

Jean-Bernard Emery et Laurent Hérin, têtes pensantes du festival, avaient dû programmer, en catastrophe, une deuxième séance, dans la foulée. 

 

Les spectateurs éconduits s'en sont allés patienter à l'Amama, le bar-restaurant de Lama où se retrouvent traditionnellement jury, techniciens, réalisatrices, acteurs, bénévoles, comédiennes, villageois et visiteurs, dans une joyeuse effervescence.

Néanmoins, cette année, Lama compte bien éviter une telle déconvenue à ses fidèles, comme nous le confie Laurent Hérin :
 

Désormais, on vendra les billets à une caisse centrale, sur la place du village. Et dès que la séance sera complète, on préviendra la sécurité en bas du village pour qu'elle prévienne les nouveaux arrivants, et puis surtout on communiquera sur les réseaux sociaux pour éviter aux gens de se déplacer pour rien.


 

 

Quel est son secret?


Lama, c'est un festival fondé en 1994 par les gens du village qui aimaient le cinéma, et qui, plutôt que de descendre à Ile Rousse, les semaines où ils avaient de la chance, ou à Bastia, ont décidé de faire venir le cinéma jusqu'à eux. 


Le festival, d'année en année, a pris de l'ampleur, solidifiant sa réputation à travers l'île, puis à travers toute la France. 

Attirant les plus grands noms du septième art, ses critiques les plus respectés, décrochant des avant-premières prestigieuses. 

Et proposant, par on ne sait quelle prouesse technique, des projections d'une qualité saluée par toutes et tous. 

En 2017, Télérama, pas particulièrement connu pour ses largesses en matière de compliments, concluait son article sur Lama d'un définitif :
 

Dans ce nid d'aigle de silence et de rocaille, le cinéma redevient une expérience totale, nocturne et éblouissante, intime et collective, tel qu'il avait jadis été imaginé et tel qu'il ne devrait jamais cesser d'être. Un paradis perdu.

 



C'est tout le mérite du fondateur, Mathieu Carta, et de ceux qui l'ont entouré, de ceux qui continuent de porter le flambeau. 

Ne pas se laisser griser par le succès, la reconnaissance et les compliments. 
Ne pas grossir inconsidérément. 
Ne pas oublier les motivations et l'esprit qui, à l'origine, ont présidé à la création du festival.

 


L'édition 2019 : 

 

Ce n'est pas cette année que l'engouement risque de se tarir, au vu de la programmation...

Lama est une loupe qui permet, en quelques jours et une belle poignée de films (le festival programme trois films par jour, à 21h15, ce qui évite les courses d'un site à l'autre, et le burn out de fin de semaine), d'avoir une photographie formidable de la production cinématographique française. 

Pour peu, à la lecture du programme, on se croirait à Cannes (le tapis rouge et l'overdose de glamour glamoureux en moins). 

Seront programmés Les Misérables, de Ladj Ly, qui est reparti avec le Prix du jury, Nuestras Madres, de César Diaz, Caméra d'or, ou encore J'ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin, salué par la Semaine de la Critique...
 


Ce ne sont que quelques-uns des films que les spectateurs pourront découvrir. 
La Vie Scolaire, avec Grand Corps MaladeAlice et le maire, avec Fabrice Luchini, ou Au nom de la terre, avec Guillaume Canet, risquent fort d'attirer un public nombreux. 

Autre charme de Lama, la possibilité de découvrir ces films en avant-première, certes, mais également en compagnie des gens qui y ont participé. 
Ainsi, Ladj Ly, Grand Corps Malade, Anaïs Demoustier, Damien Bonnard, entre autres, seront présents à Lama durant la semaine.

Lama, c'est également l'occasion de prendre le pouls de la production cinématographique insulaire. 
Aiò Zitelli de Jean-Marie Antonini sera projeté en première partie de Au Nom de la Terre d'Edouard Bergeon le jeudi 1er août. 
Et plusieurs documentaires corses seront visibles à la Casa Di Lama, en journée. 


Un programme clair, net, et sans bavures. 
Lama, c'est du cinéma, et rien que du cinéma. 

 

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