Issu d'un partenariat entre le centre hospitalier de la ville et du laboratoire Vialle, il permettra de centraliser les différents processus de Procréation Médicalement Assistée. Alors que la Fécondation in Vitro n'était jusqu'ici pas réalisée sur l'île, ce centre répond à une demande croissante de la part de la population corse.
C’est un pas de plus vers l’accès à "un traitement égal" aux autres territoires en ce qui concerne "la prise en charge de l'infertilité". En 2024 à Bastia, un centre régional d’aide médicale à la procréation verra le jour au sein du centre hospitalier. "Le permis de construire a été validé", explique Laurent Charpenel, biologiste responsable de l’activité d’insémination artificielle au laboratoire Vialle, et futur responsable du centre. "Les locaux neufs devraient être livrés huit à dix mois après le début de la construction, pour une ouverture au second semestre 2024."
Un partenariat public-privé pour le processus de FIV
Issu d’un partenariat public-privé entre le laboratoire Vialle et l’hôpital, la création de ce centre a été rendue possible "en globalisant l’offre de toute l’île", déclare Laurent Charpenel. Sur site, "il y aura deux secrétaires, deux techniciens, deux biologistes", développe-il. Côté hôpital, comptez "au moins deux sages-femmes et deux gynécos", et une équipe au bloc opératoire. La gynécologue du centre hospitalier de Bastia Laure Bernard et son collègue Harold Jelen assureront les consultations. Au départ du processus de la FIV, "il y aura une stimulation ovarienne qui se fera, explique Laure Bernard. Pour cela, il y aura des injections à réaliser sur une courte période, d’environ une dizaine de jours pour pouvoir stimuler les ovaires, et récupérer les œufs, les ovocytes des patientes et ensuite pouvoir réaliser des embryons. C’est ceux-ci qu’on transfèrera chez les patientes." Laurent Charpenel et une autre biologiste du laboratoire Vialle, Florence Cristiani, s’occuperont de la fécondation des ovocytes (FIV conventionnelle ou FIV avec microinjection), ainsi que du suivi des cultures embryonnaires. Le transfert de l'embryon sélectionné dans l’utérus, lui, sera réalisé par un ou une gynécologue.
"Centraliser" les activités et réduire les délais
Alors que, comme l’explique Laurent Charpenel, l’insémination intra-utérine est déjà possible depuis 2003 à Bastia, ce centre régional permettra "de tout centraliser". Actuellement pour réaliser une FIV, les couples de femmes, hétérosexuels infertiles ou les femmes sans conjoint sont obligés de se rendre sur le continent. "Généralement, 80 à 90% des couples corses vont à Marseille, détaille Laurent Charpenel. Les 10% à 20% restants se partagent entre les centres de Paris et de Nice." Si pour l’instant, aucune liste d’attente n’est mise en place, le biologiste précise que les équipes "commenceront à enregistrer les demandes avec l’accord du couple dès 2024."
"Le but est aussi d’avoir moins de délai d’attente", poursuit-il. "Actuellement dans les centres continentaux, le délai moyen pour un premier rendez-vous est d’un mois. Il faut ensuite y ajouter deux mois de plus pour avoir la première FIV ". Avec ce centre régional bastiais, la prise en charge des demandes pourrait être plus rapide.
Une demande croissante en Corse
Le futur centre répondra "à une demande croissante en Corse comme ailleurs, demandes qui ont été accentuées par la nouvelle loi de bio-éthique qui ouvre l'accès à la préservation de la fertilité pour raisons sociétales" affirme Laurent Charpenel. Ce dernier précise que chaque année, "250 à 300 couples corses" se rendent dans les centres continentaux pour réaliser une fécondation in vitro (FIV). La raison principale : la baisse de la fertilité. Récemment, l’OMS déclarait dans un rapport qu’une personne sur six est touchée par l’infertilité dans le monde. Aujourd'hui, Laurent Charpenel insiste sur l'importance d'un tel centre sur l'île. "La population corse n'est pas logée à la même enseigne que les autres territoires en termes d'accès aux soins et à la PMA, regrette-t-il. Selon lui, "les couples corses font moins de tentatives de FIV que les continentaux, en raison de toute la logistique et la difficulté d'accès."