Assises de Bastia : un détenu jugé pour l'agression à l'arme blanche de deux gardiens de la prison de Borgo

À partir de ce lundi 15 novembre, Morad Akaouch, 32 ans, est jugé devant la cour d'assises de Haute-Corse pour tentative d'assassinat sur deux surveillants du centre pénitentiaire de Borgo. L'agression était intervenue en pleine mobilisation des agents pénitentiaires pour davantage de sécurité.

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Le 19 janvier 2018, Morad Akaouch, détenu au centre pénitentiaire de Borgo, agresse deux surveillants à l'arme blanche. Selon des témoins, l'homme de 32 ans s'est "drapé d'un drapeau palestinien" et a crié "Allah Akbar".

L'agression intervient deux jours après l'attaque, par un détenu jihadiste, de trois gardiens à Vendein-le-Vieil (Pas-de-Calais) qui déclenche un vaste mouvement national de grève, avec jusqu'à 120 établissements pénitentiaires bloqués sur 180.

"Enquête pour radicalisation"

Selon les éléments de l'enquête lancée par la procureure de la République de Bastia d'alors, Caroline Tharot, Morad Akaouch "faisait l'objet d'enquête pour radicalisation". Le détenu est présenté comme ayant une "pratique soutenue de la religion musulmane" mais qui n'a "jamais essayé d'entrer en contact avec des groupes terroristes" et a "dénoncé avec un ancien détenu les attentats qui donnaient une mauvaise image de l'islam". "Cette suspicion de radicalisation est démentie par notre client", précise Me Lola Dubois qui assure la défense de Morad Akaouch avec Me Yassine Maharsi.

Jugé jusqu'au 19 novembre devant la cour d'assises de Bastia où il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, il est accusé d'avoir "tenté de donner volontairement la mort" avec préméditation à deux gardiens de prison qu'il a blessés à de multiples reprises à la tête, au niveau des cervicales et des clavicules, "des zones vitales" selon l'accusation.

Celle-ci pointe des écoutes téléphoniques montrant qu'il a demandé à sa compagne de l'époque de "lui procurer un couteau en céramique". "Son comportement dans les instants précédant les faits", mis en évidence par les images de vidéosurveillance, "démontre suffisamment le projet qu'il avait", estime l'accusation pour qui les deux gardiens "ne doivent leur survie qu'à l'intervention d'autres détenus".

"Un accès de colère"

Sans contester les agressions, l'accusé a affirmé lors de l'instruction que son acte n'était pas prémédité et dément avoir eu "l'intention de tuer", évoquant "un accès de colère" lié au traitement que lui faisait subir les gardiens notamment lors d'une fouille de sa cellule, la veille des faits.

Il accusait notamment les agents agressés d'avoir "marché sur son lit" et assurait s'être vu refuser des soins. Pour Me Lola Dubois qui rejette "toute préméditation", son acte "peut peut-être se comprendre par une forme de pression qui a été exercée pendant quelques années". "Notre souhait est qu'il puisse être jugé sereinement, qu'il puisse s'exprimer et enfin être confronté aux parties civiles", ajoute-t-elle. "Il est important que les deux gardiens agressés puissent s'exprimer et que la justice juge ces faits à l'aune de leur gravité et de la souffrance endurée par ces fonctionnaires de l'administration pénitentiaire", a déclaré, l'avocat de l'un des deux gardiens, Me Jean-Sébastien De Casalta.

Morad Akaouch était détenu au moment de l'agression pour une condamnation en appel en novembre 2015 à huit ans de prison pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

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