C'est un vieux problème insulaire que cette l'association Cambià Avà veut porter. On estime entre 15 000 et 25 000 le nombre d'animaux en divagation en Corse et les dégâts causés par ces derniers sont nombreux.
C'est sur les hauteurs de Bastia, dans le quartier de l'hôpital que vit Maryline. Le samedi 7 novembre 2020, il est 10h30 quand elle décide faire "quatre pas" pour "entretenir sa forme" en face de sa villa, mais la ballade tourne court. À 30 mètres de chez elle, Maryline se fait "agresser" par un troupeau de vaches et taureaux en divagation.
"Agressée" par un troupeau de vaches et de taureaux
La suite, ce sont de longs séjours à l'hôpital et plusieurs opérations aux genous, à Bastia et sur le continent. "Je viens de rentrer chez moi mais je suis toujours en hospitalisation de jours" précise celle qui officiait en tant que directrice dans une école avant cet accident.
Aussi spectaculaire que demeure cet accident, il n'est pour autant pas un cas isolé en Corse. La divagation d'animaux est à l'origine d'accidents directs comme pour Maryline, mais aussi d'accidents de voiture, parfois mortels.
"La divagation des animaux c'est un vieux problème en Corse, reconnait Dumè Moneglia, ami de Maryline et trésorier de l'associaiton. On en parle que de manière sporadique le jour où il y a un accident, que cela soit un accident de voiture, ou comme la semaine dernière quand un jeune à moto a percuté une vache dans Bastia. Jusqu'à présent aucune association de ce type n'existe."
"Les animaux au bord des routes c'est très bien pour les touristes, ça fait maintenant partie de la carte postale corse, mais derrière il y a des morts" appuie Maryline Taddéi en brandissant une photo de ses blessures.
Recueillir des témoignages et porter la voix des victimes
Alors, pour aller de l'avant et passer au-delà des blessures physiques et morales causées par l'accident, Maryline et ses proches ont crée une association. Son inscription à la Préfecture est toute récente, c'était le 21 mars dernier. "Quand ils m'ont vu dans un fauteuil roulant trois mois après mon accident, mes amis m'ont dit +Maryline tu vas te relever on va t'aider+, moi j'étais démoralisée. Ils m'ont dit +on va faire changer les choses, on va faire une association+. C'est pour ça qu'elle s'appelle Cambià Avia" développe la Présidente de Cambià Avà.
Créer cette association fait alors office de thérapie autant que de prévention. Car l'association souhaite fédérer autour d'elle et recevoir les témoignages d'autres victimes pour porter leur voix et interpeller les autorités compétentes.
"Nous ne voulons pas abattre des animaux, nous voulons trouver des solutions avec les élus, s'exclame Maryline Taddéi. Je pense par exemple à la création d'enclos ou de fourrière mais je ne veux pas qu'on abatte les animaux"
La possibilité d'abattre des animaux en divagation
"L'objectif de cette association n'est pas de s'opposer au monde agricole, précise d'emblée Dumè Moneglia pour confirmer les propos de son amie. Sa démarche s'inscrit dans le respect de l'intérêt de l'animal et de l'humain. Le premier objectif c'est d'éveiller les consciences, de manière populaire. Mais surtout d'interpeller les responsables de différents niveaux. Le premier responsable d'une commune c'est son maire et des moyens sont mis à sa disposition notamment dans le code rural".
Selon les derniers chiffres communiqués par la Préfecture de Corse en 2019, 15 000 à 25 000 animaux en divagation seraient recensés sur l'île. L'abattage des ces animaux est maintenant possible sur décision administrative. Il est en revanche strictement encadré. Il ne peut s'agir que d'animaux non-pucés et donc dénués de propriétaires.
L'abattage se fait ensuite par l'intermédiaire de personnes assermentées. À Bastia la ville précise que ces exécutions se font avec louvetiers de la Préfecture de Haute-Corse. Dans certaines communes insulaires, des maires ont déjà pris la décision d'abattre des bovins en divagation.
Pour contacter l'association : cambiava@gmail.com