Sur les sept derniers jours, 12 cas positifs à la Covid-19 on été recensés parmi les élèves du lycée Giocante de Casabianca, à Bastia. Des contaminations qui se seraient effectuées durant les vacances scolaires, assure le proviseur. Mais plusieurs élèves indiquent être inquiets pour leur sécurité.
Il est un peu plus de 9h30, ce vendredi 6 novembre, et Stella, Arthur, Thomas et Erwin s'apprêtent à rentrer en cours.
Inscrits au lycée Giocante de Casabianca à Bastia, les quatre amis se sont retrouvés sur les bancs à quelques mètres de l'entrée de l'établissement. Elle est en terminale, eux en classe de première, et pour tous, il n'était pas question de sécher les classes pour la journée.
Pourtant ils l'assurent : avec l'épidémie de Covid-19, et les risques d'être contaminés, ils ne se sentent plus en sécurité au lycée."Dans la cour de récrée, on a été séparés en trois groupes, mais ce n'est pas forcément bien respecté. Les classes ne sont pas forcément bien désinfectées non plus, souffle Stella.
"Et puis entre le plan Vigipirate et le plan sanitaire, il y a beaucoup de mesures qui se contredisent : le matin, on nous interdit de rester devant les grilles du lycée avant la sonnerie, donc tous les élèves sont regroupés dans une même pièce, sans distanciation physique."
La jeune fille cite également un exemple tout récent : "Lors de l'hommage rendu à Samuel Paty, on était tous collés dans la cour. Au départ, on s'était tous écartés pour respecter la distance de sécurité, mais le proviseur nous a demandé de nous rapprocher les uns des autres."
64 élèves testés positifs en Corse sur les sept derniers jours
En Corse, sur les sept derniers jours, 64 élèves ont été testés positifs à la Covid-19. Et 12 d'entre eux sont justement élèves au lycée Giocante de Casabianca. Au total, l'établissement accueille 1.200 étudiants."Forcément, ça nous inquiète, admet Arthur. Pas vraiment pour nous, comme nous ne sommes pas un public à risque mais pour nos familles. Ma mère a été malade, donc je fais encore plus attention."
À côté de lui, son ami Thomas dit lui se faire du souci pour son beau-père, qui souffre de problèmes cardiaques. "Du coup, j'ai peur de lui transmettre."
Les élèves indiquent avoir entamé, depuis la rentrée scolaire de la Toussaint, des discussions sur ce sujet avec leurs professeurs et l'administration de l'établissement. "On a eu des échos de professeurs et surveillants comme quoi ils seraient avec nous" glisse Stella.Forcément, ça nous inquiète. Pas vraiment pour nous, comme nous ne sommes pas un public à risque mais pour nos familles.
Mais ils regrettent un manque de soutien de la part de leur proviseur, Jean-Martin Mondoloni.
"On était passés le voir en avance pour lui annoncer qu'on voulait mettre en place un blocus, mardi 3 novembre, et il nous a dit qu'il comprenait et soutenait notre action. Mais le matin même quand on a mis les palettes, il a finalement interdit le blocus" raconte Arthur.
Des blocages partiels ont été organisés dans plusieurs lycées corses ce matin, comme ici, au Fango, à Bastia. Les élèves concernés estiment que le protocole sanitaire mis en place n'est pas suffisant pour assurer leur sécurité. Ils demandent un enseignement distanciel. pic.twitter.com/pjCBUtzfFv
— France 3 Corse (@FTViaStella) November 3, 2020
"Le premier protocole sanitaire a bien fonctionné"
Le proviseur, Jean-Martin Mondoloni, estime lui "qu'il faut voir quelque chose de louable dans les intentions" des élèves qui se mobilisent pour réclamer des évolutions du plan sanitaire."Il faut prendre le temps d'expliquer que les choses vont évoluer, et que le premier protocole sanitaire a bien fonctionné."
Plus encore, ajoute le proviseur, qui s'appuie sur des enquêtes menées par l'Agence régionale de la santé, "c'est dans la sphère privée très souvent et dans la prise de risque de certains adolescents qu'on trouve l'origine des cas Covid, et moins dans les établissements scolaires, où ils sont davantage protégés."
D'autant plus qu'après les annonces du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, le 5 novembre, le protocole sanitaire va désormais être renforcé : "dès ce matin on va mettre en place un protocole visant à terme à accueillir la moitié des élèves dans l'établissement".C'est dans la sphère privée très souvent et dans la prise de risque de certains adolescents qu'on trouve l'origine des cas Covid.
Une partie de l'enseignement sera ainsi observé à distance, à condition que les élèves soient présent 50% du temps. Un dispositif qui devrait se prolonger au minimum jusqu'aux prochaines vacances scolaires.
Un bon début, mais pas suffisant pour Arthur, élève en première. Pour lui, les cours devraient être entièrement dématérialisés. "On comprend bien que c'est plus compliqué pour les professeurs, mais c'est plus sûr".
Des contaminations "qui ont précédé la rentrée scolaire"
Les 12 cas Covid recensés depuis lundi dans son lycée, assure le proviseur, "sont relatifs aux prises de risque qui ont précédé la rentrée scolaire, pendant les vacances."Charge maintenant à l'établissement de faire en sorte de "casser" ces chaînes de transmission.
"On met tout en œuvre pour y arriver : c'est le cas dans les cours de récréation, lors du service de demi-pension, et dès la semaine prochaine dans les conditions d'accueil généralisées des élèves."La priorité des priorités aujourd'hui, c'est de créer des conditions d'accueil qui fassent prendre le moins de risques possibles aux enfants.
"La priorité des priorités aujourd'hui, c'est de créer des conditions d'accueil qui fassent prendre le moins de risques possibles aux enfants, tranche Jean-Martin Mondoloni. Parce que derrière les enfants, il y a des adultes, et encore derrière, des personnes âgées."
Nouveau blocus annoncé
Les élèves du lycée de Giocante de Casabianca entendent organiser un nouveau blocus, à 12h30, ce vendredi 6 novembre.Une représentante du mouvement Ghjuventù Libera pourrait également s'entretenir avec le proviseur en début d'après-midi.
Aucune campagne de tests de dépistage globale des élèves du lycée n'a pour l'heure été annoncée.