Découverts en 2011 par 100 mètres de fond au large du Cap Corse, ces immenses dessins jamais observés ailleurs soulèvent de multiples questions. Une nouvelle mission scientifique tente d'y apporter des réponses.
"La vraie nouveauté cette année, c'est que nous avons compris que pour comprendre ces anneaux, il faut s'intéresser à leur écrin : où se trouvent ces anneaux, sur ce plateau qui est dans la continuité du cap Corse. Le cap Corse au final, il fait le double de ce que l'on croit. On a la même avancée sous l'eau à 100-150 mètres de profondeur" explique Laurent Ballesta, l'explorateur et biologiste qui mène cette nouvelle expédition scientifique.
Une dimension presque surnaturelle
1137 anneaux de corail de 30 mètres de diamètre chacun ont été dénombrés à cette profondeur au large du cap. D'immenses dessins dans une eau limpide, très intrigants. Des formes parfaitement circulaires, résultat d'une évolution géologique encore indéterminée, qui soulèvent une multitude de questions : "Quand on les voit il y a tout de suite une dimension presque surnaturelle. Une telle géométrie, une telle organisation, le fait qu'ils soient tous similaires. Ces anneaux sont très probablement l'empreinte de quelque chose de plus ancien. Ce quelque chose, est-ce que c'est toujours vivant ou est-ce que c'est inerte ? Et quel âge ça a ?" s'interroge l'explorateur.
Un mur de 20 mètres de haut sur plusieurs kilomètres
J'avais l'impression d'évoluer dans un décor où je ne connaissais rien (...) Il n'y avait aucun élément que j'avais vu ailleurs en Méditerranée.
Laurent Ballestabiologiste
"La position de ces anneaux est toujours liée à la proximité de grands reliefs sous-marins, poursuit-il. On a plongé encore il y a deux jours et j'avais l'impression d'évoluer dans un décor où je ne connaissais rien. C'est un mur, un tombant, une falaise sous-marine de 20 mètres de haut qui court sur plusieurs kilomètres, dont le sommet est une bande de gorgones peigne, avec une architecture très précise, qui forme un cocon presque surréaliste. Sur les pentes de ce tombant on a du corail noir. Et quand on arrive au pied du tombant, on a des forêts de gorgones fouet à une seule branche jaune en forme de point d'interrogation. Il n'y avait aucun élément que j'avais vu ailleurs en Méditerranée."
Un écosystème unique au monde
Les scientifiques qui ont plongé sur le site s'accordent à dire qu'il est non seulement unique en Méditerranée, mais que rien de tel n'a encore jamais été observé dans aucune mer du globe.
"À chaque fois qu'on y va on trouve des choses nouvelles. Il va falloir qu'on les protège. Je ne sais pas encore exactement comment. Mettre en place une délimitation spécifique au moins, pour que même de manière exceptionnelle on ne puisse pas entrer autour des anneaux. Et on fera tout ce qu'il faut pour une meilleure connaissance" assure Maddy Cancemi, directrice déléguée du Parc Marin du Cap Corse et de l'Agriate.
Le 7 novembre prochain, un séminaire scientifique permettra de rassembler toutes les données collectées jusque-là sur ce site exceptionnel, afin d'en réaliser une synthèse.