Il y a le festival d’Angoulême et il y a les Rencontres de la Bande-Dessinée et de l’Illustration de Bastia ! En 30 ans, cet événement est devenu une référence du 9e Art. "Le Mag XXL" a installé ses caméras dans le péristyle du Théâtre municipal pour une émission spéciale : coulisses, programmation de l’édition 2023, actualité des auteurs… Laurent Simonpoli et ses invités vous donnent rendez-vous vendredi 31 mars à 20h45 sur ViaStella.
Après les 40 ans du festival Arte Mare en octobre dernier, "Le Mag XXL" met en lumière un autre anniversaire qui marque la vie culturelle insulaire et fait rayonner la Corse sur le plan international. Pour parler des 30 ans des Rencontres de la Bande-Dessinée et de l’Illustration de Bastia, Laurent Simonpoli accueille la directrice du Centre Una Volta et organisatrice de l’événement. Juana Macari évoquera le chemin parcouru, la place de ce festival dans le paysage culturel insulaire, la richesse de l’édition 2023 et les perspectives d’avenir.
Elle sera accompagnée par deux «spécialistes» passionnés de BD :
Philippe Jean Catinchi, journaliste culture au Monde depuis 1994 et Jean Christophe Ogier, un des premiers à parler de BD sur l’antenne de Radio France. Habitué du festival de la BD de Bastia, pour lequel il s’est occupé d’organiser pendant un temps les rencontres avec le public, Jean-Christophe Ogier est à l’origine de la création du prix France Info de la BD d’actualité.
Plusieurs auteurs de BD présents au festival seront en plateau pour évoquer leur actualité
Benjamin Bachelier - qui a signé l’affiche du festival - Loo Hui Phang et Stéphane Melchior, ses scénaristes, et son éditeur Louis Antoine Dujardin nous présenteront l’album Oliphant aux éditions Gallimard. Une histoire de survie, aux confins du monde, inspirée de l’expédition en Antarctique d’Ernest Shackleton en 1916. Cet album a pu voir le jour grâce à la rencontre entre Benjamin Bachelier et Loo Hui Phang à Bastia en 2016.
Jérémie Moreau viendra nous parler de son premier ouvrage jeunesse La Chambre de Warren aux éditions Albin Michel Jeunesse, un conte écologique dans lequel les animaux s’allient pour adoucir la colère du dieu Pan.
Nadia Gibert, responsable éditoriale chez "Rue de Sèvres, qui édite Zep
L’humour candide et poétique de José Parrondo, auteur de BD alternative pour adultes et d’ouvrages jeunesse sera mis à l’honneur dans l’exposition collective Causa Absurda. Nous ferons connaissance avec son personnage Eggman.
Caroline Nasica, connue pour ses anecdotes drôles, dramatiques et tout en auto-dérision sur Instagram a choisi le festival de la BD de Bastia pour dévoiler en avant-première les planches de son album à paraître chez Dargaud, Zia Zinzin, l’histoire de sa famille corse composée de personnages hauts en couleur.
Le sérigraphe genevois Christian Humbert Droz sera accompagnée d’André-Louis Quinton-Gaffory du collectif corse Pi2K2 pour la parution de la nouvelle formule de la revue Drozophile
Laurie Agusti, illustratrice et autrice, et Vanina Mazzoni, professeur de français à l'établissement Saint Joseph de Bastia, évoqueront les projets menés par une classe de 6e qui a donné lieu à la sortie d’un album intitulé Six fantômes.
Tout savoir sur l’édition 2023 : ZEP et Catherine Meurisse en têtes d’affiche, l’humour absurde comme thème de l’exposition collective "Causa Absurda" et la convivialité comme fil conducteur
Depuis sa création, le Festival de la BD de Bastia a proposé plus de 300 expositions d’auteurs, mis à l’honneur 18 pays, dont l’Argentine, l’Espagne, la Chine, les Etats-Unis, la Norvège, etc…, invité 500 auteurs et a initié au 9e Art près de 4000 scolaires.
Avec pour thème fil rouge L’humour absurde, cette 30e édition va rassembler plus de 25 autrices et auteurs aux styles éclectiques. Parmi eux, des grands noms comme Catherine Meurisse, dessinatrice de presse et première autrice de BD membre de l’Académie des beaux-arts ou ZEP, le papa de Titeuf qui fera le déplacement à Bastia pour la 1ère fois !
Au festival de la BD de Bastia, pas de séances de dédicaces, c’est la convivialité qui est le maître-mot des échanges. Au programme, une quinzaine d’expositions gratuites, dont la plus importante "Causa Absurda" regroupe 11 artistes, dans 6 différents lieux de la ville et des rencontres sous forme de café-discussion entre auteurs et public. Il y a aussi des ateliers, destinés aux scolaires mais aussi au grand public, qui sont organisés pour découvrir les pratiques artistiques et l’univers des auteurs.
A noter enfin, une librairie éphémère qui permet d’acquérir les ouvrages des auteurs invités au festival.
Le saviez-vous ?
- L’association "Una Volta", fondée en 1977 par Dominique Mattei, fut d’abord une MJC - maison des jeunes et de la culture - avant de devenir un centre culturel en 1996. C’est également dans ce lieu que, en 1981, voit le jour la première galerie d’art contemporain en Corse.
- En 1994, la première édition du Festival de la BD de Bastia, alors appelée exposition, était consacrée à la bande dessinée italienne. Une personnalité prestigieuse, disparue en 2015 dans l’attentat de Charlie Hebdo, a participé à l’inauguration de l’événement : Georges Wolinski était invité pour exposer mais aussi car c’est lui qui a introduit en France la nouvelle vague de la BD italienne.
- Dans l’album "Les Ignorants" publiée chez Futuropolis en 2011, le dessinateur Etienne Davodeau insère dans son récit autobiographique une référence au festival de la BD de Bastia. En effet, deux amis, l’un vigneron et l’autre dessinateur vont, pendant une année, partager leur passion et leurs expériences professionnelles pour au final mieux se connaître. L’un des lieux où l’auteur de BD emmène son ami vigneron pour lui apprendre son métier, c’est le festival de la BD de Bastia.
Découvrez l'histoire de la BD en Corse dans le documentaire "Corse, de cases en bulles, e buscighe"
Pour prolonger votre soirée autour de la bande dessinée, ViaStella vous propose de découvrir juste après le Mag XXL à 21h50, le documentaire "Corse, de cases en bulles, e buscighe".
Les réalisateurs David Olivesi et Maeva Gannac remonte le fil de l’histoire de la bande dessinée en Corse : un demi-siècle qui a vu naître des œuvres multiples qui s’inscrivent dans l’évolution de la société insulaire et s’en font l’écho. Ils sont partis à la rencontre d’auteurs, interrogeant leur vision, leurs idéaux et leurs travails.
On peut notamment citer Histoire de la Corse en bande dessinée, 5 tomes à destination des enfants, écrits par Lisa D’Orazio et Frédéric Bertocchini. À partir de sources historiques validées par des spécialistes – les historiens Antoine-Marie Graziani, Jean-Marie Arrighi et Michel Vergé-Franceschi -, les auteurs ont voulu raconter l’histoire de l’île, de la Préhistoire à nos jours, de manière ludique, à travers les aventures de deux enfants, Natale et Serena. Frédéric Bertocchini est d’ailleurs un habitué des bandes dessinées en lien direct avec l’histoire de la Corse, puisqu’il a également réalisé les albums Aio Zitelli, témoignage du rôle des soldats insulaires au début de la Grande Guerre ou encore Aleria 1975, qui relate les événements qui ont mené à la création du FLNC.
Autre regard, autre style, celui du divertissement et en la matière l’offre est plutôt diversifiée. Des mésaventures d’un super héros maladroit dans La Trainée jaune de Comicswood de Lisandru Ristorcelli, au sarcasme de Ziu Memé de Jean Lacombe et Dumè Gambini, en passant par l’onirisme des croyances séculaires dans Mazzeru de Jules Stromboni, des thèmes qui dépeignent tous les pans de la société insulaire, ses problèmes, ses angoisses, son identité et sa singularité.
Le documentaire "Corse de cases en bulles, e buscighe" engage un dialogue entre la bande-dessinée corse et le milieu qui l’a vu s’épanouir ; un dialogue entre l’Art et le Réel.
Corsica Comix, un label dédié à la BD Corse
En 2005, le dessinateur Frédéric Federzoni crée le personnage Petru Santu. Avec sa casquette, sa moustache, sa barbe et sa canne, ce vieux corse plein d’humour a un avis satirique sur les grands débats de notre société, loin des clichés et stéréotypes attribués à la Corse et aux corses.
En 2010, il fait le constat que la Corse regorge de talents et qu’aucune structure n’existe pour valoriser la BD insulaire et la rendre visible au-delà des frontières de l’île. C’est comme ça que le label Corsica Comix a vu le jour, une maison d’édition localisée à Ajaccio spécialisée dans la bande dessinée et le livre jeunesse.
A ses côtés, on retrouve une pléiade d’auteurs : Antona et Juliette Derenne alias Derji, qui signent Le Fleuriste, un polar se déroulant en Corse ; Desideriu, scénariste de la collection Petru Santu ; Frédé, papa du Docteur Strappacazzu, les aventures du premier médecin de l’île de Beauté, 6200 ans avant Jésus-Christ ; Léa Maurizi, pour les albums Back to Paese un roman graphique humoristique sur les relations entre Corses de la diaspora et corses restés au village ; Le p’tit Dumè de Nino, un enfant plein d’énergie et facétieux qui sème la zizanie dans le village de "Macagna" ; Sorlin a quant à lui créé Razorbacu, le sanglier le plus malchanceux de Corse à l’image du célèbre "Vil Coyote" et enfin Serge Micheli avec Korsis, une aventure fantastique qui se déroule au cours de l’âge du Bronze en Corse.
Un auteur, plus discret mais très talentueux, marque aussi l’histoire de la BD en Corse, par son style épuré et ses scénarios sur la condition humaine : Philippe Antonetti. Le Bocognanais au mille parcours est notamment peintre, illustrateur, dessinateur d’audience et bédéiste. Il a réalisé en 2018 Corsica 1919, un antru chemin des dames, 4 tomes consacrés à l'absurdité de la Première Guerre mondiale à travers le parcours de deux jeunes hommes au lendemain de ce conflit.
En 2021, son album Bonaparte Fora ! A scappata bucugnanesa revient sur un passage important de l’histoire de la Corse et de la vie de Napoléon, celui où le futur Empereur et sa famille furent chassés de l’île par les partisans de Pasquale Paoli au printemps 1793.
Enfin, le genre du dessin de presse est aussi représenté en Corse. On peut ainsi citer Battì Manfruelli qui croque l’actualité insulaire, nationale et internationale depuis plus de 40 ans mais aussi la nouvelle génération avec Julien Osty, dont les dessins plein d’humour sont à retrouver régulièrement dans le Journal de la Corse, mais aussi plus récemment dans deux ouvrages réalisés en collaboration avec l’humoriste Jarry.
Mais au fait, qui a inventé la première BD ?
Si on part du principe que la bande dessinée est une série de dessins qui raconte une histoire, alors les peintures rupestres sont les premières BD de l'humanité ! À votre avis, qui a créé pour la première fois une histoire dessinée dans des cases, à l'image des albums que nous aimons tant lire ?
C'est un suisse, Rodolphe Töpffer, qui en 1830 a écrit "l’histoire de Monsieur Jabot", une littérature en estampes inspirée par Le Bourgeois gentilhomme. L'histoire met en scène une sorte de bouffon sot et vaniteux qui, pour s'introduire dans le beau monde, en singe maladroitement les manières.