Pour la première fois en près de quatre décennies, le festival italien a dû faire sans le théâtre municipal de Bastia, décor des grandes heures de son histoire. Mais l'événement a su s'adapter, pour le meilleur.
"Pour une fois je suis satisfait de m'être trompé", sourit Jean-Baptiste Croce. "Après 36 ans dans le centre-ville, où on avait fidélisé un public, j'avais peur qu'il y ait moins de monde dans les quartiers Sud, mais à mon étonnement, ce n'était pas le cas".
L'édition 2024, pour le président du festival italien de Bastia et son équipe, avait un goût un peu particulier. La fermeture du théâtre municipal pour travaux a contraint l'événement à se réinventer. Le théâtre était en effet le cœur battant du festival, où se déroulaient tous les moments majeurs, et où étaient diffusés nombre de films.
Déménagement
Pour faire face à ce bouleversement d'importance, Jean-Baptiste Croce savait qu'il pouvait compter, cette année encore, sur le cinéma le Studio, mais cela ne suffisait pas. Il a alors décidé de faire appel à d'autres salles, celle du Régent et celle de l'Alb'Oru, à Lupinu, pour les films en soirée, qui attirent le plus de monde.
Pour autant, "le théâtre, c'est plus de 800 places, et l'Alb'Oru, c'est 312 places..." Alors, pour satisfaire les amateurs de cinéma italien, et que tout le monde puisse voir les films de son choix, le festival a prolongé sa durée d'une semaine.
Même s'il est trop tôt pour tirer un bilan chiffré de la fréquentation, alors que les dernières séances seront programmées ce week-end, l'audace de ces bouleversements a semble-t-il payé. "J'ai même été surpris, de croiser de nombreux spectateurs et spectatrices que je ne connaissais pas. Je me suis renseigné, et il s'avère que ce sont des gens qui viennent du sud de Bastia, de Lucciana, de Borgo et de Biguglia. Un nouveau public que, j'espère, nous avons réussi à fidéliser".
On veut être un festival où les gens savent qu'ils se divertiront, et qu'ils s'enrichiront également de la culture et de la diversité d'autrui
Jean-Baptiste Croce
Et puis au-delà de l'affluence constatée depuis des années, qui fait du festival italien de Bastia le deuxième de France en terme de fréquentation, ce qui est important, c'est "la belle atmosphère, la belle ambiance, que l'on a retrouvées cette année encore, malgré les modifications", souligne Lydia Morfino-Murati, coordinatrice du festival. "Pour nous, c'est déjà gagné".
"Si le festival a du succès", complète Jean-Baptiste Croce, "c'est grâce à cette convivialité. On veut donner des moments de bonheur aux gens qui viennent voir les films. On veut être un festival où ils savent qu'ils se divertiront, et qu'ils s'enrichiront également de la culture et de la diversité d'autrui".
L'année prochaine, il y a de fortes chances qu'après ce premier essai concluant, la formule soit conservée. Les travaux au théâtre de Bastia doivent durer plusieurs années.