Depuis ce week-end, la rumeur courait. C'est désormais confirmé. Plusieurs listes circulent désormais sur les réseaux sociaux, recensant les noms de présumés agresseurs sexuels. La justice a été saisie.
La vague impressionnante de témoignages sur Twitter, signés par des victimes d'agressions sexuelles, n'a pas tardé a provoquer des remous.
Certains souhaitables, et salvateurs.
D'autres, plus problématiques.
Un pseudo Hall of Fame de la honte
Depuis ce week-end, jeunes et moins jeunes, à travers la Corse, font circuler plusieurs listes par sms et par les réseaux sociaux.
Sur ce pseudo hall of fame de la honte, près de cent noms d'auteurs présumés de ces agressions.
Le problème, c'est que rien n'indique que ces listes soit fiables.
Nous avons contacté les deux jeunes femmes qui, sur Twitter, ont lancé un appel aux victimes pour qu'elles leur communiquent les noms de leurs agresseurs, et qui ont constitué une liste.
Et elles ne décolèrent pas.
"On se tue à dire que ce n’est pas la nôtre ! Elles n'ont aucun lien avec elle! Ca a été fait à notre insu, dans notre dos, avec des noms de gens de Bastia qui n'ont rien à voir. Et ça nous porte préjudice, ils ne sont pas contents et ils ont raison. Ces listes sont fausses".
De leur côté, elles se sont bien gardées de rendre public quoi que ce soit, malgré leur désir de revanche. Bien décidées à s'assurer qu'il n'y a pas de risques à le faire...
Sachez que la liste qui tourne n’est pas la liste officielle et certains noms qui y figurent n’ont rien à y faire. Merci d’arrêter de relayer de la merde. On se chargera de leak la vraie liste quand ce sera le moment.
— Scarlett (@GiorgiScarlett) June 7, 2020
"La justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux"
Une chose est sûre, ces noms sont jetés en pâture à la vindicte populaire, avec tous les dangers que cela comporte.
Pour la réputation des personnes accusées à tort, pour les risques encourus par ces dernières, mais également pour les coupables avérés, si des désirs de vengeance faisaient leur apparition chez les proches des victimes.
Et puis, comme le rappelle maître Célia Marcaggi-Mattei, "cela bafoue la présomption d'innocence. Il ne faut pas oublier que la justice se rend dans les enceintes des juridictions, et pas sur les réseaux sociaux".
Comme il fallait s'y attendre, certaines des personnes dont les noms apparaissent sur ces listes n'ont pas tardé à réagir.
Et plusieurs plaintes en diffamation ont été déposées auprès de Caroline Tharot, la procureure de Bastia.