En constant développement, la filière agrumes est l’un des fleurons de l’agriculture insulaire. Épargnée jusque là, elle se prépare à affronter les difficultés liées au réchauffement climatique.
La récolte du pomelo touche à sa fin, et contrairement à d’autres cultures, elle n’a pas eu à souffrir des aléas climatiques cette année."On n'a pas eu de problème de sécheresse, on a pu irriguer quand il fallait, et la récolte s'est très bien passée, sans souci particulier" constate la productrice Laura Campana, qui a récolté 750 tonnes de pomelos sur les onze hectares de son exploitation en Casinca.
Une culture en plein essor
Cultivé par 66 producteurs répartis sur 222 hectares, tous localisés sur la côte est de l’île, le pomelo est une culture ancienne, actuellement en plein essor.
L’an passé, 5.900 tonnes ont été récoltées, principalement par une main d'oeuvre venue d’Afrique du Nord, puis vendues entre mars et juin, essentiellement hors de Corse.
Un succès dû notamment à l’obtention d’une IGP en 2014. "Depuis cette obtention, il y a un engouement pour le pomelo corse, et la grande distribution s'est approprié ce fruit, et lui donne sa place" explique le président de l'IGP Pomelo de Corse Jean-Paul Mancel.
La clémentine, image de marque de la filière
Cultivée exclusivement en plaine orientale par 194 producteurs sur plus de 1 600 hectares, la production de clémentine, image de marque de la filière agrumicole corse, ne cesse de croître d’année en année.
L’année dernière, 35.000 tonnes ont été commercialisées, la quasi-totalité destinée à l’export.
Distinguée par l’Indication Géographique Protégée depuis 2007 et le label rouge en 2014, ces récompenses lui permettent de se distinguer de sa juteuse concurrente espagnole malgré des prix plus élevés, entre 3 et 6 euros le kilo.
Vers un manque d'eau ?
Satisfait des résultats actuels de la filière, Jean-Paul Mancel s'inquiète de la réduction des marges des producteurs, et surtout des conséquences attendues du réchauffement climatique sur les cultures : "On sait très bien que toutes les filières s'agrandissent, nous-mêmes nous plantons à peu près 80 hectares chaque année. A ce rythme, peut-être qu'un jour on rentrera dans des grosses difficultés en terme de ressource en eau." prévient-il.
Pomelos, clémentines, les deux agrumes participent à la renommée de l’agriculture insulaire, et font office d’exception en France, puisque la Corse est la seule région à les cultiver.