Alors que les pluies se font de plus en plus rares, le maire de Pietra-di-Verde, en Haute-Corse, s'est vu contraint de couper l'eau de 13h30 à 19h et de 21h à 7h pour les habitants, les forçant à s'adapter.
Une population qui grandit, des réserves d'eau qui s'amenuisent... Face à ce constat, la commune de Pietra-di-Verde (Haute-Corse) a dû faire un choix drastique : couper les robinets de ses administrés de 13h30 à 19h et de 21h à 7h, soit une quinzaine d'heures par jour, et ce jusqu'à nouvel ordre.
Une situation qui dure depuis le 18 juillet dernier, avec des horaires de plus en plus restrictifs.
"À l’échelle régionale le cumul pluviométrique atteint 10 mm et représente un déficit de 43 %" en juillet 2024, selon la Dreal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement), avec des nappes phréatiques montrant un niveau très bas au nord et à l'est de l'île.
Plan B pour les habitants
Alors, chacun tente de s'adapter comme il peut par ces fortes chaleurs. "Dès qu'on nous remet l'eau, je vais remplir des bouteilles dans ma salle de bains", explique Marie-Françoise Pancrazi, au micro de notre journaliste Colette Aubert. L'habitante, qui a totalement revu ses habitudes de consommation d'eau, entasse les bouteilles en plastique dans une bassine pour être sûre de ne rien perdre dans sa baignoire. Tout un rituel pour subvenir à ses besoins du quotidien.
"Elles vont me servir à arroser mes plantes les plus précieuses, chacune a le droit à un demi-litre d'eau, poursuit-elle. J'ai aussi une bassine que je peux remplir au cas où quelqu'un a très chaud, que mes petites filles ont besoin de se laver les mains, etc... On est très sobre, mais des gens ont certainement une méthode meilleure que la mienne."
J'ai tellement chaud dans la journée que j'aurais bien besoin d'un peu d'eau fraîche.
Marie-Françoise Pancrazi, habitante de Pietra-di-Verde
Mais le problème n'est pas tant l'organisation que le besoin de se rafraîchir aux heures les plus chaudes, alors que la Corse est toujours en vigilance orange canicule. Pour se doucher, Marie-Françoise Pancrazi est même contrainte d'utiliser une petite casserole pour puiser l'eau récoltée dans sa bassine et se la verser dessus. "Voyez un petit peu le charme que ça peut avoir", ironise-t-elle.
Du côté des bars restaurateurs également, il a fallu revoir l'organisation. "Les coupures tombent en plein durant nos horaires d'ouverture, alors on se débrouille en mettant de l'eau de côté et en utilisant davantage de vaisselle jetable", détaille Yannick Sartini, employé de bar-restaurant à Pietra-di-Verde.
"La fréquentation ne baisse pas pour autant, au contraire, il y a encore plus de monde à cette période de l'année, constate-t-il. On ne dirait pas, mais sans l'eau, on ne fait rien, tout comme l'électricité, que ce soit pour manger, nettoyer, faire sa toilette..." Bien que les restrictions l'empêchent de travailler correctement, il comprend tout à fait que la ville ait dû en arriver à une telle extrémité, alors que le nombre d'habitants quadruple l'été.
"Il n'a pas plu l'année dernière et très peu cette année, alors les ressources diminuent, on n'a même plus de neige, justifie Jean-Baptiste Santelli, le maire de la commune. Pour pallier cela, j'avais d'abord demandé qu’on fasse un forage en 2022, mais ça n'a pas encore été suivi. Ce que je veux, c'est maintenir un certain niveau de hauteur d'eau dans le réservoir au cas où on aurait un problème, comme une coupure de courant, ce qui est déjà arrivé."
Faute de pluies, les habitants misent beaucoup sur le forage en construction à la sortie de la commune pour éviter une pénurie d'eau en septembre prochain.