Statut de résident, co-officialité de la langue, Constitution: qu'a dit Emmanuel Macron à Bastia ?

Le président de la République a fait plusieurs annonces lors de son discours au centre culturel Alb’Oru à Bastia. Il s’est opposé au statut de résident corse et à la co-officialité de la langue mais est favorable à l’inscription de l’île dans la Constitution.

Sa prise de parole était très attendue ce mercredi 7 février au centre culturel Alb’Oru à Bastia. Emmanuel Macron s’est exprimé pendant une heure, sur sa vision de l’île et de son avenir politique et économique. Un discours qui ne répond pas suffisamment aux principales attentes de l’exécutif de Corse.

Tout au long de son allocution, le président a insisté sur la « spécificité » de la Corse, « au sein de la République » :

Ma conviction, c'est que la Corse est au cœur de la République, et qu'elle doit y construire son avenir, tout en prenant en compte ses spécificités.

Détail pas vraiment anodin, de ce discours : aucun drapeau corse n’était présent derrière le président.


Pas de statut de résident, pas de co-officialité de la langue


Cela faisait partie des principales demandes de la part des nationalistes mais Emmanuel Macron a douché leurs espoirs. Alors qu’il évoquait la problématique du logement sur l’île, il a estimé:

L'accès au logement est devenu un problème endémique dans l'île. Mais la mise en œuvre d'un statut de résident n'est pas la bonne solution. Elle serait contraire à notre Constitution et au droit européen.

Idem pour la co-officialité de la langue. Si le président approuve le bilinguisme, il n’ira pas plus loin :

Le bilinguisme, ce n'est pas la co-officialité. [...] La défense légitime de la langue corse ne peut pas mener à l'entre-soi. Il y a une langue officielle : c'est le français.

Le chef de l’Etat a rappelé l’investissement de 9 millions d’euros pour développer le binlinguisme :

Pas une seule autre langue dans la République n’est autant soutenue par l’Etat français


Une probable inscription dans la Constitution


Sur la question de l’inscription de la Corse dans le texte de la Constitution, le président s’y est dit « favorable ». Il a annoncé des discussions sur ce sujet dans le mois à venir, dans le cadre du projet de révision constitutionnelle qui aura lieu au printemps.

S’il n’a pas arrêté l’article dans lequel il souhaite inscrire cette mention, il a fait référence avec insistance à l’article 72.



Plus de fiscalité locale, moins de dotations


Sur la fiscalité, il a prévenu que si « des formes de fiscalité locale » pouvaient être développées, elles s'accompagneraient de « baisses de dotation parallèles », assurant qu' « il n'y a(vait) pas de finances magiques » :

Comment souhaiter une autonomie fiscale et en même temps demander encore plus à la solidarité nationale ? Comment vouloir que la ressource fiscale soit affectée à un territoire et demander la solidarité nationale pour la dotation ? Ca n'existe pas.


Vers une réforme de la loi littoral


M. Macron s’est engagé à simplifier la réglementation pour mettre fin aux "situations ubuesques" liées à la loi Littoral en Corse, citant notamment le cas de la maire de Piana :

Je vous donnerai la possibilité d'adapter ces réglementations pour qu'elles soient plus intelligentes.


Et aussi : PEI, emploi, environnement, politique méditerranéenne, couverture 4G


D’autres annonces ont été faites, plus vagues ou concernant aussi bien la Corse que les autres régions françaises.

Concernant le chômage élevé sur l’île, Emmanuel Macron a fait une annonce assez vague, demandant  « un diagnostic et des propositions concrètes conduisant soit à des dispositifs adaptés soit à des adaptations législatives ». Il a mentionné à plusieurs reprises la jeunesse, au cœur de ses préoccupations.


Le président a par ailleurs confirmé le prolongement du Programme exceptionnel d’investissement (PEI) de 400 millions d’euros, jusqu’en 2020.

Côté environnement, le chef de l’Etat a insisté sur l’importance la protection des littoraux et des montagnes, de la ressource en eau, du développement de la biodiversité. Plus loin, il indique :

Je souhaite que la Corse soit le territoire pionnier du tourisme durable.

Concernant la situation géographique de l’île, il a affirmé vouloir faire de la Corse « la pointe avancée de la politique méditerranéenne de la France ». Il souhaite développer les mobilités des étudiants corses et les partenariats entre les universités.

Enfin, au sujet de la couverture mobile :

La Corse, comme tous les territoires bénéficiera du plan négocié par le gouvernement avec les opérateurs pour garantir une couverture totale d'ici 2020 [notamment en 4G].

Hormis son discours sur l’inscription de la Corse dans la Constitution, les propos d’Emmanuel Macron n’ont donc pas été à la hauteur des attentes des élus nationalistes. Ceux-ci n’auraient d’ailleurs pas applaudi le président de la République.

Retrouvez l'émission spéciale de ViaStella sur le discours d'Emmanuel Macron à Bastia:

 

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