À Furiani, plusieurs habitants ont découvert des morceaux de saucisses fourrées de vis. De la viande "piégée" pour blesser voire tuer leurs chiens. Des plaintes ont été déposées au commissariat de Bastia.
Stéphanie est encore sous le choc. Ce mardi matin, alors que la jeune femme jouait dans son jardin avec son chien Scooby., un croisé border Collie, elle remarque son attitude étrange autour de sa voiture. Elle pense qu'un autre animal se cache sous le véhicule et se penche pour vérifier par elle-même.
"Là, je découvre un morceau de saucisson avec quatre vis à l'intérieur. Je comprends tout de suite qu'on a voulu tuer Scooby", s'alarme-t-elle. Elle alerte directement ses voisins du lotissement privé Bella Vista, sur les hauteurs de Furiani.
"Un acte de cruauté"
Par chance, Stéphanie est vétérinaire. Elle prend les choses en main et se dirige vers la maison de sa voisine, qui habite juste en face de chez elle. Dominique a une jeune chienne, Ulia, un border Collie d'à peine un an. Les deux femmes en sont certaines : leurs deux chiens ont ingurgité des morceaux de viande.
Dans la matinée, Stéphanie récupère tous les chiens de la résidence et les amène dans sa clinique vétérinaire à Lucciana. Elle leur fait passer des radios. Le bilan tombe : le chien de Stéphanie a avalé 32 vis, celle de Dominique a une vis à l'intérieur de l'estomac.
"Je n'ai pas de mots pour décrire ce qu'on a fait vivre à nos animaux. Ce sont des membres de notre famille. C'est de la cruauté, c'est ignoble", réagit, la voix tremblante, Dominique.
Un mélange de colère, de tristesse et d'impuissance gagne les deux femmes. "Comment peut-on faire subir cela à des animaux ? C'est lâche de s'en prendre à eux. Quelle est la prochaine étape ? La mort-aux-rats ? Ils vont finir par les tuer", s'inquiète la vétérinaire.
Deux plaintes déposées
Les autres chiens du lotissement ne sont heureusement pas touchés. Un autre voisin, alerté par les deux femmes, a repéré, lui aussi, de bouts de saucisson dans son jardin. La situation aurait pu être, encore plus, dramatique. Car les vis auraient pu perforer leur intestin et entraîner une péritonite, ce qui peut être mortel.
"C'est dans un but de tuer, mais tuer dans d'atroces souffrances. Vous imaginez ? Les tuer en leur perforant l'estomac, c'est ignoble", s'insurge Dominique, qui vit dans cette résidence depuis 24 ans.
Toute la journée, Scooby et Ulia restent en observation. La vétérinaire les fait vomir et réussit à faire sortir la totalité des clous, sans les blesser.
Les deux femmes ont porté plainte au commissariat de Bastia. Une troisième plainte sera déposée jeudi par le voisin qui a retrouvé les boulettes dans son jardin. Des auditions devraient avoir lieu dans les prochains jours afin de trouver le coupable.
Des lettres anonymes
Si les victimes n'accusent personne, elles s'interrogent sur le lien entre ces tentatives d’empoisonnement et les lettres anonymes reçues ces dernières semaines. "Il y avait écrit que les aboiements de nos chiens étaient insupportables", se souvient Stéphanie. "C'est vrai que nos bêtes aboient quand une voiture passe ou quand quelqu'un passe, mais ce ne sont pas des chiens agressifs, nous faisons tout pour limiter le bruit ", affirme la jeune femme.
Les propriétaires du lotissement vont se réunir cette semaine afin d'installer des caméras de surveillance. "On ne se sent plus en sécurité maintenant. Moi je n'ai pas dormi de la nuit, je crains qu'on tue ma chienne. Tant que la personne ne sera pas arrêtée, on va inspecter nos jardins tous les jours", promet Dominique.
Des saucisses piégées aussi en Alsace
Le mois dernier, une affaire similaire s'était déroulée en Alsace, dans le Haut-Rhin. Un habitant d'un petit village avait découvert une quarantaine de bouts de saucisses piégées avec des vis et clairement destinés à faire du mal aux chiens. Aucun animal n'avait été blessé.
Dans la même région, en début d'année, ce sont des lames de rasoir et des cutters qui ont été découverts cachés dans de la nourriture. Là aussi, des plaintes ont été déposées et un signalement auprès du procureur de la République a été effectué. Dans cette affaire, la personne coupable de cet acte de malveillance, n'a toujours pas été retrouvée.
À Furiani, les propriétaires de Scooby et Ulia vont tout faire pour identifier la ou les personnes qui s'attaquent à leurs chiens. Le fait d'exercer un acte grave ou de cruauté envers un animal domestique est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.