"C'était quelqu'un de bienveillant, tout le monde l'aimait" : François Berlinghi, militant culturel et maire de Pero-Casevecchie, nous a quittés

Homme de culture, défenseur de la langue corse, passionné de cinéma et de théâtre, François Berlinghi est décédé ce dimanche 24 novembre à l'âge de 71 ans. Maire de Pero-Casevecchie, il avait contribué, avec Francis Marcantei, à la création du Tavagna Club.

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C'était un homme aux multiples qualités. François Berlinghi était d'abord dévoué pour son village : Pero-Casevecchie, en Tavagna, dont il était maire depuis 2006. L'élu se battait quotidiennement pour faire vivre sa commune à l'année. Avec Antoine Giancoli et Florent Alberti, ils avaient tous les trois créé il y a quelques années le bar associatif "Circulu Cyrnos" au centre du village.

"Pero rencontre les mêmes difficultés que les autres communes, mais ce qui manque le plus dans nos villages ce sont les lieux de vie et de rencontres où l'on peut faire le lien avec les habitants, c'est pour cela que nous avons fondé Circulu Cyrnos", nous avait-il confié l'an passé. En plus de son mandat municipal, François Berlinghi avait présidé la communauté de communes de la Costa Verde, de 2007 à 2014. Il était, depuis, le vice-président en charge des affaires scolaires.

Le Tavagna Club

Un homme autant attaché à son village qu'à la culture. Car François Berlinghi, c'était aussi la passion pour le cinéma, le théâtre et la langue corse, avec toujours une attache à sa terre natale. Avec ses amis, dont Francis Marcantei, ils avaient monté le célèbre Tavagna Club, une association culturelle née en 1967 avec l’objectif de maintenir le lien social dans le village.

Pièces de théâtre, concerts, activités sportives : plus de 50 ans d'efforts pour revitaliser la microrégion. L'association est d'ailleurs à l'origine du festival Settembrinu di Tavagna qui a soufflé ses trente bougies cet été.

Nous étions fortement impliqués dans une démarche de construction d'un avenir, qu'il soit collectif et avant tout solidaire. C'était quelqu'un de bienveillant, je ne connais personne qui n'aimait pas François.

Francis Marcantei, membre fondateur du Tavagna Club et maire de Talasani

"Avec sa disparition, notre expérience associative est arrivée à un confluent. C'est aussi des étapes obligées dans les parcours collectifs, aujourd'hui nous sommes à un nœud de notre chemin", confie, avec beaucoup d'émotions, Francis Marcantei, membre fondateur du Tavagna Club et maire de Talasani. "François était une marque de reflexion commune, qui nous accompagne depuis le début. Il portait un amour immodéré pour la piève de Tavagna, pour nos villages, pour une certaine manière de pratiquer la solidarité et l'implication sociale, ce qui explique pourquoi nous étions syndiqués et notre appartenance au SNES (syndicat national des enseignements de second degré, ndlr)". 

Comédien de la troupe du Teatrinu

Comment évoquer la vie de François Berlinghi sans penser à la macagne et l'émission I Storti ? Pendant 3 ans, avec la troupe du Teatrinu, emmené par Guy Cimino, il a participé à plusieurs émissions humoristiques, dont les parodies du journal télévisé de France 3 Corse Via Stella.

"C'est une page qui se tourne. C'est quelqu'un qui va beaucoup manquer au théâtre corse. Il faisait partie des comédiens connus et reconnus", réagit Guy Cimino, à la tête de la troupe du Teatrinu. "Il aimait rire, il aimait la vie, il était toujours prêt à sortir et boire un coup, c'est ce qui va nous manquer".

Il y a quelques années, François Berlinghi nous avait partagé ses souvenirs avec la troupe du Teatrinu, qui avait déjà perdu l'un de ses membres, Daniel Parigi. "Quelle époque formidable. Guy Cimino, Daniel Parigi, Dominique Gambini, ils avaient une imagination... Ils inventaient de ces trucs...".

Avec un visage illuminé, il se souvenait d'une joyeuse équipe avec laquelle il n'avait aucune pression. "Ça n'avait rien à voir avec ce que l'on peut ressentir avant de rentrer sur scène. C'était comme un jeu, vraiment. On se déguisait, une fois on était des hommes préhistoriques, la fois d'après des chevaliers qui partaient en croisade... On avait une liberté incroyable. On n'avait aucune expérience de la télévision, on venait tous du théâtre. Au début on avait peu de moyens, il fallait improviser, trouver des solutions, et c'est parfois de là que venaient les idées les plus folles !"

Un professeur investi

Une vie bien chargée, qui ne s'arrête pas à la culture. Retraité, François Berlinghi a été professeur d'économie et de gestion au lycée Giocante de Casabianca, à Bastia. Engagé au quotidien, avec de solides convictions de gauche, François Berlinghi était aussi militant du SNES- FSU (Syndicat national des enseignements de second degré et Fédération syndicale unitaire).

Ce lundi, plusieurs de ses collègues lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. "Je garde le souvenir de sa voix grave et rocailleuse, de son accent de Tavagna, quand il se levait en assemblée générale pour remettre les pendules de certains à l'heure.", "Un militant syndical comme on en côtoie peu dans une vie, et malheureusement comme il en reste peu", écrivent ces proches. 

Attaché au cinéma corse

Depuis les années 2000, on pouvait aussi apercevoir François Berlinghi sur grand écran. Il a notamment donné la réplique à Christian Clavier dans le film "L'enquête Corse" d'Alain Berbérian sorti en 2004.

Trois ans plus tard, il a aussi joué le rôle de Fanfan dans le film "Sempre vivu ! (qui a dit que nous étions morts ?)" .

Malgré la maladie qui le frappait depuis plusieurs mois, François Berlinghi continuait de vivre pour la culture. En mai dernier, il était monté sur la scène de l'Alb’Oru pour jouer dans la pièce de théâtre "Don Quichote", mise en scène par Jean-Pierre Lanfranchi. "Sa mort va laisser un grand vide, François est quelqu'un qui m'a accompagné dans pleins de choses", nous a confié Jean-Pierre Lanfranchi. "J'espère que de là où il est, il va réjouir autant de gens qu'il a réjouis ici". 

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