Catastrophe de Furiani : 29 ans après le drame, une proposition de loi qui peut changer la donne

Le 5 mai 1992, une partie de la tribune nord du stade de Furiani s'effondrait et causait la mort de 18 supporters du SC Bastia. Vingt-neuf ans plus tard, une proposition de loi doit sanctuariser cette date. Plusieurs élus espèrent, qu'à partir de 2022, plus aucun match ne sera disputé un 5 mai.

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C'était le 5 mai 1992. Dix-huit personnes décédaient et des milliers d'autres se blessaient dans la chute de la tribune nord du stade de Furiani, en préambule d'une demi-finale de Coupe de France, face à Marseille. Vingt-neuf ans plus tard, l'inoubliable drame est toujours commémoré.

Un rassemblement a été organisé dans l'après-midi devant la stèle à l'extérieur d'Armand-Césari. Une messe ouverte au public s'est ensuite tenue à la cathédrale Sainte-Marie de Bastia. D'autres initiatives sont prévues dans la ville. Une grande banderole en l'honneur des victimes doit notamment être affichée pendant quatre jours, sur la place Saint-Nicolas.

Ces mêmes commémorations avaient été impossibles l'année dernière, à cause des conditions sanitaires : "C'est important de pouvoir retrouver ces instants. C'est un drame qui a marqué la Corse et l'histoire du football français", témoigne Josepha Guidicelli, présidente du collectif des victimes du 5 mai 1992.

Une loi adoptée à la quasi-unanimité

Le collectif réclame depuis des années qu'aucun match de football en France ne se déroule le 5 mai. Après des années de discussion avec la Ligue de football professionnel (LFP), la question se joue désormais sur le terrain de la politique : "On n'attend plus rien de la LFP. On ne peut plus rien attendre d'eux. Ils n'ont pas intégré cette tragédie.", regrette Josepha Guidicelli. 

L'année dernière, son collectif a pressé les politiques d'intervenir. Le 5 février 2020, la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale donnait un avis favorable à l'unanimité à la proposition de loi visant à sacraliser la date du 5 mai. Une semaine plus tard, le jeudi 13 février, elle était adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale à une très large majorité.

"Dans mon souvenir, il n'y avait qu'un seul élu qui s'y était opposé, sur les 87 présents", se rappelle Michel Castellani. Le député de Haute-Corse est à l'origine de la proposition de loi sur la sanctuarisation du 5 mai : "J'ai fait un travail en amont pour informer tous les groupes parlementaires sur cette loi. C'est réjouissant de voir que la loi a été votée à la quasi-unanimité. Depuis cet incident, des gens sont meurtris dans leur chair. Et d'autres sont meurtris dans leur âme, suite à la perte d'un proche. C'est une reconnaissance pour eux."

"La cause avance"

Michel Castellani a notamment pu compter sur le soutien des parlementaires corses, dont Paul-André Colombani, député de la Corse-du-Sud : "Au niveau parlementaire, on a fait avancer la cause au maximum. Cela montre une volonté, de la part des élus, de mettre en avant le devoir de mémoire, plutôt que le 'football business'."

Pour Paul-André Colombani, si la LFP n'a pas souhaité prendre les devants, c'est avant tout pour des intérêts économiques : "Un 5 mai peut parfois tomber sur un week-end, ce qui ne fait pas les affaires de la LFP et de ses droits télévisés. Mais c'est ridicule de réfléchir comme ça. Il suffit de prendre un calendrier pour s'apercevoir que la coïncidence peut arriver tous les 5 ans. Et quand bien même ! Il n'y a pas mort d'homme à décaler les matches d'un samedi 5 mai au dimanche 6 mai."

Pas de réelle volonté de la part de la LFP ?

Josepha Guidicelli, Michel Castellani, Paul-André Colombani et d'autres élus corses regrettent que la LFP n'ait pas encore pour habitude de décaler systématiquement les rencontres. Et ce malgré l'adoption par l'Assemblée de la proposition de loi. Il y a deux semaines, la Ligue avait notamment reprogrammé un match en retard de Ligue 2, le 5 mai.

Les critiques avaient alors fusé de la part des membres des collectifs, des socios, des membres parlementaires corses et des élus locaux. Suite à cette controverse, la rencontre avait finalement était avancée au mardi 4 mai.

"La LFP se montre au-dessus des lois. Ils n'ont pas encore pris la mesure de cette date-là. Heureusement, nous avons reçu un soutien populaire pour changer les choses", se réjouit Josepha Guidicelli avant de poursuivre : "Cette décision est d'autant plus surprenante que le nouveau président de la LFP, Vincent Labrune, avait soutenu notre cause, par le passé, lorsqu'il était président de l'Olympique de Marseille."

Le député Paul-André Colombani déplore également cet incident. Pour lui, il n'y aurait pas de réelle volonté de la LFP de changer les choses : "Lorsque nous avons réalisé cette proposition de loi, nous avions auditionné la présidente de la LFP de l'époque, Nathalie Boy de la Tour. A titre personnel, elle semblait être en faveur de notre projet. Mais, elle n'aurait pas reçu le soutien nécessaire de la majorité du conseil d'administration."

Vers une loi avant 2022 ?

La proposition de loi est désormais entre les mains du Sénat. "Si elle est votée telle qu'elle en seconde lecture, elle sera directement adoptée. En cas d'amendement par l'Hémicycle, elle retournera à l'assemblée pour un vote en dernière lecture", détaille le sénateur de Haute-Corse, Paul-Toussaint Parigi.

"Je me suis saisi de la proposition de loi. Si le Sénat accorde une niche parlementaire à notre groupe (Écologiste - Solidarité et Territoires, ndlr), le texte sera présenté et voté en septembre ou octobre 2021. Pour une mise en application dans la foulée", continue-t-il.

Malgré l'indépendance de la LFP, le sénateur voit mal comment d'autres matches pourraient être organisés un 5 mai par la suite : "On est en démocratie. Personne ne peut ouvertement transgresser des lois", conclut-il.

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