Anna Lesia fait partie des centaines d'étudiants qui font leur rentrée en première année à l’université de Corse, à Corte. Une plongée dans un univers inconnu, et riche de surprises, dans lequel liberté rime avec responsabilités.
« On me dit "il faut aller là, puis là, puis une fois que c’est fait, il faudra passer par là" ! Alors je fais tout ça, mais je n’y comprends rien, et je passe mon temps à aller d’un bureau à l’autre et à me perdre entre tous les bâtiments ! » Anna Lesia éclate de rire, à l’évocation de sa découverte de la vie étudiante.
Ses cours en terminale scientifique au Fango, à Bastia, semblent bien loin. Depuis le 3 septembre, elle est en licence de sciences de la vie, au campus Grimaldi de l’université de Corse, à Corte. Et c’est un vrai changement de vie.
« Quand j’ai récupéré les clés de ma chambre universitaire, le 26 août, j’ai eu un petit pincement au cœur. Tout ça devenait concret. Je partais de chez moi ». Chez elle, c’est le village de Volpajola, à une cinquantaine de kilomètres.
Je voulais rester en Corse
Cinquante kilomètres, ça peut sembler peu, mais c’est beaucoup, pour la jeune femme qui, de toute façon, n’a jamais vraiment envisagé de partir plus loin. « Je voulais rester en Corse. Pour mes vœux de Parcoursup, j’ai tenté Corte en priorité, la licence de Bio, mais aussi deux licences de Langue, Anglais et Anglais/Espagnol. J’ai aussi déposé un vœu pour deux IFSI, les écoles d’infirmière de Nice et Marseille, au cas où. Mais j’espérais vraiment ne pas partir. Heureusement, après quelques semaines de stress, j’ai été prise à Corte ».
100 personnes en amphi
Anna-Lesia n’a pas de voiture, et ne pourra pas rentrer tous les soirs à Volpajola. D’autant que si, par chance, son père travaille à Corte depuis quelques mois, les horaires, très différents, interdisent d’imaginer un covoiturage familial régulier… Elle s’est donc inscrite en juin dernier pour avoir une chambre universitaire, en espérant que son statut de boursière, même au niveau le moins élevé, lui permettrait d’obtenir une place.
Alors, chaque semaine, elle réactualisait sa demande sur internet, tout en voyant la date fatidique de la rentrée se rapprocher. « Je commençais à chercher des solutions de rechange, j’envisageais de dormir chez une copine, et puis, une semaine avant la reprise des cours, le 26 août, j’ai reçu une réponse positive ».
15 mètres carrés à peu près, une chambre, un bureau, une salle de bains. Et, au rez-de-chaussée, la cuisine commune
La chambre familiale l’attend toujours au village, mais désormais, durant la plus grande partie de la semaine, elle dormira à la cité universitaire. « C’est plutôt pas mal. 15 mètres carrés à peu près, une chambre, un bureau, une salle de bains. Et, au rez-de-chaussée, la cuisine commune ». Plusieurs de ses amies de terminale sont également à Corte, « en médecine ou en droit ». Une seule d’entre elles a choisi de poursuivre ses études à Paris. Et elle a déjà lié connaissance avec une autre étudiante : « on se parle par Snap, on s’envoie les cours… »
Un atout non négligeable lorsque découvre le monde des amphis. « C’est peut-être ça, qui m’a le plus surprise. On en a entendu parler, bien sûr, mais quand on est habituée aux classes de lycée, avec 25 élèves, ça fait bizarre, ces amphis bondés où plus de cent personnes se retrouvent. C’est chiant pour suivre les cours… Si tu n’arrives pas en avance, tu te retrouves au fond… »
Liberté… et responsabilités
« En fait, quand on devient étudiante, on est livrée à soi-même. Il y a une sensation de liberté qui est nouvelle. Je gère mon emploi du temps, je fais ce que je veux », souligne Anna-Lesia. La remarque fait naître un sourire sur les lèvres de Patrick, son père, qui déjeune avec elle sur le cours Paoli : « C’était déjà un peu le cas avant ! »
« Oui mais je vous demandais, quand même », s’amuse la jeune femme, tout en jetant un coup d’œil à l’écran de son téléphone, afin de vérifier si elle n’est pas en retard pour son cours de 13h30.
Il y a quelques jours, Anna Lesia a fait ses premières courses. Et la note a été salée : aux alentours de 100 euros, pour l’alimentaire, mais aussi les produits dont elle aura besoin au quotidien durant les prochains mois. C’est aussi ça, la vie d’étudiant. Il faut gérer son budget.
Anna Lesia bénéficie d’une bourse qui garantit un apport financier de 145 euros par mois durant l’année. Elle touche également un peu plus de 100 euros d’APL, ou aide personnalisée au logement, pour le loyer de 229 euros de sa chambre au CROUS. Et même si elle sait qu’elle pourra compter sur le soutien constant de ses parents, l’étudiante a également travaillé, durant l’été, dans une entreprise de produits corses artisanaux du côté de Lucciana, afin de mettre de l’argent de côté.
Devenir étudiant, c’est aussi devenir adulte.
Chaque jour qu’Anna Lesia passe à Corte, depuis le début du mois de septembre, le confirme. Et elle est prête à relever le défi.