La cour d'assises de Bastia a estimé que Matéo Hermer-Pietri, s'il était responsable de la mort de l'amant de sa mère, que ce dernier violentait, n'avait pas prémédité son acte.
"Si monsieur Hermer-Pietri avait sans doute l'intention de tuer Amin Mimoune, je ne peux pas affirmer qu'en prenant l'arme dans sa chambre pour aller à sa rencontre, il avait prévu de le faire". Lors de son réquisitoire, l'avocate générale a résumé le sentiment général qui s'est dégagé de ses quatre jours de procès aux Assises de Bastia, devant laquelle Matéo Hermer-Pietri comparaissait pour assassinat.
Le parquet, qui écartait ainsi la préméditation, avait au final réclamé douze ans de prison. Et la cour, qui a condamné Matéo Hermer-Pietri à dix ans de réclusion pour violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort, sans intention de la donner, est allée dans le même sens.
"Instinctif"
Le 17 décembre 2021, le jeune homme avait fait feu, à trois reprises, sur Amin Mimoune, l'amant de sa mère, Céline Rossi, à la plage aux vaches, à Serra di Fiumorbu. Avant de se rendre à la gendarmerie.
La conclusion dramatique de longs mois de tension et de maltraitance physique entre les deux amants, difficiles à supporter pour le jeune homme de 21 ans, d'autant qu'en août 2020, une plainte pour violences avait été déposée, et classée sans suite par la justice.
Pour Maître Antomarchi, l'un des avocats de Matéo Hermer-Pietri, "ce jeune homme, à la suite des violences subies pendant plusieurs années par sa mère, et dont il a été le témoin, dans une situation devenue insoutenable pour lui, a voulu faire peur à monsieur Mimoune". Et c'est de manière "instinctive", face à un interlocuteur sous l'emprise de cocaïne, qu'il aurait fait feu.
Du côté de la partie civile, Maître Sollacaro, pour sa part, regrette une volonté de "dévier le débat, de le centrer sur des choses qui étaient totalement périphériques, pour éviter d'avoir à affronter des éléments matériels objectifs extrêmement redoutables".
Céline Rossi, la mère de Matéo Hermer-Pietri, a été condamnée à six mois de prison avec sursis pour modification de la scène de crime. Elle avait récupéré les cartouches vides sur la place, et les avait dissimulées dans la végétation alentour.