Sextorsion, cyberharcèlement, grooming : comment se prémunir contre les dangers en ligne ?

Procès des harceleurs de la streameuse Ultui, arnaque au faux Brad Pitt... l'actualité démontre qu'il reste à sensibiliser le grand public aux dangers en ligne. Entretien avec Margaux Trubert, présidente fondatrice de d'ADN sans haine Paris 1 et doctorante au sein du département de recherche du Droit de l'immatériel à la Sorbonne. L'association organise un concours de legal design pour sensibiliser le plus grand nombre aux dangers en ligne.

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Qu'est-ce que ADN sans haine ? 

L'association ADN sans Haine Paris 1 est née il y a trois ans au sein de l'Université Paris 1 de notre volonté de contribuer à une mission de sensibilisation et de prévention d'utilité publique : la lutte contre la haine en ligne. En tant que jeunes ayant grandi avec les technologies numériques et les réseaux sociaux, nous avons été témoins de l'impact parfois néfaste des pratiques en ligne. Il nous semblait essentiel d’apporter notre contribution sur le sujet en tant qu’étudiants en droit.

Pourquoi avoir choisi le thème de la protection sur les réseaux sociaux ? 

Dans le cadre de notre association ADN sans Haine de l’Université Paris 1, nous conduisons chaque année depuis 4 ans différents actions pour sensibiliser le grand public sur les effets de la haine en ligne. Ces actions nous paraissent essentielles compte tenu des risques croissants comme le cyberharcèlement, la sextorsion ou la diffusion non consentie de contenus intimes. Cette année, nous souhaitons en particulier sensibiliser les jeunes aux enjeux du paramétrage de leurs comptes de réseaux sociaux et de la sécurité en ligne. Le concours que nous organisons permet ainsi aux participants d’étudier des solutions juridiques pratiques et de créer des outils visuels qui auront pour objectif de guider les mineurs (enfants, adolescents) et leurs parents pour être mieux protégés lorsqu’ils utilisent les réseaux sociaux.  

Ainsi, notre objectif principal est de servir de relais de prévention et d’accompagner de façon pédagogique les jeunes qui ont bien souvent des difficultés pour comprendre comment protéger leur vie privée et leur sécurité en ligne. Nous souhaitons mettre l’affiche gagnante à disposition de différents acteurs engagés dans la protection des jeunes et la sensibilisation aux usages responsables des réseaux sociaux, afin qu’ils puissent l’utiliser dans leurs campagnes de prévention. L’affiche pourrait aussi être diffusée dans notre université, ainsi que dans les écoles, collèges, et lycées, puisque ce besoin de sensibilisation touche toutes les générations. 

Le but du projet est ainsi de prévenir et d’aider les jeunes à mieux se protéger dans leurs interactions en ligne et les encourager à échanger avec des interlocuteurs formés qui sauront les écouter et les conseiller. 

Le phénomène de sextorsion a explosé en 2023. C’est l’une des principales menaces pour les jeunes sur les réseaux sociaux ou les jeux en ligne.

Margaux Trubert

Quels sont les dangers auxquels on peut être confronté sur les réseaux sociaux quand on ne se protège pas bien ? 

Sur les réseaux sociaux, il est crucial de connaître les risques pour se protéger efficacement et réagir face à des situations problématiques. L’absence de protection expose à de nombreux dangers, souvent amplifiés par l’anonymat et la viralité des plateformes en ligne.   

  1. Le cyberharcèlement : Le cyberharcèlement se manifeste par des propos ou comportements répétés, visant à dégrader les conditions de vie d’une personne. Selon le Code pénal, il est défini comme : « Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie, se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale. » Cette infraction est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende si elle a causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’a entraîné aucune incapacité de travail.  Le cyberharcèlement peut inclure les insultes, la diffusion de rumeurs, ou encore les attaques groupées coordonnées (raids numériques), qui ont des impacts psychologiques graves.  
  2. La diffusion non consentie d’images intimes : Le partage d’images ou vidéos à caractère intime sans le consentement de la personne concernée constitue une atteinte à la vie privée et peut causer des dommages irréversibles. 
  3. La sextorsion : La sextorsion désigne un chantage basé sur des menaces de divulguer des contenus intimes (souvent obtenus sous la menace) à des fins financières ou sexuelles. Les victimes, sont ainsi manipulées par l’auteur pour transférer de l’argent ou envoyer davantage de contenus compromettants. 
  4. Le grooming : Le grooming désigne la sollicitation de mineurs par des adultes pour établir une relation de confiance en vue d’une exploitation sexuelle avec ledit mineur. 
  5. Les nouveaux enjeux liés à l’IA générative et aux deepfakes : L’essor des technologies d’IA générative a fait émerger de nouveaux risques, notamment la création de deepfakes, qui sont des contenus falsifiés (images, vidéos, audios) d’apparence réaliste. Ces technologies peuvent être utilisées pour produire des images intimes non consenties à partir de photos ordinaires et effectuer ensuite un chantage auprès de la victime.

Ainsi, à travers ce concours nous avons souhaité participer à la sensibilisation aux dangers des réseaux sociaux qui est essentielle pour limiter les risques. La mise en place de protections par le paramétrage et les moyens juridiques (signalement, recours en justice) peuvent être en effet efficaces si elles sont accompagnées d’une éducation numérique pour apprendre à identifier, éviter et réagir face à ces risques. 

Les 3 affiches en compétition pour le concours de legal design organisé par ADN sans haine Paris 1. © France 3 Paris Ile-de-France

Quelles sont les statistiques sur le sujet ? 

Selon les chiffres les plus récents de l’étude produite par l’association e-Enfance et Audirep, 93% des collégiens sont inscrits sur les réseaux sociaux, 24 % des jeunes de 6 à 18 ans déclarent avoir été victimes de harcèlement et 23% de cyberharcèlement. Ces données soulignent l’importance de notre concours pour sensibiliser les mineurs et renforcer leur capacité à se protéger. Le phénomène de sextorsion a explosé en 2023 (12 000 signalements selon l’OFMIN). C’est l’une des principales menaces pour les jeunes sur les réseaux sociaux ou les jeux en ligne.  

Quel intérêt voyez-vous dans ce concours pour le parcours universitaire de ceux qui y participent ?  

La participation au concours de legal design représente une opportunité dans le parcours universitaire des étudiants car elle leur permet de contribuer à la prévention des risques juridiques et sociaux, en apportant des solutions concrètes à leur échelle. Cela leur donne également un rôle actif dans la sensibilisation et la protection des utilisateurs face à des problématiques actuelles.   

Ensuite, ce concours constitue un moyen efficace de mettre en pratique leurs connaissances en les adaptant à des contextes concrets. Les participants apprennent à mobiliser des concepts théoriques pour répondre à des défis pratiques, ce qui renforce leur compréhension et leur capacité à résoudre des problèmes.   

Enfin, le legal design exige de rendre l’information juridique claire, accessible et attrayante pour un public varié et dans cette édition : un public jeune. Les étudiants développent ainsi des compétences précieuses en communication, en pédagogie et en design, des atouts qui sont de plus en plus recherchés dans le monde professionnel, notamment dans les domaines juridiques, éducatifs et technologiques. En participant à ce concours, les étudiants allient apprentissage, créativité et engagement dans la société.  

Pour voter pour le meilleur legal design, rendez-vous sur la page du club France TV.

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