En Corse à cause de l'inflation, les futurs mariés privilégient la qualité mais négocient les prix

Alors que le nombre de mariages est généralement à son apogée entre avril et octobre, l'inflation pèse sur le budget des futurs époux. Fleurs, frais de traiteur... Tout a augmenté selon les professionnels du secteur, qui doivent parfois faire face à des clients de plus en plus tatillons sur les dépenses.

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L’amour n’a-t-il réellement pas de prix ? Marie-Emmanuelle Micaelli et son futur mari Jérémy, ensemble depuis 10 ans, ont prévu de se dire "oui" en juillet 2024. "On s’était basé sur un budget de 8 à 10 000 euros, c’est ce qu’on avait de côté", explique Marie-Emmanuelle. Mais après avoir fait appel à une wedding planner, le couple a été obligé de revoir ses prévisions."On pensait vraiment que c’était les prix, on a vite compris qu’il fallait augmenter pour avoir un minimum de qualité. On est quasiment au double, et encore, on fait un mariage intimiste avec 70 personnes", souffle la future mariée. "Tout est extrêmement cher".

Fleurs, restauration... "Tout a bien augmenté"

Cette flambée des tarifs, Patricia Nogueira, de l’agence d’organisation de mariages Rêvenementiels à Porto-Vecchio, la constate tous les jours dans son métier. "La restauration, la partie florale surtout… ça a bien augmenté". "Tous les prestataires, et ça se ressent énormément sur la partie traiteur, ont augmenté leurs prix, renchérit Justine Albertini, wedding planner basée à Calvi. Déjà en Corse il y a un coût d’acheminement des matières premières et des denrées alimentaires, ça a un vrai impact sur le devis des traiteurs", affirme-t-elle. "La location du lieu et la partie nourriture et boissons vont représenter 50% du coût du mariage."

Un traiteur de Haute-Corse, qui souhaite rester anonyme, confirme avoir augmenté ses prix l’an dernier "de 10 à 15%"."Pour les clients qui demandent déjà des devis pour l’année prochaine, on fait les tarifs de cette année, mais on rajoute que les prix sont susceptibles d'augmenter selon l’inflation", précise-t-il. Une révision nécessaire selon lui, alors que "le prix de l’énergie, les factures augmentent." Toutefois, pas de quoi faire fuir la clientèle : "c’est une question de goût, ce n’est pas une question de tarif", affirme le professionnel.

Des mariés beaucoup plus enclins à négocier les prix

Difficile en effet de faire des concessions pour le jour J. "On veut un beau mariage, se faire plaisir, avoir de la qualité, un beau lieu", décrit Marie-Emmanuelle Micaelli. Mais aujourd’hui, elle avoue que "le budget est une source de stress". Si sans l’inflation, le couple "se serait peut-être marié cet été", la date tardive du mariage tombe à pic selon elle. "D’ici un an et demi, on met de côté aussi."  Les économies, une des voies privilégiées pour financer le mariage. Selon une étude OpinionWay pour Sofinco réalisée en 2022, afin de s’aligner sur le contexte économique actuel, les Français s’appuieraient encore plus qu’avant sur leur épargne. 57% des personnes interrogées l’utiliseraient comme source principale de financement, soit deux points de plus par rapport à 2021.

Mais même si d’après l’étude, les Français consacrent un budget plus important pour leur mariage par rapport à 2021, ils tentent coûte-que-coûte de limiter la casse sur le terrain. "Les mariés vont avoir des choix à faire, et des postes à prioriser en fonction de tous les besoins dont ils ont envie pour leur jour J", développe Justine Albertini. "S’ils me disent qu’ils veulent mettre l’accent sur la nourriture et les boissons, on va partir sur un traiteur qui a un devis un peu plus élevé, mais par contre, les mariés vont potentiellement se restreindre sur le DJ, ou partir sur des fleurs séchées au lieu de fraiches… "

Autre constat, de plus en plus souvent, les clients demandent à la wedding planner de "négocier les tarifs avec les prestataires." Patricia Nogueira décrit elle aussi des clients beaucoup plus vigilants quant à leur porte-monnaie. "Les mariés tirent sur tout, ils négocient tout. Ils revoient leur demande sur la notoriété des prestataires. Ils se mettent des barrières sur le budget, alors qu’il y a encore deux ans, il y avait un budget fixe, on le respectait et personne ne le négociait."

Le report ou le changement de lieu en dernier recours

Malgré les solutions proposées et la multitude de prestataires, même si un mariage se prépare généralement plusieurs mois à l’avance, le report est parfois une solution."Les mariés ne vont pas forcément annuler le mariage, mais le reporter, pour avoir plus de temps pour optimiser leur budget et faire des économies", explique Justine Albertini. Et pour les demandes de couples n’habitant pas sur l’île, d’après Patricia Nogueira, "il arrive régulièrement que le mariage ne se fasse pas sur la Corse, parce que cela ne rentre plus dans le budget."

Aujourd’hui, l’île de Beauté (où 1 010 mariages ont été domiciliés en 2021 selon l'Insee) reste l’une des destinations privilégiées pour se dire "oui" avance l’organisatrice de mariages, aux côtés "du Portugal, de l’Italie, du Maroc et des Cyclades". Même si ses prestations oscillent entre 2 000 et 3 000 euros pour la gestion intégrale du mariage et le matériel de décoration, elle n’est pas inquiète pour son activité. "Des mariages en Corse, il y en a toujours", sourit Patricia Nogueira, ajoutant que "la majorité de sa clientèle est extérieure à la Corse", et qu’elle organise "entre 32 et 37 mariages par an".

À l’heure actuelle, à l'inverse du traiteur, aucune des deux wedding planner n’a augmenté ses tarifs. Toutefois, Justine Albertini "réfléchit à mettre en place" une réévaluation. "Quand on organise des mariages en Corse, on peut vite avoir trois heures de route. Les allers-retours pour les visites pour les réceptions, les rendez-vous avec les traiteurs... ça chiffre sur notre activité, et c’est important de réajuster." Patricia, elle s’y refuse encore. "J’espère que tout va se remettre en place. On ne peut pas continuer comme ça !"

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