L'affaire remonte à plus de six ans : le 21 juillet 2015, Laurent Bracconi est tué alors qu'il se trouvait en terrasse de son établissement, rue Napoléon, à Bastia. Un assassinat derrière lequel les enquêteurs ont très vite suspecté Joseph-François Aguzzi. Son procès s'ouvre lundi aux Assises.
Le procès de Joseph-François Aguzzi débute demain, lundi 22 novembre, aux assises de Bastia. La cour aura la tâche de déterminer si l'homme de 66 ans est ou non le tireur qui a abattu Laurent Bracconi, le 21 juillet 2015, à Bastia, devant un établissement situé rue Napoléon.
Pour rappel, ce jour-là, Laurent Bracconi, 36 ans, est tué par cinq projectiles, tirés par une arme de poing. Il est environ 13h45, et ce dernier se trouve alors attablé en terrasse du bar l'Empire, dont il a pris la gestion trois mois plus tôt.
La victime, condamnée en 2004 à 8 ans de prison pour des faits de grand banditisme, est défavorablement connue des services de police.
Témoins et vidéos de surveillance
L'enquête progresse rapidement, aidée, notamment, du témoignage de plusieurs personnes ayant assisté à la scène. Ces dernières décrivent un tireur portant une casquette, des lunettes de soleil, et une pochette qui aurait pu servir à contenir l'arme. Autre indice pour la police judiciaire de Bastia : les vidéos de surveillance d'un parking situé non loin du drame, place du Marché, où le tireur est identifié à deux reprises.
Des éléments "accablants", estimera le parquet, représenté à l'époque par le procureur adjoint de la République de Bastia, Jean-Luc Lennon. Derrière le comptoir du bar de Laurent Bracconi, les enquêteurs découvrent également une arme de calibre 7,65, chargée, laissant supposer que l'homme se sentait menacé.
La piste d'une vengeance personnelle
Le 26 juillet 2015, Joseph-François Aguzzi est interpellé et mis en examen. Pour les enquêteurs, la piste du règlement de compte est désormais privilégiée : âgé de 60 ans (en 2015, ndlr), le suspect est le père de Marc Aguzzi, 21 ans, assassiné 16 ans plus tôt à Bastia. Une affaire pour laquelle Laurent Bracconi avait été entendu sans être pour autant mis en cause officiellement.
Accusé d'avoir agi par vengeance personnelle, Joseph-François Aguzzi a toujours nié les faits. S'il se trouvait rue Napoléon le 21 juillet 2015, c'était pour se rendre à des obsèques à l'oratoire Saint-Roch, a-t-il affirmé. Ses conseils, Mes Jean-Sébastien de Casalta et Jean-André Albertini, dénoncent de leur côté un mobile "flou", et une identification non-formelle de leur client par les témoins présents ce jour-là.
Le 14 avril 2016, la défense de l'accusé parvient à obtenir sa remise en liberté avec placement sous contrôle judiciaire, après 8 mois d'emprisonnement à la maison d'arrêt de Borgo. Le 25 mai 2020, le juge d'instruction en charge du dossier ordonne le renvoi de Joseph-François Aguzzi devant la cour d'assises pour "assassinat avec préméditation". Une décision contestée par la défense mais confirmée par la chambre de l'instruction.
"Ils attendent que justice soit faite"
L'audience est prévue pour se dérouler sur cinq jours, jusqu'au vendredi 26 novembre. Dans ce dossier vieux de plus de six ans, les parties civiles, composées de la veuve de la victime, sa mère, son père adoptif, et son frère, espèrent enfin obtenir la vérité sur les faits.
"Aujourd'hui, ils attendent que justice soit faite, insiste Me Francesca Seatelli, qui assiste aux côtés de Me Paul Sollacaro les parties civiles. Ce qu'on note, c'est que nous avons un juge d'instruction et trois magistrats de la chambre de l'instrution de la cour d'appel de Bastia qui ont estimé qu'il y avait suffisament d'éléments à charge dans ce dossier pour renvoyer monsieur Aguzzi devant une cour d'assises."
Parmi ces élements, "il y a le mobile, il y a la position de monsieur Aguzzi pendant le crime, des éléments scientifiques, techniques, des élements humains, des témoignages et dépositions... détaille Me Paul Sollacaro. Ce qui nous fait considérer que l'accusation peut être soutenue de manière solide et efficace."
La défense devrait de son côté demander un nouvel abandon des poursuites.