Les cafetiers et leurs soutiens se sont réunis ce 14 décembre devant une brasserie du centre-ville de Bastia, fermée une semaine par les autorités. La raison, des attroupements devant l'établissement, qui vend des cafés à emporter. Ils demandent à rencontrer le préfet pour trouver un arrangement.

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"Après avoir stigmatisé les bars comme les principaux propagateurs de l'épidémie, l'Etat veut maintenant nous transformer en brigade de répression. Le costume est bien trop lourd". 
Stéphanie Giovannini, de la Brass', est entourée de sa famille, qui gère l'établissement depuis de longues années. Et de leurs soutiens. D'autres cafetiers et restaurateurs bastiais, et des fournisseurs, tels que Dominique Sialelli, de la brasserie Pietra.

Mais à l'occasion de cette conférence de presse improvisée dans l'urgence, après l'annonce de la fermeture administrative d'une semaine prononcée par la préfecture, on reconnait, derrière les masques, quelques visages plus habitués à l'exercice.

Pierre Savelli, le maire de Bastia, et ses deux adversaires au deuxième tour des municipales de juin dernier, Julien Morganti et Jean-Sébastien de Casalta, sans oublier Jean-Félix Acquaviva, député de Haute- Corse. Un casting qui en dit long sur l'importance de la question soulevée aujourd'hui par la Brass'.

Celle de la survie des bars et des restaurants en période de pandémie.

Des grappes de gens autour d'un café

Depuis le début du deuxième confinement, les bars, qui ne peuvent plus recevoir de public, ont l'autorisation de vendre des boissons à emporter, principalement des cafés, sur le palier de leur établissement. Histoire de maintenir un semblant d'activité en, évitant les rassemblements de personnes. Des sortes de buvettes improvisées que l'on appelle désormais les "drive bars". 

Le principe est clair. Son application est plus hasardeuse. 

C'est une situation inédite, on a besoin d'avoir des réponses.

Frédéric Ruiz, UMIH Corse

Le matin, dans les rues de la ville, devant plusieurs établissements, difficile de ne pas remarquer les grappes de gens qui sirotent leur café en discutant de tout est de rien. Une matinée au café comme les autres. Ou presque. 

"On nous reproche de laisser des gens qui ont acheté un café stationner autour de chez nous sans respecter les gestes barrière. Sommes-nous responsables de ces gens ? Sont-ils toujours nos clients une fois qu'ils ont payé et se sont éloignés ? Jusqu'à quelle distance en sommes-nous responsables ?" interroge Stéphanie.

Frontière entre terrasse et trottoir...

La préfecture, apparemment, a son avis sur la question. Il y a quelques jours, à l'occasion de contrôles effectués en Corse-du-Sud, nous avions interrogé Mejdi Jamel, le directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse, sur la question des drive bars :
"les gérants ont des autorisations d'occupation du domaine public pour leurs terrasses. Ils sont donc responsables de ce qui s'y passe, et tenus de faire respecter les règles."

C'est difficile de dire à nos clients "Va-t-en!"

Stéphanie Giovannini

C'est tout le problème. Pour les cafetiers, la limite est floue. "Nous disposons certes d'autorisations d'occupation du domaine public, mais nous sommes contraints de laisser des axes de libre circulation. Et c'est souvent là que se retrouvent les clients. Il ne nous appartient pas, en tant que simples citoyens, de faire la circulation ou d'imposer des mesures barrière. Ca, c'est le rôle de la police. C'est difficile de dire à nos clients "Va-t-en !"", affirme Stéphanie Giovannini. 

Jean-Philippe, son frère, va dans son sens. "J'ai demandé aux policiers de passer tous les quarts-d'heure ! Ca m'arrangerait, plutôt que de faire la police. Mais ils ont répondu que s'ils passaient, c'était pour verbaliser. De la prévention, il n'y en a pas chez eux".

La discussion plutôt que la confrontation

 Notre but, ce n'est pas le conflit, conclut Stéphanie. Essayons d'avancer ensemble. "Je voudrais discuter avec les services de la préfecture pour savoir ce que l'on attend vraiment de nous, et qu'est-ce que l'on a le droit de faire".

La famille Giovannini a bon espoir que leur démarche aboutisse. Ils ont déposé un recours gracieux, "on était obligés de le tenter, pour manifester notre désaccord", mais ce que Stéphanie et ses frères veulent avant tout, c'est une clarification de la situation. 

"Sinon, cette fermeture, ce sera un coup d'épée dans l'eau, dans une semaine on rouvre, on revend des cafés, et ça recommencera...", déplore Stéphanie.  
 

Du côté de Pierre Savelli, le maire de Bastia, on affirme également chercher à trouver un terrain d'entente :"même si infraction il y a eu, ce que contestent les dirigeants, la sanction est disproportionnée. J'ai contacté le préfet pour lui demander d'alléger la sanction, ou de la déplacer. Il faut vraiment que les cafetiers et les restaurateurs puissent travailler avant les fêtes, en respectant bien les règles".  

La sanction est disproportionnée.

Pierre Savelli, maire de Bastia

Même son de cloche chez Frédéric Ruiz, président de la section restauration/cafetiers au sein de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) de Corse, ne dit pas autre chose : "Ces gens ont des charges fixes, des loyers, une gérance à payer, un matériel en location, beaucoup de frais en train de courir, il ne faut pas les faire fermer... On a juste besoin de discuter. Il ne faut pas rompre le dialogue. On comprend que c'est compliqué pour les autorités aussi, c'est une situation inédite, mais on a besoin d'avoir des réponses. Avec ces fermetures administratives, il y a une mèche qui s'est allumée, et nous, on veut absolument l'éteindre". 

La Brass', qui occupe le terrain médiatique, n'est pas le seul établissement concerné. Un deuxième bar bastiais a été fermé pour une semaine, et deux autres font l'objet d'une procédure...

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