Trois semaines. C'est la durée durant laquelle le tunnel de Bastia, qui absorbe les 2/3 du flux de voitures, sera fermé pour travaux. De quoi donner des sueurs froides aux automobilistes, qui cherchent des solutions pour éviter les embouteillages qui s'annoncent. Le train pourrait en être une.
"Le défi à relever est de taille", reconnaît Jacques Chibaudel, directeur de la production des Chemins de Fer de la Corse. "Il reste encore pas mal d'inconnues sur la période qui s'annonce, mais nous, de notre côté, on aura fait le maximum".
Le tunnel de Bastia, du 18 février au 11 mars 2022, sera fermé à la circulation, en raisons de travaux à effectuer. En reliant le front de mer et le bas de la place Saint-Nicolas, il absorbe en moyenne 34.000 des 50.000 véhicules qui entrent et sortent quotidiennement de Bastia. On imagine sans peine les conséquences ce cette fermeture sur le trafic déjà pas vraiment fluide, de la ville.
Les CFC comptent bien jouer pleinement leur rôle en offrant une solution de substitution à la voiture le temps des travaux. Voire plus si affinités.
Une trentaine de rotations chaque jour
La ligne Bastia-Casamozza, qui relie le centre-ville aux communes du Sud, Furiani, Biguglia, Borgo ou Lucciana, va proposer 25 % de rotations en plus chaque jour. A partir du 21 février et jusqu'au 13 mars 2022, en semaine, une trentaine de trains effectueront le trajet entre 6h03 et 21h39. La capacité de transport, elle, va passer de 5.200 à 8.800 personnes, soit une hausse de 69 %. "La moitié debout", précise Jacques Chibaudel.
Sur cette même ligne, les CFC vont mettre en place trois parkings-relais supplémentaires. A Borgo, Tragone et à Furiani. Une précision d'importance, tant il faudra tout faire pour inciter les automobilistes à garer leur voiture pour monter dans le train. "On a beaucoup étudié le trafic, et on prévoit que les embouteillages débutent souvent bien au sud de Bastia... Les parkings actuels risquent d'être vite saturés, il fallait donc trouver une solution".
"On sait depuis septembre que les travaux allaient avoir lieu, et qu'on modifierait notre plan de transport. On a lancé une enquête fin septembre, alors qu'un accident routier avait généré des embouteillages monstrueux. En deux semaines, on avait plus de 900 réponses. On s'est dit qu'il y avait un vrai engouement pour la solution du déplacement par train".
On veut faire évoluer les habitudes.
Une longue réflexion a été menée pour réfléchir au plan de transport le mieux adapté. Adapté à la situation qui se profilait, mais également aux contraintes. "On n'a que douze autorails, dont deux en maintenance. Tout cela a demandé une sacrée réorganisation en interne, parmi le personnel. On a délocalisé plusieurs personnes de Corse-du-Sud pour venir en appui sur la zone de Bastia. On a également déplacé la maintenance journalière d'Ajaccio à Casamozza".
Tout cela va se faire avec le personnel habituel, sans faire appel à des CDD. "Les agents sont mobilisés, motivés, et ils le démontrent d'ailleurs depuis le début de la crise sanitaire. On montre souvent du doigt les cheminots... Mais, même si l'on fera le bilan à la fin des travaux, nos équipes ont déjà bien bossé".
L'essayer c'est l'adopter ?
On comprend que les CFC espèrent bien saisir l'opportunité qui se présente à eux. Et, pourquoi pas, pérenniser ce nouveau plan de transports au-delà du mois de mars. Et arriver, enfin, à ancrer ce mode de transport dans l'esprit des citadins. "Plus de la moitié des personnes qui ont répondu à notre enquête n'avaient jamais pris les trains des CFC. On veut faire évoluer les habitudes, et montrer les avantages d'une utilisation quotidienne du train. Il faut penser Train tout le temps, et pas juste pendant la fermeture du tunnel.."
Rendez-vous à la mi-mars, pour constater si les Chemins de Fer de la Corse ont réussi leur pari.