"Le libéralisme est passé par là, ils nous a tous ratatinés !"

Fidèles au rendez-vous, la CGT et le PCF se mobilisaient, en ce premier samedi de décembre, pour faire entendre la voix des plus modestes. Le but, tirer la sonnette d'alarme concernant les conséquences économiques de la crise du Covid19. Parmi les fidèles, Catherine. Nous l'avons rencontrée. 

La sono de la CGT connaît ses classiques. L'enceinte posée devant le portail de la préfecture de Bastia crache C'est quand le bonheur ? De Cali. Un incontournable des manifestations syndicales. 

Pour Catherine, et celles et ceux qui l'entourent, drapeaux en main et autocollants sur le torse, le bonheur, c'est pas pour demain. Mais ils y travaillent. 

"Ce virus aura des conséquences terribles. Terribles ! Pourtant, c'est aussi une sacrée aubaine... Peut-être qu'il obligera les gens à se rendre compte que l'on doit changer de manière de vivre. Notre société est hystérisée par l'argent, elle n'a plus le sens du collectif. Le libéralisme est passé par là, et nous a tous ratatinés. Il n'amène que du malheur, la misère et la guerre."  

1 Corse sur 5 vit sous le seuil de pauvreté*

Catherine sait de quoi elle parle. Elle est proche de la retraite, et milite depuis ses 15 ans. Aux jeunesses communistes, puis, à la fac, à l'union des étudiants communistes, avant de rentrer au PC. Sans jamais devenir permanente. Elle y tient. "J'ai toujours travaillé. Il faut garder un pied avec ses camarades. Sinon on se coupe d'eux."
Ce samedi 5 décembre, ils sont un peu plus d'une cinquantaine, à la nuit tombée, à s'être donnés rendez-vous devant la préfecture de Bastia. Pas vraiment un raz-de-marée, alors que les Corses, comme partout en France, se demandent surtout qui pourra s'asseoir à la table du réveillon, le 24 décembre...

"La consommation, toujours la consommation... Les gens feraient mieux de ralentir un peu. Et de penser à l'après. En janvier, ça va être terrible. A ce moment-là, ils vont comprendre pourquoi on est mobilisés. Nous, il faut qu'on revienne la semaine prochaine. On ne doit rien lâcher." 
Le sens du collectif, c'est aussi ça, pour Catherine. Militer, encore et toujours. Même quand les premiers concernés, eux, semblent avoir mieux à faire. 
Un autre Monde, la chanson de Téléphone, a laissé la place à Michel Stefani, PCF, et à Charles Casabianca, CGT. Au micro, les deux hommes énumèrent ce qu'ils attendent du gouvernement au sortir de la crise sanitaire. Et la liste est longue :
Le passage à la semaine de 32 heures, l'annulation de la réforme de l'assurance-chômage, une augmentation générale de 400 euros de tous les salaires, pensions et minima sociaux, titularisation de tous les précaires sans conditions de concours...

Le monde d'après, un autre monde ?

Effectivement, ce serait un autre monde, le groupe de Jean-Louis Aubert avait raison...
Mais pour Catherine, c'est possible. Et même nécessaire. "C'est très grave ce qu'il se passe. Il y a une grande lassitude. Le 10 du mois le frigo est vide, alors que chez eux, les coffres-forts sont plein !" 
Ce 5 décembre, c'est également une journée de manifestation, à travers la France, contre la loi Sécurité Globale. Et pour Catherine, c'est un seul et même combat, sous des slogans différents.
Celui contre une société liberticide. 

Quand j'étais jeune, j'allais manifester avec une poussette. Vous imaginez ça aujourd'hui, au milieu des gaz lacrimo ?

Catherine

"Toutes les dernières manifestations auxquelles j'ai participé sur le continent, à Paris ou à Lyon, on a été gazées. On ne peut même plus manifester en sécurité dans ce pays. J'ai 60 ans, et je n'avais jamais vu ça. Il y a 30, 40 ans, j'allais manifester avec mes gosses dans une poussette... Vous imaginez ça aujourd'hui ???

Catherine rajuste son masque, et secoue l'a tête, l'air atterrée.
"Aujourd'hui, ils ont une quarantaine d'années, mais je suis inquiète quand ils vont défiler. Moi, j'ai fait ma vie, si je casse ma pipe c'est pas grave. Mais eux..."
Alors, plus que jamais, Catherine sera fidèle au poste, lors du prochain appel à manifester. Comme elle l'a fait depuis près d'un demi-siècle. 
"J'y crois, moi, au pouvoir de la rue. Le changement, il ne viendra pas d'en haut. Il viendra de nous". 

*Le seuil de pauvreté est fixé à 970 euros par mois. 
 
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