Paese Novu : après la rixe de la semaine dernière, un rassemblement sous tension

Une altercation entre deux groupes de jeunes gens, le week-end dernier, à Furiani, a suscité une vague d'indignation. Certains y ont vu l'illustration de tensions de plus en plus vives entre les communautés corse et maghrébine dans les quartiers sud de Bastia. Une manifestation pour dénoncer "la banlieurisation" de la Corse se tient cet après-midi à Paese Novu.

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"Basta Cusi". C'est l'un des mots d'ordre derrière lesquels se sont donné rendez-vous les personnes qui se retrouveront, à 13h30, à Paese Novu. Un autre slogan, qui fait, lui, grincer quelques dents, c'est "racailles fora".

À l’origine de cette mobilisation, la rixe qui s'est déroulée, dans la nuit du 5 au 6 janvier derniers, peu après 1 heure du matin, sur le parking d'une zone commerciale, à Furiani. Un jeune homme âgé de 18 ans, prénommé Raphaël, a été victime de plusieurs blessures, dont une vraisemblablement causée par une arme blanche, qui ont entraîné une ITT de dix jours. Raphaël affirme avoir été agressé par plusieurs hommes d'origine maghrébine.

C'est sur ce parking que se sont déroulés les faits. 

Tensions

L'affaire a suscité l'émoi sur les réseaux sociaux. Les réactions des particuliers ont été nombreuses, mais plusieurs mouvements politiques ont également exprimé leur soutien, et leur indignation.

Pour Core in Fronte cette agression témoigne "d'une fragmentation communautaire de la société corse". "Il n'existe qu'une seule communauté de droit sur notre terre : le peuple corse, qui n'est toujours pas reconnu dans ses droits politiques", assure le parti indépendantiste.

Le PNC évoque un phénomène de "banlieurisation", et estime que la société corse est "menacée dans son existence et dans les valeurs et codes culturels qu'elle porte".

L'association culturelle et identitaire nationaliste Palatinu, pour sa part, estime que la Corse est "confrontée à une tension permanente entretenue par la présence massive de populations extérieures qui produisent nombre d’éléments animés par un esprit profondément prédateur et vindicatif vis-à-vis des Corses de souche et des Européens assimilés".

Flou

Cette semaine, alors que le ton montait sur les réseaux sociaux, l'enquête avançait. Jeudi 11 janvier, quatre personnes étaient placées en garde à vue. Trois d'entre elles seront convoquées devant le tribunal correctionnel pour "violences volontaires en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours".

La quatrième personne est la victime présumée de l'agression, qui devra répondre des chefs de "port d’arme prohibé de catégorie D" et de "violences volontaires avec arme n’ayant entraîné aucune incapacité".

Des éléments qui invitent à la prudence concernant le déroulement des faits. Pour autant, ils n'ont pas vraiment apaisé les tensions.

Appel au calme

La préfecture de Haute-Corse, qui craint de possibles débordements, "au regard du caractère haineux ou raciste de certaines publications partagées sur les réseaux sociaux", n'a pas pu interdire le rassemblement, "qui n'a pas fait l'objet d'une déclaration auprès de la préfecture et se déroulant sans organisateur officiel".

Mais elle appelle au calme. Elle a souligné, dans un communiqué de presse, que "l'incitation à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personne à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée, constitue un délai puni d'une peine de prison jusqu'à 1 an et de 45 000 euros d'amende". 

Le représentant de l'Etat en Corse a souligné "la nécessité de laisser la justice faire son travail".

L'association Palatinu, qui n'est pas l'organisateur de la manifestation, dont on ignore encore qui l'a initiée, a de son côté appelé à marcher "dans le calme, l'ordre et la sérénité, mais avec la ferme volonté de dire que les Corses n'ont pas l'intention de baisser la tête".

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