Les magistrats financiers de la chambre régionale des comptes de Corse, viennent de mettre la dernière main à un rapport de 60 pages, qui dissèque cinq années de fonctionnement et de gestion du Service d’incendie et secours de la Haute-Corse.
Le document, qui couvre la période 2011-2016 pointe une "situation financière tendue" selon l’expression employée par la CRC. Principal grief, les coûts des dépenses de personnel. 109 euros par an et par contribuable, contre 51,85 euros au plan national analysent les magistrats. 70% du budget total du SDIS 2B est ainsi consacré à la rémunération des agents.
Garante de la bonne gestion des fonds publics, la chambre régionale préconise une réduction drastique des effectifs. Actuellement, 257 sapeurs-pompiers professionnels et 1064 volontaires assurent le fonctionnement des 20 casernes du département.
Un effectif surdimensionné de l’avis même des magistrats. Les analyses effectuées lors des opérations de contrôle de la CRC font apparaitre que seuls 21% des pompiers professionnels effectuent les 82 gardes annuelles qui leur sont normalement imposées.
S’agissant du temps de service qui est à rapprocher de la durée légale de travail de 1 607 heures par an, "seulement un quart de l’effectif atteint ce volume horaire annuel", indique la CRC et près de 30 % des sapeurs-pompiers ont eu en 2016 "une durée de service effectif inférieure à 1 500 heures".
Les conclusions de la chambre régionale des comptes précisent également que 95% des gardes effectuées par les sapeurs-pompiers volontaires en 2016, n’ont donné lieu à aucune intervention.
Une situation financière tendue
Dans ses préconisations, les magistrats financiers invitent le service d’incendie et de secours de la Haute-Corse à un ajustement des astreintes afin, expliquent-ils "de retrouver une marge de manœuvre financière afin de faire face aux inévitables investissements" qui s’annoncent. En particulier le renouvellement du matériel et la rénovation des casernes.Les syndicats eux, sont vent debout. Depuis la publication du rapport de la CRC ils contestent une vision uniquement comptable du document, sans aucune prise en compte des réalités opérationnelles selon eux.
Lucien Rossini du STC pompiers va encore plus loin : "Sur le terrain, nous constations une baisse des moyens, par ailleurs, une partie du travail des pompiers n’est pas prise en compte dans le rapport, notamment les entraînements qui ne sont pas comptabilisés dans le temps de travail", indique-t-il.
Spécificité du territoire insulaire
Cette gestion, c’est en partie celle de François Orlandi, ancien président du conseil départemental et président de fait du SDIS 2B.L’élu qui ne conteste pas le contenu du rapport dans ses grandes lignes, rappelle néanmoins que les magistrats ne prennent pas en compte certaines contraintes.
"Les spécificités des territoires, l’absence de médecins en milieu rural, font que les pompiers sont très sollicités et qu’il est nécessaire de maintenir une présence proche de la population", rappelle-t-il.
Un temps évoqué, lors de la mise en place de la collectivité unique, la fusion des deux services d’incendie et de secours de la Haute-Corse et de Corse du Sud, a finalement été abandonnée.
A l’aune des conclusions du rapport de la chambre des comptes et des économies réclamées par le gouvernement à l’ensemble des collectivités locales, cette question pourrait très bien ressurgir dans les prochains mois.
Aller plus loin : Lire le rapport de la chambre régionale des comptes de Corse.