Avec les confinements, les plantations de cannabis "indoor" ont augmenté en Haute-Corse. Les saisies de drogues sont elles aussi en augmentation. Au même titre que les saisies d'armes en tous genres. Vendredi 4 février, le Préfet de la Haute Corse François Ravier, le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery et le directeur départemental de la sécurité publique, Joël-Patrick Terry et le commandant du groupement de la gendarmerie départementale, le colonel Vincent Lemmonier, ont présenté les chiffres de la délinquance en Haute-Corse.
C'était l'une des priorités émises par le gouvernement pour 2021 : la lutte contre le trafic de stupéfiants. Sur ce point, les équipes de gendarmerie, de police et le parquet de Haute-Corse se félicitent. De 2020 à 2021, les saisies de résine de cannabis ont augmenté (elles sont passées de 65 kg à près de 101 kg), il en est de même pour l'héroïne (17 grammes saisis en 2020, 196 grammes en 2021), l'ecstasy (de 1 cachet saisi en 2020 on passe à 48 cachets), et les plants de cannabis (97 pieds saisis en 2020, 297 saisis en 2021). Seules les saisies de cocaïne sont en baisse (de 7,6kg à 3,3kg). En Corse-du-Sud, les saisies de stupéfiants ont aussi augmenté en 2021.
Nouvelle "tendance" sur ce front : les enquêteurs se sont aperçus que le nombre de cultures "indoor" avait augmenté depuis 2020 avec les différents confinements : face à des problèmes d'approvisionnement les vendeurs et trafiquants se sont "adaptés".
Au premier trimestre 2022, trente-cinq personnes seront jugées dans le cadre de trois procès pour trafic de stupéfiants. "Les saisies de stupéfiants sont suivies de démantèlement de trafic", explique le préfet de Haute-Corse François Ravier.
Une hausse des saisies de "stups"
Mais cette hausse des saisies traduit-elle davantage d'efficacité dans les enquêtes ou une augmentation de la circulation de la drogue sur l'île ? Le préfet penche plutôt pour la première hypothèse : "la population est stable, dit-il, le marché potentiel est stable. On a plutôt tendance à penser qu'il y a une plus grande efficacité des enquêtes."
Les objectifs pour 2022 restent les mêmes. "Ils ont montré leur pertinence", déclare le préfet Ravier. Même s'il est encore possible d'améliorer les process et le travail collectif".
De plus en plus de saisies d'armes
Autre conséquence des démantèlements de trafic : le nombre d'armes saisies par les services de police et gendarmerie en Haute-Corse est en hausse. Alors qu'en 2020, 276 armes avaient été saisies, 409 sont confisquées cette année. Des opérations judiciaires ont engendré la découverte de 15 armes longues dont 3 AK47, 8 armes de poing, 7000 munitions, 14 détonateurs et 7 cordeaux détonants chez un même individu, depuis mis en examen et placé sous mandat de dépôt.
En outre, avec la hausse des enquêtes pour violences intrafamiliales, il y a de plus en plus de saisies d'armes chez des particuliers.
La priorité des violences intrafamiliales
Car cette catégorie de violences constatées par les forces de l'ordre sont aussi en augmentation. Selon les services de la préfecture, cela pourrait s'expliquer par une hausse des dénonciations de la part des victimes, dans un contexte où la parole s'est libérée. En 2021, 489 faits de violences de ce type ont été constatés, contre 461 l'année précédente. Dans ce domaine, le taux d'élucidation reste élevé.
En 2022, cela reste une priorité pour les autorités de la Haute-Corse. Le procureur de Bastia, Arnaud Viornery, dit vouloir "maintenir une qualité et une réactivité d'enquête au plus haut." Il prône un meilleur accompagnement des victimes, "à la fois au commissariat et dans les brigades" et à travers "les associations d'aides aux victimes et également via une meilleure prise en charge médico-légale". Il rappelle qu'une unité médico-judiciaire a ouvert ses portes en début d'année. Conséquence de l'augmentation des violences intrafamiliales : les atteintes aux personnes –dont font partie ces violences- augmentent. 805 atteintes volontaires ont été recensées en 2021 contre 750 l'année précédente.
Les "chiffres élevés" de la délinquance économique
Pour la délinquance économique et financière, les saisies d’avoirs criminels par les services, ainsi que dans le cadre de co-saisines avec le Groupe d'intervention régional (GIR) s’élèvent en 2021 à 6.042.069€ (contre 5.694.217€ en 2020) soit une hausse de +6,1 % équivalant à 347.852€. Le procureur de Bastia souligne que s'ajoutent à cela de nombreuses confiscations. 2,7 millions d'euros ont fait l'objet de sanctions patrimoniales par le tribunal correctionnel de Bastia et 2,2 million d'euros de biens ont été saisis (sur compte bancaire ou saisies immobilières). "Ce sont des chiffres très élevés pour un département de la taille de la Haute-Corse, a reconnu Arnaud Viornery. Mais qui ont vocation à être maintenus parce qu'ils constituent un marqueur fort de l'activité des services et de l'efficacité de la lutte contre la délinquance économique et financière sous toutes ses formes."
L'une des opérations judiciaires importantes sur ce front a conduit à la saisie d’une assurance-vie de 162.486€, d’un appartement de 140.000€, d’une villa de 1.900.000€, de deux locaux commerciaux de 240.000€ et 197.000€, de 4 boxes de 40 000€,et enfin de trois appartements de 142.075€, 94.400€ et 201.975€. Soit un total de 3.117.933€.
Sur l'ensemble des enquêtes, sur tous les types de délinquance, les services de police et de gendarmerie se félicitent d'un taux d'élucidation de 46%.