L'un des cent héros de la Grande Guerre et l'une des figures du 173e Régiment d'Infanterie a été honoré jeudi à Bastia. Une cérémonie a eu lieu à l'église Saint-Joseph en présence du fils du lieutenant-colonel Pierre Chiarelli, héros de guerre.
En août 1914, l'adjudant Pierre Chiarelli, originaire de Piedicroce, est mobilisé et quitte la Corse pour le front. Il devient très vite lieutenant-colonel et 100 ans après, en 2014, le gouvernement français le cite dans sa liste des cent héros de la Première Guerre mondiale.
(Re)lire et (re)voir l'article et le reportage que la rédaction de France 3 Corse ViaStella lui avait consacré en 2016.
L'histoire d'un héros discret
A Saint-Joseph, une rue porte son nom. Le nom du lieutenant-colonel Pierre Chiarelli. Discrète, à son image, on doit presque en deviner la plaque cachée derrière la vigne vierge.Pourtant, Pierre Chiarelli est un héros de guerre. Héros mal connu, Joseph Chiarelli, son fils, aujourd’hui âgé de 92 ans, est l’un des seuls à en conserver la mémoire. Chez lui, il entretient un petit musée à la gloire de son père. Sabres, médailles et photos se côtoient.
Mobilisé en août 1914, l'adjudant Pierre Chiarelli, originaire de Piedicroce, obtient une citation à l'ordre de l'armée, à peine trois mois plus tard. Elle relate ses exploits : "Encerclé avec ses hommes, il a su se frayer un chemin à coups de sabre et a pu ramener son unité intacte jusqu'aux tranchées."
La première d'une incroyable liste de décorations. Pierre Chiarelli sera finalement élevé au grade de Grand officier de la Légion d'honneur.
« Il n’en parlait pas. Il était très discret, se rappelle son fils. Pour lui c’était normal. Et d’ailleurs, il ne cessait de dire que ce qui était remarquable en 14-18 c’était cette Union Sacrée. Les gens défendaient la nation et défendaient nos libertés. Il avait horreur de se poser en victime. Il faisait son travail. »
Pas des victimes, mais des hommes de devoir. Ces quatre années de guerre ont vu tomber entre 10 et 12000 combattants corses. Soit un mort sur cinq parmi les soldats insulaires. 50 000 corses ont été mobilisés ou engagés volontaires.
Résistance
Pas question pour autant pour le lieutenant-colonel Chiarelli de faire des Corses les victimes de la Grande Guerre.Son fils l'a entendu mille fois sur la question : « Il était quand même un peu plus loquace quand il s’agissait de parler de la Corse comme de la chair à canon. Hélas, il y a eu énormément de morts. Y compris dans notre famille. C’est parce que la Corse était un département rural et la moitié des corses étaient dans les régiments d’infanterie. »
Pierre Chiarelli a consacré sa vie à la défense de son pays. En 1939, il fait la campagne de France et après la défaite, entre dans la Résistance. Il s'illustrera une nouvelle fois.
Jean-Raphaël Cervoni est historien, un habitué des archives de Haute-Corse. Il y épluche toutes les traces écrites, les rares exemplaires de journaux corses d'époque.
Célébré au moment du Centenaire
Pour lui, les hommes comme Chiarelli sont l'illustration d'un autre temps : « Il y a une filiation directe entre les héros de 14 et ceux qui ont continué après à faire de la Résistance. Parce que pour eux, se battre contre l’ennemi quel qu’il ait été, même si c’était un ennemi de l’intérieur, par exemple les collaborateurs, c’était un devoir qui venait en droite ligne de leur idée maîtresse, c’est-à-dire de défendre la nation. »Ses principes ont valu au lieutenant-colonel Chiarelli d'être cité en 2014 par la France comme l'un des 100 héros de la grande Guerre.
Joseph Chiarelli s'est attelé à l'écriture d'un livre pour raconter la vie de son père. La modestie de ce dernier dût-elle en souffrir, c'est la moindre des choses.