Musicales de Bastia : "Rendre ce genre de festival plus accessible au grand public", assure le directeur du festival Raoul Locatelli

Pour sa 33e édition à la tête des Musicales de Bastia, le directeur artistique Raoul Locatelli revient sur l'organisation et ses attentes lors des quatre jours de concerts étalés du 14 au 20 novembre.

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Après deux reports successifs en raison des conditions sanitaires, les Musicales de Bastia vont enfin fêter leur 33e édition cette année. Véritable événement culturel de la vie locale bastiaise, il propose encore une fois une programmation variée (Soledonna, Amadou et Mariam, Robin McKelle...) autour des styles musicaux du monde entier et dans des lieux emblématiques de la ville comme le théâtre ou le centre culturel Alb'Oru. 

À sa tête, un personnage charismatique et ancien professeur de philosophie, Raoul Locatelli. Arrivé à Bastia en 1971, il a tout de suite été intégré dans l'univers culturel et artistique. Aujourd'hui, cet amateur d'art en tout genre retrace les difficultés rencontrées avec la crise sanitaire pour une édition à part entière et donne son regard sur l'évolution des festivals culturels de ce type à l'avenir.

Comment avez-vous réussi à finalement mettre sur pied cette nouvelle édition des Musicales, marquée par deux reports précédents dus au Covid-19 ?

La mise en place de cette édition a été difficile parce qu’il y a surtout eu une prolifération totalement surabondante et déraisonnable des reports de concerts. Il est plutôt difficile de communiquer déjà quand il y a peu de concerts mais alors quand il y en a trop ça devient compliqué.

Cette année, nous avons une affiche qui tient la route avec des concerts très différents et de grande qualité. Pour nous, c’est une bonne carte à jouer car beaucoup d’artistes avaient déjà été programmés en 2020, mais on avait dû annuler. Pour la grande majorité, ils ont accepté de revenir pour rencontrer le public bastiais.

La marque de fabrique du festival, c’est le voyage qui sert de fil conducteur à tous les concerts qui vont avoir lieu. Jazz, musiques du monde, créateurs corses… Ils sont donc tous embarqués sur le même navire.

Les festivals subissent à présent une forme d'embouteillage culturel au niveau de la programmation. Avez-vous dû faire des concessions pour votre 33e édition consécutive à la tête de cet événement ? 

On a d'abord raccourci les dates d’une journée pour pouvoir placer le festival dans le calendrier. Il fallait que chacun fasse un effort avec des Musicales qui se terminent sur trois journées consécutives qui plus est ensoleillées. Cela n’est pas négligeable car si les précipitations de la semaine dernière avaient continué ce week-end, le festival aurait pris une autre tournure.

À l'heure actuelle, le spectacle vivant connaît des moments difficiles sur le plan national où on estime que la fréquentation cette année a chuté de 70% en moyenne. On va aussi subir la crise de plein fouet, mais on espère qu'avec les artistes programmés et de renommée internationale, on arrivera à limiter les dégâts. En général, nous sommes entre 2 000 et 3 000 personnes sur l'ensemble du festival.

Votre implication dans la vie culturelle bastiaise est reconnue depuis plus de 50 ans. Quel regard portez-vous sur l'évolution et le futur de festivals culturels comme celui-ci ? 

Le paysage culturel et musical a complétement changé sur la Corse et Bastia. Quand j'ai créé les Musicales en 1987, on était seul à faire un festival de ce type. On était des pionniers en quelque sorte. Les artistes prestigieux comme Claude Nougaro, Léo Ferré, Georges Moustaki ou Nina Simone  étaient des artistes avec des prix de contrat totalement adaptés aux capacités d'un théâtre de 800 personnes. Aujourd'hui, les artistes considérés comme des têtes d'affiche demandent des dizaines de milliers d'euros et forcément il faut que l'on choisisse des lieux de plein air pour assurer la représentation.

On essaie également d'attirer la jeunesse. Mais quand on leur propose quelque chose qui pourrait les intéresser, si eux ne les ont pas découvert sur les réseaux sociaux ils ne se déplacent pas... Il y a un manque évident de curiosité dans le grand public. Il faut donc rendre ce genre de festival plus accessible au grand public. À la marge, il existe aussi un public plus amoureux de découvertes et plus audacieux.

Le spectacle vivant c'est un peu perdu avec les réseaux sociaux et on se contente de rester à la maison. Les jeunes font partie du chantier que l'on va mener et surtout essayer d'approcher le grand public. Les artistes les plus connus seront de plus en plus inaccessibles donc il faut que les gens fassent confiance à des spécialistes qui supervisent d'autres concerts et d'autres festivals pour ramener de la qualité sur place comme ici à Bastia.

On n'est pas dans le même esprit que des personnes qui vont voir des concerts de stars le temps d'une soirée. Dans un festival, il y a des concerts dans des lieux différents à toutes les heures et des passerelles qui se font entre chaque spectacle. On invite donc le public à venir découvrir ce qu'il ne connaît pas et qu'il pourrait aimer sans le savoir.

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