Napoléon III, l'autre Bonaparte, enfin au coeur d'une exposition insulaire

Difficile d'exister dans l'ombre de ses aînés. Surtout lorsque vous avez pour oncle Napoléon Ier. Durant 18 ans Louis-Napoléon a été à la tête du Second Empire, mais en Corse, il était délaissé par les historiens. Jusqu'au 21 décembre le Musée de Bastia lui consacre une exposition.

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Sylvain Gregori, le directeur du Musée de Bastia, est catégorique : "Le second Empire, c'est une période d'essor économique pour la Corse. C'est également un moment où le régime impérial va donner à l'île un statut particulier dans l'imaginaire politique bonapartiste, notamment à travers les voyages impériaux.
C'est par exemple l'impératrice Eugénie qui, munie d'un marteau et d'une truelle, va poser la première pierre de l'hôpital de Bastia". 

 

Des exemples tels que celui-là, certains bien plus significatifs encore, foisonnent au fil des salles qui sont consacrées à l'exposition Corsica Impériale, au musée de Bastia. 
La relation entre Napoleon III et l'île a été étroite, soutenue, et porteuse de bien des changements. 

Une période d'essor économique pour la Corse

Urbanisme, exploitation forestière ou encore tracé des routes, le règne de l'Empereur façonne le paysage insulaire.
C'est aussi à cette époque que l'île construit son image touristique.
 


Naissance d'un mouvement de résistance culturel


Le catalogue de l'exposition va plus loin encore : 
"De nouvelles lois sont promulguées pour assurer la mise en valeur du territoire : création des pénitenciers agricoles, d’une société d’agriculture, d’une école d’agriculture, de concours agricoles, encourager les industries et les expositions, favoriser le commerce. 
Création de banques, d’un comptoir de la Corse, amélioration des capacités portuaires et enfin, permettre des améliorations sociales par le biais notamment du recul du banditisme et de la prohibition des armes."

 

L'empereur s'entoure de notables insulaires, comme Antoine Conti. Ils importent sur l'île la langue française et la culture bonapartiste. 

Et c'est là que l'idylle entre Napoléon III et la Corse connaît quelques contrariétés. 

La culture italienne est encore très présente sur l'île, les actes sont toujours rédigés en italien, et les liens économiques avec l'Italienne restent forts, ainsi que le rappelle Sylvain Gregori : 
"Le processus d'intégration à la France que va impulser le Second Empire va engendrer un mouvement de résistance culturel, notamment sous la houlette du poète bastiais Salvatore Viale, et plus largement, ce qui deviendra plus tard la question identitaire corse". 
 
Autant d'aspects largement abordés, et documentés, au musée de Bastia, jusqu'au 21 décembre prochain.
 
"NAPOLEON LE PETIT"
C'était l'un des surnoms, peu flatteurs, dont Victor Hugo avait affublé Napoléon III.
Au fil des écrits de l'auteur des Châtiments, on pouvait trouver également "Césarion", ou, bien plus cruels et véhéments, "nain immonde" ou "pourceau dans son cloaque". hugo n'a eu de cesse de combattre Napoleon III, durant tout son règne, et même avant, même si c'est le coup d'Etat du 2 décembre 1851 qui restera comme une marque indélébile de l'infâmie de l'Empereur, à ses yeux.

"RIEN N'EST MOINS RESSEMBLANT QUE CE PORTRAIT"

Plutôt injuste, selon Emile Zola, qui, quelques années plus tard, écrira : « Le Napoléon III des Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce portrait, sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses crachats ».

Hugo, en permanence, comparait Napoléon III à Napoléon Ier, "le grand", dont il ne cessait de vanter les mérites. 
Il n'y a pas qu'en Corse, on le voit, que Napoléon III dût vivre dans l'ombre de son oncle. 

UNE LONGUE MARCHE VERS LE TRONE

Son oncle, dont il rêva toute sa vie de prendre la suite. 
D'autant qu'après les morts de Napoléon-Louis en 1831, et de Napoléon II, roi de Rome, en 1832, il était devenu l'héritier du trône. 

En 1836 à Strasbourg, et en 1840 à Boulogne-sur-Mer, deux premières tentatives de coups d'Etat, échouent lamentablement. Il effectue son retour sur la scène politique grâce à la révolution de 1848, qui met fin à la monarchie de Juillet. Il se fait élire représentant du peuple. Tout va s'accélérer subitement. 

SACRÉ LE JOUR DE L'ANNIVERSAIRE DU SACRE DE NAPOLEON Ier

En septembre, il est élu député. 
Et en novembre, à la suite de la promulgation de la Constitution de la IIe République, il se déclare candidat à l'élection présidentielle, la première qui se déroule au suffrage universel masculin. 
Le 20 décembre, il est élu président, avec 74,2 % des voix, et l'influence manifeste, bien que paradoxale, de sa parenté avec l'Empereur. 
Il est âgé de 40 ans. 

Au terme de mois d'affrontements, qui tournent à l'épreuve de force, avec l'Assemblée, Louis-Napoléon lance son coup d'Etat, le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier, et de la victoire d'Austerlitz. 
Un an après, le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte est sacré empereur. 

18 ANS DE REGNE

Napoléon III régnera sur la France jusqu'en 1870. 
Sa défaite à la bataille de Sedan, durant la guerre de Prusse, marquera la fin du Second Empire. 
Il est fait prisonnier, et interné en Prusse. 
Après que Bismarck ait mis fin à sa captivité, en mars 1871, il rejoindra son fils et son épouse, Eugénie, en Angleterre, où ils s'étaient réfugiés. 
Le 9 janvier 1873, Louis-Napoléon meurt, à l'âge de 65 ans, des suites de violentes crises urinaires. 
60.000 personnes viendront se recueillir devant sa dépouille. 

 
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