La 34e édition du festival du cinéma italien de Bastia a débuté le 5 février et se clôturera le 12 février. En raison de la situation sanitaire, en 2021 il avait été reporté au mois de juin et réduit à quelques séances seulement. Cette année Oreste Sacchelli, spécialiste du cinéma italien, qui présente un nouveau livre, nous parle de la sélection et des films italiens en général.
Oreste Sacchelli est bien connu des habitués du Festival du cinéma italien de Bastia. Il y est venu pour la première fois en 1996 et sa signature orne encore l'affiche de l'époque, sur le grand mur consacré aux précédentes manifestations. Historien du cinéma italien, universitaire honoraire, Oreste Sacchelli a vu tous les films proposés cette année et présente au public avant chaque séance ceux qui sont en compétition.
Cette année, Oreste Sacchelli est l'invité d'un autre événement en lien avec le festival du film italien : le salon littéraire de Musanostra. Il présente son livre Mes meilleures années, le cinéma de Marco Tullio Giordana aux éditions Radici. Marco Tullio Giordana est déjà venu plusieurs fois au festival. Il est surtout connu en France pour son film Nos meilleures années (2003), prix Un Certain regard à Cannes en 2003, mais aussi pour Les Cent Pas (2000) et Piazza Fontana (2012).
Qu'est-ce que vous aimez dans le cinéma italien ?
Je crois que toutes les cinématographies rendent compte de la société dans laquelle elles sont produites, soit parce qu'elles la représentent directement, soit par le simple fait de la possibilité d'exister. Donc personnellement, étant né en Italie, ayant fait des études d'italien (licence, doctorat etc.) je suis naturellement porté à étudier la société italienne et le cinéma me paraît, m'a toujours semblé un angle intéressant. D'ailleurs, c'est Moravia [Alberto Moravia, écrivain italien qui a vu nombre de ses romans adaptés au cinéma, notamment par Jean-Luc Godard avec Le Mépris] lui-même qui disait que le cinéma italien a été le grand roman de l'Italie. Je me suis abrité derrière lui pour justifier mes choix.
Cette année, le Festival du cinéma italien de Bastia porte sur le thème de la famille. Est-ce une thématique importante dans le cinéma italien ?
C'est une thématique constante, je crois que quelle que soit la période du cinéma, le problème familial est tout à fait présent. C'est une façon d'envisager la société qu'ont les Italiens qui part des dynamiques de la famille. Evidemment, tous les films sont différents. Donc toutes les familles aussi, toutes les représentations. Mais c'est vrai que c'est un thème récurrent.
C'est un point commun avec la Corse ?
Je crois que c'est méditerranéen, que toute la Méditerranée a plus ou moins la même conception de la famille, du rôle que joue la famille dans la vie des individus.
Vous avez vu toute la sélection de ce 34e festival du film italien de Bastia. Est-ce que vous avez des coups de cœur, des recommandations ?
Je ne répondrai pas parce que si quelqu'un se fie à mon goût, il va peut-être être déçu. Il est clair que sur une sélection comme celle-ci, on ne peut pas avoir vingt-quatre coups de cœur. J'ai toujours remarqué que quand on disait à quelqu'un "Il faut voir absolument ce film-là." La personne s'attendait à voir quelque chose d'extraordinaire, donc qu'elle pouvait être déçue. Un festival comme celui de Bastia devrait permettre de voir tous les films pour répondre à une curiosité nécessaire, pour comprendre ce qu'est le cinéma italien actuel au-delà du plaisir. Un film a aussi le droit de décevoir. Etre confronté à quelque chose qu'on aime ou à quelque chose qu'on aime moins permet aussi d'affiner la réflexion sur ses propres goûts. La sélection du festival, c'est un panorama évidemment restreint, mais qui reflète tout à fait ce qu'est le cinéma italien cette année, une année riche.
Le salon littéraire de Musanostra aura lieu le 11 février à 14h30 dans la salle des congrès du théâtre. Oreste Sacchelli est invité aux côtés de Giacomo Mazzariol.
Le festival du film italien de Bastia a lieu du 5 au 12 février 2022. Retrouvez le programme ici.