Rixe de Furiani : les quatre jeunes hommes sont condamnés à quatre mois de prison avec sursis

L'affaire avait engendré une large couverture médiatique. Un mois et demi après les faits, le tribunal correctionnel de Bastia a condamné les quatre prévenus dans ce dossier à quatre mois d'emprisonnement avec sursis. Une peine, pour Raphaël L., inférieure à celle requise lors de l'audience par le ministère public.

Que s'est-il passé, dans la nuit du 5 au 6 janvier, sur le parking du Gifi de Furiani ? L'affaire avait défrayé la chronique, et donné lieu à une couverture médiatique régionale et nationale.

"Lynchage" ou rixe, un mois et demi après les faits, le tribunal correctionnel de Bastia a tranché : Raphaël L. - qui avait déposé une plainte, se décrivant comme victime d'une violente agression, et ainsi entraîné l'ouverture des investigations -, est reconnu coupable de violences volontaires avec arme n'ayant pas entraîné d'ITT (interruption totale de travail). Il est condamné à quatre mois d'emprisonnement avec sursis.

Une peine "moindre que celle demandée par le procureur au cours de l'audience, rappelle Me Stella Canava, son avocate. Il a également été reconnu en qualité de victime, puisque sa condition de partie civile a été accueillie, et l'affaire a été renvoyée sur les intérêts civils pour les indemnisations."

Raphaël L. est également interdit de détenir et de porter une arme pendant cinq ans. Enfin, le tribunal correctionnel a fait droit à la dispense d'inscription de cette condamnation au bulletin civil numéro 2 du casier judiciaire, comme demandé par le jeune homme. Lors de l'audience, le procureur de la République avait requis que cette dispense ne lui soit pas accordée. "C'est très important pour lui et pour son avenir professionnel, puisqu'il fait des études en cybersécurité", note Me Stella Canava.

"Il n'y a pas eu de distinctions"

Ibrahim D., Ilyes O. et Rayane E, sont eux reconnus coupables de violences en réunion ayant entraîné une ITT de moins de huit jours, et condamnés à quatre mois de prison avec sursis.

Me Valérie Vincenti, conseil d'Ibrahim D., admet une certaine insatisfaction. Lors de l'audience, elle avait plaidé la relaxe pour son client. Elle regrette notamment le choix du tribunal d'avoir décidé de peines similaires pour l'ensemble des prévenus dans ce dossier.

"Il n'y a pas eu de distinctions, alors qu'il y a vraiment des implications qui sont détaillées dans la procédure, qui ont été plaidées, et par la force des choses, j'estime qu'on ne peut pas avoir les mêmes conséquences."

Exposition médiatique et mensonges supposés

Pour rappel, l'affaire, révélée dès le lendemain des faits après le dépôt de plainte de Raphaël L, 18 ans, avait entraîné nombre de communiqués de soutien à sa destination, et même la tenue d’un rassemblement dans le quartier de résidence des auteurs des faits désignés par ce dernier. Une manifestation au cours de laquelle l’origine – supposée ou non – des trois jeunes hommes a notamment pu être désignée par certains.

"600 personnes dans la rue, sur la foi d’un mensonge", avait déploré, lors de l'audience, le 12 février dernier, le procureur de la République de Bastia, Jean-Philippe Navarre. Pour le représentant du ministère public, de son dépôt de plainte au procès, Raphaël L. n'a eu de cesse de modifier la vérité à son avantage.

En masquant dans un premier temps aux enquêteurs la raison de sa présence sur le parking de la surface commerciale où les faits ont eu lieu, ce soir-là. Il avait d'abord prétexté s'y être rendu pour jouer au foot avec des amis. Un rendez-vous avec un autre groupe de jeunes avait en réalité bien été acté en sa connaissance, en attestent des messages échangés.

En assurant avoir été menacé puis blessé par un couteau appartenant à l'un des trois autres jeunes hommes, ensuite. Un couteau qu'il est le seul, avec une de ses amies, a assuré avoir vu, quand une quinzaine d'autres personnes étaient présentes sur les lieux. Et ce alors que même parmi son groupe d'amis, plusieurs indiquent que Raphaël L. était le seul en possession d'un couteau -.

En parlant, plus généralement, d'une violente agression à son encontre, quand, pour le procureur de la République, il s'agissait finalement d'une rixe. Un accrochage avec des coups portés des deux côtés, et faisant suite à un contentieux né d'une vidéo postée sur les réseaux sociaux par Raphaël L., et jugée raciste par les autres garçons.

Au sortir de l'audience, cet argumentaire avait été dénoncé par l'avocate de Raphaël L., Me Stella Canava. Elle avait reproché un procès "extrêmement à charge", dans un dossier où son client s'était retrouvé dans une bagarre forcément déséquilibrée, à trois contre un.

Une peine inférieure à celle requise par le procureur

Lors de l'audience, Jean-Philippe Navarre avait requis la plus lourde peine à l'encontre de Raphaël L. : six mois de prison avec sursis. Pour Ibrahim D., Ilyes O. et Rayane E, le ministère public avait demandé quatre mois d'emprisonnement assortis à un sursis.

Des réquisitions que le tribunal correctionnel de Bastia n'a donc choisi de suivre qu'en partie, ce lundi 26 février.

Les quatre jeunes hommes disposent de dix jours pour faire appel de cette décision. Interrogés sur ce point, leurs avocats indiquent chacun s'en réserver la possibilité.

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