Après plusieurs campagnes de fouilles consacrées à la Mortella III, c'est au tour du deuxième vaisseau de la Renaissance échoué par 48 mètres de fond dans le golfe de Saint-Florent, la Mortella II, de livrer ses précieux secrets aux archéologues.
"Il y a deux ancres qui sont très intéresantes à étudier. Des ancres du XVIème siècle, il n'y en a pas beaucoup en Méditerranée occidentale !". Après 22 minutes d'observation à 48 mètres de la surface, le plongeur-archéologue italien Fabrizio Ciacella remonte ravi.
Français, italiens, suisses, espagnols, toute une équipe de plongeurs-archéologues bénévoles effectue une mission de trois semaines de fouilles sur l'épave de la Mortella II, vaisseau daté de la Renaissance localisé dans le golfe de Saint-Florent en octobre 2005. Un second navire, la Mortella III, retrouvée en novembre 2006 par 38 mètres de fond, a lui fait l'objet d'une campagne de fouille entre 2010 et 2015.
Un intérêt scientifique majeur
On a plus d'informations sur les navires romains du 1er siècle avant JC que sur cette époque
"On sait que ces navires ont coulé à la mi-août 1527 dans le golfe de Saint-Florent. La ville de Gènes était assiégée par la France et avait fait envoyer ces bateaux en Sicile pour ravitailler la ville qui était affamée. Partis de Rapallo, les navires faisaient escale ici. Bloqués sans vent au milieu de la baie, ils se sont fait surprendre par une flotte de galères françaises. Les hommes ont alors sabordé leurs navires par le feu avant de se réfugier à terre." raconte l'archéologue Arnaud Cazenave, responsable des fouilles menées sur les deux grands vaisseaux.
Mobilier, tessons de céramique, ancres, pièces d'artillerie, architecture navale, l'étude de ces épaves présente un intérêt historique, patrimonial et scientifique majeur pour les archéologues. "Ces épaves sont extrèmement rares et précieuses, poursuit Arnaud Cazenave, elles sont une source d'informations clés pour comprendre comment on construisait les navires et on naviguait à cette époque là, et aussi comment se faisaient le commerce et la guerre".
A terme, ce projet intitulé « Cinq siècles sous la mer », soutenu par des fonds européeens, l'Etat, la Collectivité de Corse et la ville de Saint-Florent, a pour ambition de créer autour de ces épaves un pôle d’archéologie maritime de la période de la Renaissance en Méditerranée.