Les médecins spécialistes de plus en plus rares, c’est une réalité en Corse. Les pédiatres, cardiologues ou ORL sont peu nombreux et dépassés par le nombre de patients en Corse. Retour sur la problématique de l’absence de spécialistes dans l’île abordée lors de l’Emissione Speziale du 15 janvier dernier.
Nombreux sont les parents à ne pas hésiter à franchir le col de Vizzavona pour obtenir un rendez-vous chez le pédiatre. Les délais d’attente varient de plusieurs mois entre Ajaccio et la région bastiaise.
La profession est pourtant en tension y compris en Haute-Corse puisque six pédiatres sont installés pour 150 000 habitants. Moitié moins que la moyenne nationale.
Déjà occupés par le suivi des naissances et des enfants en bas âge, ils sont débordés par les maladies qui touchent les plusn petits au quotidien : « Tous les enfants malades représentent 10 à 15 consultations en plus par jour. On a du mal parce qu’on n’a pas de solutions à leur proposer. Nos plannings sont pleins, on déborde. Les généralistes sont eux-mêmes débordés et les urgences aussi. » indique Angélique Ceccaldi, pédiatre dans l’agglomération bastiaise.
Même problème à l'hôpital
Il en est de même dans le système hospitalier. Le chef de service pédiatrie au CH de Bastia, Frédéric Sabani, a alerté l’ARS à de nombreuses reprises sur le manque de médecins de sa spécialité : « Nous n’avons pas d’autre solution que de recourir à l’intérim médical ou de recruter tout de suite des médecins disponibles. Et quels médecins disponibles ? Il n’y en a pas ! Il n’y a pas d’autre solution que de recourir à des médecins à diplômes étrangers ! Ce sont les seuls disponibles ! » déclare-t-il.
La pédiatrie, pas la seule spécialité touchée
Outre la pédiatrie, la cardiologie est également une profession où les médecins actifs se font rares : « D’ici 3 à 4 ans, 7 à 8 de nos collègues partiront à la retraite. Il y en a qui ont déjà atteint l’âge de départ mais qui continuent leur activité. C’est très inquiétant parce qu’on n’a pas autant de jeunes qui arrivent et s’installent. » précise Ziad Boueri, chef du service cardiologie au CH de Bastia.
Le bilan, c’est Bruno Manzi, le président du conseil de l’ordre des médecins de Haute-Corse qui le tire. Les nouveaux professionnels de santé spécialistes voudraient selon lui, plus de temps libre : « pour remplacer un médecin qui part à la retraite qui travaillait jusqu’à 80 heures par semaine, il faut bien deux nouveaux médecins par rapport à l’adaptation du temps libre dont ils sont besoin. »
Le numerus closus a été abrogé en première année de médecine. Reste à savoir si la génération actuelle d’étudiants en médecine s’orientera vers des spécialités en manque cruels d’effectifs, et si elle s’installera en Corse.
Vous pouvez retrouver ci-dessous le reportage complet de Pierre Nicolas, diffusé lors de l’Emissione Speziale consacrée à la santé le 15 février dernier.
