Anne Ballereau, ancienne sous-préfète de Calvi, a déposé une plainte avec constitution de partie civile. Une première plainte avait été déposée en 2019, mais l'affaire avait été classée par le parquet de Bastia.
La procédure initiée en 2019 par Anne Ballereau à l'encontre du directeur général de la sécurité civile au ministère de l'Intérieur, Alain Thirion, connaît de nouveaux développements, selon une dépêche de l'AFP datée du 10 mai.
Entre mai 2015 et août 2016, Anne Ballereau, sous-préfète à Calvi, officiait sous les ordres d'Alain Thirion, alors préfet de Haute-Corse. Et la haute fonctionnaire affirme avoir subi, durant cette période, un harcèlement moral et sexuel de la part de son supérieur de l'époque.
Surnoms sexistes
En décembre 2019, Anne Ballereau dépose une première plainte, au commissariat de Bastia.
Une enquête préliminaire est ouverte en février 2020 pour chef de harcèlement moral dans le cadre du travail et harcèlement sexuel par personne ayant autorité, et confiée à la police judiciaire de Bastia ainsi qu'à l'Office central pour la répression des violences aux personnes à Nanterre.
Des formulations maladroites
Alain Thirion
Fin juillet 2020, Alain Thirion est placé en garde à vue. Il conteste les faits, et estime que la plaignante "s'est peut-être imaginée des choses". Lors de la confrontation avec cette dernière, il se montre moins catégorique, regrette "des formulations maladroites", et assure qu'il veut "tirer un certain nombre de leçons" de toute l'affaire.
Dans le procès-verbal de synthèse, que s'est procuré l'AFP, la PJ bastiaise fait état de "témoignages attestant des surnoms sexistes donnés aux interlocutrices et de remarques déplacées", et souligne "un management litigieux, ponctué parfois de propos déplacés". Un comportement confirmé par quatre autres haut-fonctionnaires, qui parlent alors de "pression", d'"agressivité", de "déstabilisation". Mais n'avaient jamais porté plainte, pour ne pas nuire à leur carrière.
La plaignante, qui est, selon les enquêteurs, "en opposition aux instructions de son préfet dont elle se défiait", est qualifiée de "rigoureuse" mais "méfiante", lors d'une expertise psychiatrique.
En mars 2021, le parquet de Bastia décide de classer l'affaire, pour "infraction insuffisamment caractérisée".
Anne Ballereau promet alors qu'elle n'en restera pas là. "Je continuerai, car je n'ai dit que la vérité".
Rebondissement
En janvier dernier, l'ancienne sous-préfète, âgée de 65 ans, a déposé une plainte avec constitution de partie civile devant le doyen des juges d'instruction de Bastia. Une information judiciaire pour "harcèlement" a été ouverte. Elle est menée par un juge d'instruction bastiais, comme l'a confirmé le parquet.
La défense du directeur général de la sécurité civile s'est contentée de rappeler que "le parquet de Bastia a déjà rendu une décision de classement sans suite après avoir procédé à de longues et minutieuses investigations, mais également à la lumière des conclusions de l'expertise psychiatrique de la plaignante".
Maître Marie-Alix Canu-Bernard, avocate d'Alain Thirion, a également fait savoir que "cette nouvelle initiative, étonnamment médiatisée, permettra néanmoins la poursuite de la plainte immédiatement déposée par monsieur Thirion pour dénonciation calomnieuse". Une plainte qui avait été également classée, en mars 2021.