Cette bande dessinée, publiée par les renommées éditions Glénat, c'est l'histoire d'une jeune fille, Catherine, qui va découvrir les secrets de sa famille. C'est également l'histoire, vue de l'intérieur, des événements qui auraient pu mener à l'assassinat de Guy Orsoni, en juin 1983.
Début des années 80. Catherine, une jeune fille parisienne, de mère corse, passe ses vacances dans le sud de l’île.
Un soir d’orage, elle fait la connaissance d’un homme qui, surprise, s’avère être son demi-frère. Un demi-frère dont elle ignorait l’existence. Au fil du temps, Catherine apprend à mieux connaître son frère, Antoine, et tous les secrets que l’homme dissimule.
A la lecture du sujet on a de quoi être effrayés. Partagés entre la peur d’être enseveli sous les clichés, et la crainte de se retrouver face à une histoire digne des grandes sagas télé de l’été qui ont fait le bonheur des ménagères de moins de 50 ans dans les années 90, façon Le Château des Oliviers ou Terre Indigo…
Et pourtant non. La bande dessinée, très vite, bascule. En 1983, Antoine disparaît soudainement, à la suite d’un assassinat qui fait grand bruit dans l’île.
L’assassinat - circonstances, surnoms, conséquences -, ressemble trait pour trait à l’assassinat de Guy Orsoni. Antoine, trait pour trait à Jean-Marc Leccia, l’un des commanditaires supposés de l’assassinat… Et la façon dont Antoine, après avoir été arrêté et emprisonné, sera abattu dans sa cellule, ressemble à s’y méprendre à l’opération de représailles menée le 7 juin 1984 par trois militants du FLNC, à l’intérieur de la prison d’Ajaccio.
Le récit que fait Dodo de ces événements, à la faveur d’un équilibre parfait entre fiction et réalité, est impressionnant. Celle qui s’appelle, pour l’état civil, Dominique Nicoli, et dont les parents sont originaires de Corte et de Prunelli di Fiumorbu, connaît bien la Corse. Et plus encore cette histoire.
"Cette envie est née de souvenirs d'enfance, de choses qui se sont accumulées comme ça. J'étais en Corse quand Guy Orsoni a disparu et ça m'avais marqué donc j'ai suivi l'affaire. C'est une histoire que j'avais envie de raconter depuis longtemps."
Elle ne nous en dira pas plus, mais l’on comprend, entre les cases de sa BD, au gré d’un sourire ou d’un silence qui s’éternise, que cette Histoire Corse, c’est un peu la sienne aussi. Et que cette période sanglante, elle l’a vécue de plus près qu’elle ne veut le dire.
Pas par peur : "J'ai eu énormément d'inquiétudes, on m'a conseillé de ne pas en parler, mais je suis très têtue."
Par pudeur, peut-être. Mais également pour éviter que cet aspect de la BD prenne le pas sur l’œuvre elle-même, qu’elle a longtemps portée en elle. Et dont elle est fière. A raison.