Ce mercredi se tient l'hommage national à Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine vendredi dernier. Face à l'horreur et l'incompréhension, les témoignages affluent. En Corse, des enseignants témoignent.
Un choix emblématique. C'est dans la cour de la Sorbonne qu'Emmanuel Macron rendra hommage à Samuel Paty mercredi à 19h30.
"C'est un monument symbolique de l'esprit des Lumières et du rayonnement culturel, littéraire et éducatif de la France", précise l'Élysée.
Vendredi dernier, Samuel Paty, 47 ans, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a été décapité en pleine rue par un Russe tchétchène de 18 ans qui a revendiqué son crime.
Le professeur avait récemment montré des caricatures de Mahomet à ses élèves de quatrième dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression.
En Corse, cet assassinat a déclenché une vague d'indignation du corps enseignant, notamment. Quatre d'entre eux témoignent.
Je n'ai jamais traversé de tensions sur les questions de liberté d'expression, mais c'est au cœur des préoccupations et de notre métier.Nous avons lutté pour cette liberté et nous continuerons.
C'est exactement le sens du métier de professeur et en particulier de professeur de lettres. Notre mission est d'éveiller le sens critique, tous les textes que l'on étudie parlent de la liberté, du droit à l'expression.
Je pense que le lycée Laetitia est très protégé par rapport à certains environnements comme peut l'être l'environnement de Conflans-Sainte-Honorine. Je pense que ce n'est pas le même paysage et que les élèves ne sont pas les mêmes, mais il y a forcément des discussions.
L'école est faite de débats et ça fait un certain temps que l'on nous dit qu'elle est un sanctuaire. Ce serait bien qu'on se sente protégé et que l'on redise fortement que l'école, c'est la laïcité et la liberté.
C'est un acte révoltant. La communauté éducative est endeuillée, mais pas seulement parce que ça touche également les fondamentaux de la République, la liberté d'expression.Il y aura dorénavant un avant et un après cet acte.
À l'école, il y a toujours des thèmes qui ne sont pas évidents, comme les droits de l'Homme. Face à cette situation, on essaye de faire au mieux.
Nous ne pouvons pas faire comme si rien n'avait eu lieu.
Je suis professeur de mathématiques, donc nous n'avons pas à traiter de sujets délicats avec les élèves par rapport à leurs croyances.Ce qu'a fait notre pauvre collègue, c'était juste apporter du savoir.
Mais on se sent évidemment concerné, car on attaque le savoir, l'esprit critique.
Il a pris toutes les précautions pour cela et maintenant, il est ad patres, tué par un fou furieux.
Je suis extrêmement choqué que des parents d'élèves puissent porter plainte contre un collègue pour une image. C'est un dessin qui a valu la vie à un homme, père de famille, enseignant. C'est absolument scandaleux.C'est un dessin qui a valu la vie à un homme, père de famille, enseignant.
À mon sens, il ne faut pas baisser le dos et s'aplatir devant ces gens qui ne demandent que ça, ce sont des extrémistes. Il y a certainement des collègues qui vont s'autocensurer, mais ce ne sera pas mon cas.
"Ce sont bien ces valeurs que défendait Samuel dans son enseignement sur la liberté d'expression. A travers lui, c'est toute l'école républicaine qui est visée. Aujourd'hui, nous réaffirmons, plus fort que jamais, notre attachement à ces valeurs et notre détermination à les transmettre au quotidien dans l'intérêt des élèves".
Une minute de silence sera observée le 2 novembre pour le jour de la rentrée, dans les établissements scolaires en hommage à l'enseignant.